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Actualités - INTERVIEWS

Mounir Abou Asli à l'Orient Le Jour : réduire les risques d'échec et d'abandon

Après trente années d’immobilisme pédagogique, un nouveau programme scolaire voit le jour. Mis au point par le Centre national de recherche et de développement pédagogiques (CNRDP), il sera officiellement lancé demain mardi, lors d’une cérémonie au palais de l’UNESCO. Renonçant à la rigidité qui avait inspiré les anciens textes, ses auteurs ont voulu axer leur travail sur l’élève citoyen et préconiser une méthode qui permet à l’enfant de mieux s’épanouir. Le directeur du centre Mounir Abou Asli expose à «L’Orient-Le Jour» les grandes lignes de cette nouvelle action. Les commissions chargées de mettre au point le nouveau programme ont cherché à établir la formule qui pourrait réduire au minimum les risques d’«échec et d’abandon scolaires», explique M. Abou Asli. C’est que le but de l’éducation au Liban, tel qu’il est défini par le CNRDP, est de former un citoyen conscient et actif. Désormais, ce n’est plus seulement l’élève qui compte, mais l’enfant et aussi l’épanouissement de sa personnalité. Celui-ci doit pouvoir acquérir, au terme de son éducation scolaire, une méthodologie de réflexion nécessaire pour la prise des décisions. Car à l’aube du XXIe siècle, celui de la globalisation et de la technologie, «les sources d’information sont multiples», souligne M. Abou Asli. «Les manuels scolaires et les enseignants ne peuvent pas, à eux seuls, fournir toutes les informations à l’élève qui doit lui-même savoir chercher celles-ci, les choisir et en faire la synthèse», ajoute-t-il. Révolutionnaire, le programme l’est dans sa conception. «Nous ne cherchons plus à enseigner des têtes de chapitres mais à atteindre des objectifs pédagogiques», affirme le directeur du CNRDP. Et d’ajouter: «Il faut que l’élève soit en contact permanent avec la vie active. Il faut qu’il voie des images de tous les jours et qu’il puisse associer la théorie à la vie pratique». Mais le plus important est qu’il puisse procéder une «auto-évaluation» des connaissances qu’il a acquises et qu’on note une évolution perceptible au niveau de ses compétences. Ce sont là, en effet, les caractéristiques du système retenu dans le nouveau programme. Le principe des notes n’est plus appliqué dans les deux premières années du cycle primaire — 10e et 11e — période où l’échec scolaire n’est plus sanctionné, le passage à la classe supérieure devenant automatique. Il y a recours à une évaluation de l’élève, c’est-à-dire à une analyse de ses points faibles, à un suivi du progrès qu’il a effectué tout au long de l’année scolaire et à une vérification des compétences acquises. Si les objectifs d’apprentissage ne sont pas atteints, des cours individuels ou collectifs seront assurés aux enfants qui éprouvent certaines difficultés. À partir de la 9e et jusqu’aux classes terminales, l’évaluation des compétences de l’élève dans chaque matière fera désormais partie intégrante de la note finale. Le système d’évaluation, obligatoire pour les écoles publiques, a été adopté par certaines écoles privées. Les nouvelles disciplines Le programme scolaire établi récemment prévoit de nouvelles disciplines. Celles-ci englobent la technologie, l’informatique, l’éducation artistique et des activités diverses, les cultures et civilisations ainsi que la gestion, la sociologie et l’économie. «L’informatique, obligatoire à partir de la classe de 5e, est appliquée à partir de cette année», précise M. Abou Asli. «Toutes les écoles publiques ne sont pas équipées en matière d’informatique, ajoute-t-il, mais cela va venir». «L’éducation artistique est obligatoire à partir de la 11e, l’économie, la sociologie et la gestion à partir de la 2de», explique-t-il. Et d’affirmer que «les examens officiels porteront aussi sur toutes ces nouvelles disciplines». Les manuels scolaires ont été à leur tour rénovés. Les livres des matières scientifiques, par exemple, incitent l’élève à découvrir les nouveaux phénomènes. Quant aux illustrations, elles sont prises des images de la vie quotidienne. Un changement radical s’opère aussi dans les manuels de littérature. On n’enseigne plus uniquement des auteurs classiques et les écrivains contemporains se taillent la part du lion. Les thèmes qui seront abordés touchent directement à la personne: l’amour, la femme et le voyage, sont au rendez-vous entre autres. Seul le manuel d’histoire demeurera fidèle à l’ancienne formule, car l’achèvement du nouveau manuel nécessite quelques mois encore. L’application de ce programme scolaire nécessite une formation préalable des enseignants. Pour cela, «16000 professeurs des écoles publiques et 9000 des écoles privées ont suivi des sessions de recyclage s’étalant sur sept jours», note M. Abou Asli. Mais ce stage n’est pas suffisant. «Il ne s’agissait là que d’un démarrage, déclare-t-il. Nous avons travaillé sur un seul document afin d’unifier la méthode à suivre dans chaque matière». La restructuration du système éducatif libanais est le premier jalon posé sur la voie d’une réforme longue et en perpétuel mouvement. Reste à savoir si elle répond vraiment à la réalité libanaise et si directeurs et enseignants vont pouvoir s’adapter assez rapidement avant que ce nouveau programme ne tombe dans l’oubli sous l’effet de l’usure quotidienne.
Après trente années d’immobilisme pédagogique, un nouveau programme scolaire voit le jour. Mis au point par le Centre national de recherche et de développement pédagogiques (CNRDP), il sera officiellement lancé demain mardi, lors d’une cérémonie au palais de l’UNESCO. Renonçant à la rigidité qui avait inspiré les anciens textes, ses auteurs ont voulu axer leur travail...