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Actualités - CHRONOLOGIE

Législatives allemandes : la campagne de Kohl plombée par l'usure du pouvoir

«Vous n’êtes pas apte à préparer le futur», «Merci Helmut, mais ça suffit»: à la tribune du Bundestag, début septembre, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Gerhard Schroeder, ne s’est pas privé de dépeindre le chancelier Helmut Kohl en homme du passé. Le SPD joue sur du velours. Helmut Kohl occupe la chancellerie depuis seize ans. Il préside son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) depuis un quart de siècle. Avec 16 années de règne, il a battu le record de longévité politique de l’après-guerre établi par son mentor Konrad Adenauer (14 ans). Il est le doyen de tous les sommets européens. Bref, à 68 ans, le chancelier subit l’usure du pouvoir. Les indices de popularité ne laissent planer aucun doute. Début septembre, 60% des Allemands plébiscitaient Wolfgang Schaeuble, 55 ans, qu’Helmut Kohl a choisi pour successeur. Gerhard Schroeder, 54 ans, suivait immédiatement avec 57%. Le chancelier arrivait loin derrière avec 36%. Le handicap est énorme et la CDU tente de le retourner à son avantage. Ses arguments, martelés à longueur de spots publicitaires et de discours, tiennent en trois mots: «Continuité, stabilité et expérience». Les affiches proclament: «La sécurité plutôt que le risque» et saluent «la classe mondiale» du chancelier. Le compagnon des «Grands» Lui-même ne manque pas une occasion de rappeler — comme au Bundestag dans son unique joute oratoire avec Gerhard Schroeder — ses liens personnels avec les «Grands» — ou les anciens Grands — de ce monde, George Bush, François Mitterrand, Boris Eltsine ou Bill Clinton, avec lesquels il est, ou il était, à tu et à toi. Au siège de la CDU à Bonn, on souligne qu’Helmut Kohl est «écouté» de ses pairs et peut ainsi faire valoir les intérêts de l’Allemagne mieux que quiconque dans les instances internationales. De son côté, le SPD exploite systématiquement le filon. Dans un spot du parti diffusé au cinéma, quatre hommes vêtus à la Star Trek se font «téléporter». L’opération réussit pour trois d’entre eux, mais le quatrième reste cloué sur place. Lorsqu’il enlève son casque apparaît le visage renfrogné du chancelier. Une voix off lance: «Tout le monde n’est pas fait pour l’avenir». Parmi les gadgets électoraux du SPD vendus cet été à ses sympathisants, un drap de bain proclame: «Après deux heures au soleil, il faut changer de côté. Après 16 ans de Kohl aussi». Il est temps de tourner la page, proclame le SPD. Mais, l’idée fait aussi florès dans l’équipage même du chancelier, qui sent le vent de la défaite souffler sur sa campagne et ne veut pas sombrer avec le capitaine. Wolfgang Gerhardt, président du Parti libéral (FDP, membre de la coalition gouvernementale), n’a de cesse de l’appeler à quitter le pouvoir avant le terme de son cinquième mandat, s’il était réélu, et à remettre les clefs de la chancellerie à son dauphin Wolfgang Schaeuble. Celui-ci distille les petites phrases ambiguës. Fin août, l’un de ses proches a même déclenché une véritable tempête politique en déclarant qu’Helmut Kohl «se présentait» certes pour quatre ans mais qu’il pourrait ne pas aller au bout de son mandat. Pour clarifier la situation, le chancelier a dû monter au créneau, à plusieurs reprises, réaffirmant: «Je me présente pour quatre ans. Point final». (AFP)
«Vous n’êtes pas apte à préparer le futur», «Merci Helmut, mais ça suffit»: à la tribune du Bundestag, début septembre, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Gerhard Schroeder, ne s’est pas privé de dépeindre le chancelier Helmut Kohl en homme du passé. Le SPD joue sur du velours. Helmut Kohl occupe la chancellerie depuis seize ans. Il préside son parti,...