Au lendemain de la mort de 4 membres de l'ALS Jezzine s'interroge sur son sort

La ville de Jezzine était en grève, hier, au lendemain de la mort de quatre membres de l’Armée du Liban-Sud, tués dans l’explosion d’une charge télécommandée posée par le Hezbollah au passage de leur véhicule militaire, sur la route Jezzine-Toumat Niha. Les obsèques des quatre miliciens, des gardes du corps du nouveau responsable militaire de l’ALS à Jezzine, Joseph Karam, ont été célébrées hier en l’église Saint-Joseph, à Jezzine, tandis que la population de la ville s’interroge sur son sort. Le décès des quatre jeunes gens a porté un coup dur à la cohésion de la milice, a rapporté hier l’Agence nationale d’information (ANI-officielle). Une délégation conduite par M. Etienne Sacre (chef du parti des Gardiens du Cèdre condamné à mort par contumace pour collaboration avec Israël), qui s’était rendue à Marjeyoun pour présenter ses condoléances, après la mort de l’un des gardes du corps, Chafic Asfour, aurait même été chassée des lieux à coups de pierres par la sœur de la victime, qui a reproché à l’ALS d’avoir refusé, des mois durant, de délivrer une autorisation de sortie de la région à son frère. Réouverture des passages de Bater et Kfarfalous Le général Antoine Lahd et M. Sacre ne sont pas, non plus, dans les meilleurs termes, le second reprochant au premier une gestion peu transparente des fonds de l’ALS. Le chef de l’ALS a accordé, hier, à l’agence Reuter, un entretien qui trahit à sa manière le peu de coordination qui existe entre l’ALS et l’armée israélienne, au niveau du commandement. Fermés jeudi à la suite de l’attentat, les deux passages de Bater et de Kfarfalous, qui relient Jezzine respectivement au Chouf et à Saïda, ont été rouverts hier par l’ALS. Toutefois, le renforcement à terme du contrôle sur ces deux points de passage pourrait bien accélérer le mouvement d’exode de la population civile de Jezzine désireuse d’échapper au sort réservé aux autres zones de la bande frontalière occupée. Le nouveau responsable militaire de l’ALS à Jezzine avait annoncé, voici quelques jours, qu’à partir de début octobre, les habitants ne pourront quitter la région que munis d’un permis spécial délivré par l’ALS. Sfeir préoccupé par la situation à Jezzine Le patriarche maronite a exprimé, devant les personnalités qu’il a rencontrées hier, son inquiétude suite à la nouvelle détérioration de la situation dans la région de Jezzine. Mgr Sfeir a reçu hier l’ancien député et ministre M. Edmond Rizk qui lui a notamment demandé de se rendre en visite pastorale dans cette région «qui continue à assumer le poids d’une guerre qu’elle n’a jamais voulue». «J’ai décrit en détail la situation à Mgr Sfeir, a dit M. Rizk, et je l’ai invité à faire une visite pastorale dans cette région car il reste pour nous non seulement une référence spirituelle mais aussi une référence nationale». Il a ajouté: «Il faut dire que le pire que nous avons craint toutes ces années est finalement arrivé et Jezzine a perdu cette spécificité que nous avions toujours essayé de lui garder en la maintenant en dehors de ce qu’il est convenu d’appeler la zone de sécurité ou bande frontalière». Il fait assumer la responsabilité de cet état de fait à l’Etat libanais qui est resté sourd à toutes les mises en garde qui lui ont été faites. M. Rizk souligne que, malgré toutes les déceptions et les difficultés qui rendent la vie dans la région de Jezzine presque invivable, les habitants là-bas restent attachés à l’Etat libanais qu’ils ont toujours considéré comme leur seul et dernier recours. «Nous sommes prêts, et sans être mandatés officiellement, à entamer les contacts qu’il faut pour essayer d’obtenir le retrait de l’ALS de Jezzine et à ce moment rien ne pourra empêcher les forces légales de jouer dans la région le rôle qui leur revient de droit». Mais M. Rizk n’oublie pas de soulever le cas des miliciens de l’ALS qui, d’après lui, doivent être jugés par les tribunaux libanais à l’instar de tous les autres Libanais qui ont été en infraction durant cette guerre à l’origine de la déliquescence de l’Etat. Le chargé d’affaires U.S. reçoit Kanaan Par ailleurs, M. Sleiman Kanaan, député de Jezzine, a été reçu hier par le chargé d’affaires américain, M. Greg Berri. «J’ai fait un exposé détaillé de la situation dramatique qui prévaut à Jezzine à M. Berri et je lui ai demandé de déployer les efforts nécessaires afin de mettre un terme à cet état de dégradation, ce qu’il m’a promis de faire», a dit M. Kanaan qui a ajouté: «M. Berri nous a affirmé que la région de Jezzine, et plus généralement le Sud, restent au centre des préoccupations de la diplomatie américaine qui suit la situation de très près».