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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : le coup de frein de Bkerké ..

Les récentes déclarations du patriarche Sfeir, en route pour le Vatican, ont beaucoup freiné l’élan pris par la présidentielle en direction du général Emile Lahoud… Les jeux semblaient faits, puis brusquement les donnes changent. Les qualifications subsidiaires rajoutées par le prélat à ses premiers critères modifient le sens même de la course, en scratchant nombre de candidats virtuels. Et l’on s’aperçoit de plus, qu’après tout, le sphinx décideur n’a pas encore dit son mot… Cependant, beaucoup de loyalistes réagissent «avec étonnement», c’est-à-dire assez mal, à la prise de position perturbatrice de Bkerké. «Mgr Sfeir, dit un ministre, se contredit un peu. Ou plutôt se rétracte. Il nous avait, en effet, déjà livré le fond de sa pensée, il y a quelques semaines: pour être admissible à ses yeux, le nouveau chef de l’Etat ne devait pas être soumis à l’étranger ou aux fractions locales. Il ajoutait qu’il ne voulait pas se mêler du jeu des noms, qu’étant le père de tous il en serait strictement équidistant. Or, voici que, sans le dire tout en le disant, il use d’un droit de veto bien déterminé, bien dirigé. Et s’indigne qu’on ne l’ait pas consulté, alors même qu’il affirmait vouloir rester sur la touche. De plus, tout en écartant les uns, bonjour l’impartialité, il désigne assez clairement ses favoris: les politiciens de métier, issus d’une maison spécialisée et longuement ou largement expérimentés, pour la raison que ce savoir-là, pourtant si fluide en réalité, ne s’improvise pas…» Une raison de pure conjoncture Mais pour quel motif le cardinal, qui savait sans aucun doute à quoi il s’exposerait, s’est-il résolu à prêter le flanc à de telles critiques? «Il y a d’abord, estime un ministre, une raison de pure conjoncture. Les déclarations enthousiastes de M. Chaker Abou-Sleiman en faveur du général, au sortir de Bkerké, ont embarrassé le prélat qui avait dès lors l’air de soutenir cette candidature. Parallèlement, il y a eu une tentative, probablement maladroite, de persuasion. En effet, révèle ce ministre, l’un de nos collègues s’est rendu à Bkerké pour un long entretien avec le patriarche sur la présidentielle et sur les «nécessités» qu’elle implique. Il est vraisemblable que Mgr Sfeir, comme tout homme normalement constitué d’ailleurs, n’apprécie pas beaucoup qu’on tente de lui forcer la main. Cette démarche semble donc avoir produit un effet boomerang. Mais par-dessus tout, sans doute, estime toujours ce ministre, le patriarche Sfeir doit être mû par des considérations de fond. Et qui peuvent se résumer ainsi: – On ne peut pas s’amuser à titiller pour un oui pour un non cette loi fondamentale qu’est la Constitution. Tant qu’on y était, on aurait dû arranger l’article 49 en 1995, quand on l’a retouché pour la prorogation. On aurait pu alors en supprimer les alinéas deux et trois. D’autant qu’il n’y a pas de raison que le chef de l’Etat ne puisse pas se représenter. Et que la disposition concernant les hauts fonctionnaires avait été prise pour faire barrage à Michel Aoun en 89, mesure ponctuelle donc qui n’aurait jamais dû s’intégrer dans un texte aussi permanent que la Constitution. Il est en outre aberrant que, lorsque le chef de l’Etat propose des amendements valables, on pousse les hauts cris, sous prétexte justement qu’il ne faut pas triturer la Constitution, et qu’on entreprenne ensuite de le faire pour des éléments moins importants au niveau institutionnel. En tout cas, il est temps de comprendre qu’une Constitution ne se révise qu’au bout de plusieurs décennies, quand elle a vraiment pris un coup de vieux, et non tous les trois ans. Un écran de fumée – Sur le plan politique, poursuit ce ministre, le patriarche semble craindre que l’objectif des tactiques déployées actuellement ne soit de vider la présidence de la République du peu de contenu qui lui reste. Il relève que les circonstances, dont on doit certes tenir compte, ne doivent pas constituer un écran de fumée pour dissimuler l’affaiblissement d’une autorité essentielle au niveau national, puisqu’elle symbolise le peuple libanais autant que l’Etat. Partant de là, il faut choisir soigneusement le nouveau président qui ne doit être aliéné à personne et n’avoir pas de factures à régler ensuite pour son élection. Il doit être entièrement libre de ses mouvements, pour pouvoir assumer réellement son rôle d’arbitre des institutions et de garant. Dès lors, l’élection, nonobstant un facteur étranger qu’on ne peut nier, doit garder une empreinte, un cachet bien libanais, le chef de l’Etat ne pouvant être le féal d’une quelconque partie extérieure.» Un vœu pieux comme qui dirait… Ph. A-A.
Les récentes déclarations du patriarche Sfeir, en route pour le Vatican, ont beaucoup freiné l’élan pris par la présidentielle en direction du général Emile Lahoud… Les jeux semblaient faits, puis brusquement les donnes changent. Les qualifications subsidiaires rajoutées par le prélat à ses premiers critères modifient le sens même de la course, en scratchant nombre de...