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Actualités - ANALYSE

Jezzine Un sort incertain pour une région exsangue

De Paris, Raymond Eddé, dont on connaît les luttes, centre aujourd’hui ses préoccupations sudistes sur Jezzine. Et dit qu’à cause des mesures strangulatoires appliquées ces derniers jours, il en craint le rattachement au statut d’occupation frappant la bordure frontalière. Le leader du Bloc national se mobilise donc pour cette cause. Il multiplie les contacts avec les pôles de la région. Et il a ainsi confié à Me Claude Azoury que selon des indications qui lui ont été communiquées, Israël se propose de faire de Jezzine un deuxième Marjeyoun. Partant de là, le Amid invite les notabilités de cette région à réagir pour tenter d’échapper à l’étranglement israélien. Parallèlement, l’ancien ministre en exil (volontaire) a adressé une dépêche au patriarche Sfeir, l’invitant à soulever la question de Jezzine auprès du pape lors de sa prochaine visite à Rome où il doit se rendre pour des réunions ecclésiales. Le saint-père, estime M. Eddé, devrait intervenir en faveur de Jezzine en usant de son influence mondiale. Et il devrait y dépêcher un nouveau représentant permanent, le regretté père Buhigas n’ayant toujours pas été remplacé. Une présence qui sert un peu de bouclier, développe une assistance sociale déterminée et réconforte surtout beaucoup les Jezziniotes qui ont de la sorte l’impression de n’être pas oubliés de tous. Pour M. Eddé, comme pour les 7,1% de la population (il ne reste que 5 000 âmes sur 70.000), qui s’y accrochent encore et ne se sont pas résignés à l’exode, le Vatican peut agir efficacement pour prévenir une potentielle colonisation sioniste de cette région évidée. Les Jezziniotes, outre les épreuves souvent sanglantes qui leur sont infligées, doivent supporter l’incompréhension de multiples responsables ou pôles d’influence de l’Ouest. Ces derniers tiennent en effet un discours qui peut se résumer dans une sorte de « tant pis pour vous», comme si les habitants de cette région avaient choisi Lahd. Donc les Jezziniotes constatent qu’on leur fait payer le prix deux fois, du côté de l’occupant d’abord, du côté de l’intérieur ensuite. Pris entre deux feux, ces civils paisibles sont les principales victimes du duel aveugle, à coups de mines antipersonnel, de voitures piégées, de bombardements et de mitraillades, entre les résistants et la milice à la solde d’Israël. Pour dire les choses brutalement, si l’occupant songe à installer un jour ses colons dans la zone, certaines parties rêvent qu’après la libération, on pourrait plus facilement qu’ailleurs y implanter des Palestiniens. Ou encore d’autres fractions d’obédience socio-culturelle différente… De part et d’autre, il y aurait donc une conspiration. Soupçon confirmé dans l’esprit des Jezziniotes par le fait qu’on refuse d’accepter leur proposition de déclarer Jezzine zone neutre, alors que sa population n’est ni hezbollahie ni lahdiste. Les Jezziniotes pourraient pourtant alors obtenir que l’ALS se retire de chez eux pour que l’armée libanaise, et elle seule, s’y déploie et que la République les reprenne totalement sous son aile. Ils s’indignent qu’on rejette un tel plan sous prétexte que l’Etat libanais ne veut pas prendre le risque de faire cohabiter ses forces avec l’occupant, alors qu’il continue en réalité à disposer à Jezzine de structures officielles, sécuritaires même, puisque des unités de gendarmerie y sont cantonnées. Toujours est-il que la situation ne cesse d’empirer. Il n’y a plus assez de gens pour produire et, d’ailleurs, ils peuvent difficilement se déplacer, soit par crainte des bombes ou des accrochages, soit parce que les voies de passage sont pratiquement fermées. Et comme l’ALS est en pleine déprime, que les désertions s’y multiplient à un rythme effréné, les Israéliens pourraient bien être tentés de la remplacer ou de la soutenir en envoyant leurs propres contingents rétablir une occupation complète. La population résiste vaillamment, il faut le dire: elle a protesté haut et clair contre les verrous apposés dernièrement à ses frontières; et elle a refusé de se plier à la conscription obligatoire que Lahd voulait lui imposer. Toujours est-il que le fin mot de l’histoire est rapporté par un diplomate occidental: à son avis, la situation à Jezzine est un vrai cadeau pour Israël puisqu’on trouve là des Libanais qui s’entretuent sans que ne tombent des soldats israéliens. Il en conclut donc qu’il est peu probable qu’Israël réoccupe directement l’enclave…
De Paris, Raymond Eddé, dont on connaît les luttes, centre aujourd’hui ses préoccupations sudistes sur Jezzine. Et dit qu’à cause des mesures strangulatoires appliquées ces derniers jours, il en craint le rattachement au statut d’occupation frappant la bordure frontalière. Le leader du Bloc national se mobilise donc pour cette cause. Il multiplie les contacts avec les...