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Actualités - REPORTAGE

Presse catholique - XVIIIe congrès à Paris L'écrit comporte une irremplaçable valeur ajoutée

Une voix annonce dans le micro: Tanios Karam, du Mexique, est invité à venir recevoir son prix. Nous sursautons. Tanios Karam? Un nom à consonance libanaise. Un jeune homme d’une trentaine d’années, le teint clair, portant lunettes, monte sur l’estrade. C’est un article sur la répression d’un mouvement insurrectionnel rural dans le sud-est mexicain, en 1997, qui lui vaut son prix. Nous apprendrons quelques moments plus tard, en le félicitant, que le grand-père de Tanios Karam a émigré, du Liban au Mexique en 1929, et que lui-même partage son temps entre l’enseignement universitaire et le journalisme. Bien que la cuisine libanaise n’ait aucun secret pour lui, Tanios Chucri Karam ne parle que quelques mots d’arabe: ceux des comptines qu’il a appris sur les genoux de son grand-père. La colonie libanaise au Mexique, nous précise-t-il, et importante. «Surtout dans les milieux d’affaires!», précise-t-il sans arrière-pensée. Cette seconde journée du XVIIIe congrès mondial de l’Union catholique internationale de la presse, aura été consacrée, dans sa première partie, à la remise de 19 prix honorant des journalistes catholiques (13 prix nationaux, 3 autres continentaux et trois autres internationaux). Dans l’après-midi, les différentes fédérations composant l’union ont renouvelé leurs conseils et bureaux. Une région Moyen-Orient émerge enfin, et commence à réfléchir sur son avenir. Composée, pour le moment, de représentants du Liban, de Syrie, d’Irak et d’Egypte, la région est appelée à s’élargir, et ses membres à augmenter . Les exigences professionnelles et spirituelles Il n’est pas un seul aspect de la vie de la presse écrite qui, d’une façon ou d’une autre, n’ait pas été soulevé par le congrès. «Liberté, réflexion, mémoire, sens: recenser les atouts et difficultés de la presse écrite, relever ses défis, insister sur ses rôles et responsabilités propres, dans un monde de plus en plus dominé par l’écran, la vitesse et le flux des messages». C’est, selon les organisateurs du congrès, «une manière d’affronter une véritable mutation culturelle de notre société». L’originalité du congrès étant de montrer que «les exigences professionnelles et les exigences spirituelles ne s’opposent pas mais se renforcent mutuellement». Adaptation des conditions de fabrication de la presse, modernisation de ses modes de distribution, conquêtes et fidélisation des lecteurs, voici les trois principaux axes de réflexion proposés aux congressistes. Mais, si les deux premiers aspects concernent plus les propriétaires de journaux et leurs gestionnaires, le troisième touche plus à la profession, encore que les «clients annonceurs» soient différents des «clients lecteurs». De ce point de vue, les signes d’espoir ne manquent pas. Encore revient-il aux journalistes de convertir le capital de confiance dont ils jouissent en habitude de lecture et en comportement d’achat. «Cela suppose, souligne Mme Catherine Trautmann, ministre français de la Culture, un soin permanent apporté à la qualité des informations diffusées, au sérieux de leur traitement et, pour oser le mot, aux pratiques déontologiques des rédactions». «Pour sa capacité à traiter en profondeur l’actualité politique et générale, à conjuguer exposés factuels et articles d’analyses, enquêtes et points de vue d’expert, la presse d’information générale paraît bien armée pour répondre à la quête de sens ressentie par nos contemporains», dira encore Mme Trautmann pour laquelle «l’irremplaçable valeur ajoutée des rédactions de presse écrite» aura toujours sa place, demain, «parce que le fond prime la forme». Internet remis à sa place Et Internet? Internet, dans toute cette réflexion, est remis à sa place. Pour cause de complémentarité, et parce que, sur le «web», éthique et production de sens n’ont toujours pas leur place. Irremplaçable, Internet demeurera ce qu’il est: un outil, au maniement duquel les journalistes d’aujourd’hui — et surtout de demain — devront être formés. La journée devait être clôturée par une réception au prestigieux Hôtel de ville.
Une voix annonce dans le micro: Tanios Karam, du Mexique, est invité à venir recevoir son prix. Nous sursautons. Tanios Karam? Un nom à consonance libanaise. Un jeune homme d’une trentaine d’années, le teint clair, portant lunettes, monte sur l’estrade. C’est un article sur la répression d’un mouvement insurrectionnel rural dans le sud-est mexicain, en 1997, qui lui vaut...