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Actualités - ANALYSE

Présidentielle Priorité pour le prochain régime : un cabinet cohérent

Le prochain président, intronisé sous le label du changement, pourra-t-il vraiment opérer la réforme en profondeur qu’espèrent les Libanais? Par quoi et comment devra-t-il commencer? Il faut tenter de trouver des points de repère dans les antécédents. Un ancien ministre qui eut son heure de gloire et d’influence sous le chehabisme-sarkissisme rappelle qu’à l’avènement de René Moawad, le médiateur arabe Lakhdar Brahimi, avait vivement recommandé qu’on mît au plus vite sur pied un gouvernement. La situation restant critique, on ne pouvait laisser les choses à l’abandon, soulignait-il. Mais il s’était fait aussitôt taper sur les doigts par Walid Joumblatt. Le jeune leader progressiste avait en effet déclaré tout de go que la formation du Cabinet était une affaire interne qui ne concernait strictement que les Libanais. Ajoutant qu’en outre, on ne pouvait la soumettre question timing à un quelconque forcing. On a donc mis deux bonnes semaines avant de soumettre une combinaison de bric et de broc au chef de l’Etat. Qui, n’y trouvant pas les noms que l’opinion et lui-même attendaient, a refusé d’y souscrire. Quelques jours plus tard il était assassiné. Toute cette histoire, indique encore l’ancien ministre, pour souligner l’importance capitale de la formation d’un gouvernement dans ce pays composite. À son avis, c’est à la composition du premier Cabinet du prochain régime que l’on jugera de l’authenticité de ses intentions concernant la réforme projetée. Il faudra offrir au pays des ministres compétents, intègres, transparents, expérimentés, notamment dans les domaines essentiels de l’économie, des finances et du social. Ils devront constituer une équipe de travail bien soudée, échappant à toute sorte de clivage, politique ou autre. Par voie de conséquence, la sélection évitera les déplorables règles de partage qui ont jusqu’à présent marqué l’actuelle république dite de Taëf. Le choix ne devra prendre en compte ni les allégeances partisanes ou extérieures ni les considérations d’intérêts sectaires ou particuliers. Aucun élément improductif, incompétent ou suspect de corruption ne devrait être retenu. Ce qui suppose qu’on en finirait avec l’antienne des «inamovibles»… Est-ce possible? Difficile à croire a priori, car les mauvaises habitudes sont les plus difficiles à effacer. Questions pratiques Toujours est-il que M. Rafic Hariri semble pour sa part déterminé à refuser les parachutages au sein du Cabinet qu’il serait appelé à former. Il soutient qu’il lui faut une équipe conforme à ses vues globales sur l’étape à venir et en fait apparemment une condition sine qua non de son maintien au pouvoir. Effectuant le bilan de son expérience gouvernementale depuis 1992, il répète qu’il n’est pas possible de continuer de la sorte. Reconnaissant sa propre responsabilité dans les fautes commises, il reprend à son compte le vieil adage romain errare humanum est, perseverare diabolicum. Il ne veut donc pas persévérer dans la même voie. Mais est-ce que cela dépend de lui, ou plus exactement, de lui seul? Il pourra sans doute compter sur le parrainage du prochain locataire de Baabda. Mais les autres pôles d’influence, locaux et autres, pourraient bien lui mettre des bâtons dans les roues. Tout comme en 1993, quand sa tentative d’épurer l’Administration avait débouché sur un fiasco total. Or si on ne change pas les mentalités ou plutôt les mœurs politiques, on ne pourra rien réformer du tout. Il faudra gommer le système de la troïka et le clientélisme effréné aussi bien que les magouilles de fonctionnaires pourris, ou même de services publics souvent parallèles, comme certains «conseils» ou «caisses» complètement gangrenés. Pour un vrai travail, il faudra de toute évidence un Cabinet assez compact, qui ne soit pas pléthorique mais d’une vingtaine d’éléments. Là commencent les questions d’ordre pratique: devra-t-on faire appel à des figures de proue représentant les principaux courants politiques du pays, pour assurer la crédibilité de l’Exécutif? Voudra-t-on se contenter de personnalités représentant les leaders et plus à même de se consacrer corps et âme à leur tâche ministérielle? Faudra-t-il un Cabinet parlementaire, panaché ou uniquement de spécialistes pris en dehors de la Chambre? Toutes ces interrogations, qui circulent avant même que la question de la présidentielle ne soit tranchée, montrent en fait qu’il sera difficile pour le président Rafic Hariri d’imposer un gouvernement à sa seule convenance.
Le prochain président, intronisé sous le label du changement, pourra-t-il vraiment opérer la réforme en profondeur qu’espèrent les Libanais? Par quoi et comment devra-t-il commencer? Il faut tenter de trouver des points de repère dans les antécédents. Un ancien ministre qui eut son heure de gloire et d’influence sous le chehabisme-sarkissisme rappelle qu’à l’avènement...