Deux cent mille personnes ont bénéficié l'an dernier de l'assistance qu'il prodigue L'Ordre souverain de Malte a implanté au Liban dix centres médico-sociaux

Fondé avant la première croisade, l’Ordre souverain de Malte est présent au Liban depuis les années trente. Représenté à Beyrouth par le prince Edouard de Lobkowicz, l’Ordre a intensifié ses activités durant la guerre en implantant divers centres médico-sociaux dans toutes les régions du pays. Au cours d’une interview accordée à «L’Orient-Le Jour», M. Gérard Orizet, ministre conseiller de l’Ordre au Liban, a donné un bref aperçu sur l’histoire et l’activité de l’Ordre au Liban. L’Ordre souverain de Malte a été fondé, il y a un millier d’années, «avant la première croisade de 1099», précise M. Orizet. Connu au début sous le nom de l’Ordre de Saint-Jean et créé par le frère Gérard de Martigue (originaire d’une localité à proximité de Marseille), l’Ordre a pour mission de prendre en charge les pèlerins chrétiens qui vont à Jérusalem. Avec la première croisade, l’Ordre s’organise et poursuit sa mission en Orient jusqu’en 1291 (année de la chute d’Acre). Les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean s’installent plus tard à Rhodes, où ils restent (jusqu’à 1522). Quand l’île est prise par Soliman le magnifique, les chevaliers de l’Ordre «se défendent vaillamment ; les Ottomans leur rendent les honneurs de la guerre et leur permettent de quitter l’île avec leurs armes», note le ministre conseiller. Après Rhodes, les chevaliers s’établissent à Malte jusqu’en 1798, année durant laquelle Bonaparte part pour la conquête de l’Egypte. Il occupe l’île méditerranéenne et les chevaliers sont contraints d’aller à Rome, où le pape leur octroie un territoire propre ayant les caractéristiques d’un Etat souverain. Et M. Orizet de souligner que «c’est pour cette raison que l’ordre est nommé: l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, dit de Malte». «Actuellement, plus de quatre-vingts Etats reconnaissent la souveraineté de l’Ordre de Malte», dit-il. L’Ordre bénéficie de son propre gouvernement Le ministre conseiller indique que «l’Ordre bénéficie de son propre gouvernement ayant à sa tête un «Grand Maître» des princes souverains» (élu). Actuellement, c’est le prince Andrew Bertie qui est titulaire de cette fonction. Et M. Orizet de préciser que «dans la pratique tous les grands maîtres appartiennent à l’aristocratie». Il ajoute que «le Grand Maître est assisté par le Grand Commandeur (premier ministre), le receveur du commun Trésor (ministre des Finances), le Grand Chancelier (ministre des Affaires étrangères et ministre de l’Intérieur) et l’Hospitalier (ministre de la Santé)». «La tâche de ce dernier est très importante, car l’activité de l’Ordre de Malte est essentiellement humanitaire, notamment en octroyant de l’aide aux nécessiteux et aux malades», note-t-il. Au Liban et à l’étranger Le ministre conseiller précise que «l’Ordre est présent dans plusieurs pays, stables ou en guerre, du Nord ou du Sud». Évoquant les activités dans les pays stables, M. Orizet cite en exemple la France, où «il existe par exemple un centre de recherche sur la lèpre ainsi qu’un organisme pour le traitement des lépreux à l’hôpital Saint-Louis à Paris». «Ces malades viennent généralement des pays africains», poursuit-il. D’autres centres spécialisés sont implantés dans l’Hexagone, par exemple des centres qui prennent en charge les handicapés physiques et mentaux. «C’est aussi à partir de la France, ou d’autres pays du Nord, qu’on apporte de l’aide aux pays en voie de développement (envoi de fonds, de médicaments, de personnes spécialisées...)», note-t-il. En Afrique et en Amérique du Sud, l’aide de l’Ordre souverain de Malte est octroyée par le biais de dispensaires, de centres d’éducation et de détente pour les jeunes. «L’ordre intervient également dans les hôpitaux», note M. Orizet. Implanté au Liban depuis les années trente, l’Ordre ouvre son premier centre médico-hospitalier en 1956 à Zouk. Notant que «le Liban a connu quinze ans de guerre», le ministre conseiller précise que «le prince Edouard de Lobkowicz et son épouse la princesse de Bourbon Lobkowicz se sont entièrement donnés à la cause de ce pays». «Depuis 1980, ils ont mis en place dix centres médico-sociaux», ajoute-t-il. «Ces dix centres sont ouverts à tous les besoins des catégories défavorisées de la population», dit-il. «L’année dernière, les organismes de l’Ordre de Malte ont reçu deux cent mille patients», souligne-t-il. M. Orizet déclare que «les patients bénéficient de possibilités de consultations médicales gratuites, d’examens de laboratoires et de radiographie, de soins dentaires et de médicaments». Et de noter que «l’Ordre de Malte, qui tient à ce que les personnes bénéficiaires de son aide ne deviennent des assistées, exige le paiement d’une petite somme financière». C’est une manière également de couvrir une partie des besoins financiers des centres médico-sociaux. Une autre partie est couverte essentiellement par des fonds recueillis à l’étranger (notamment en France par le biais de l’association installée Malte–Liban) ainsi que par des contributions locales, celles par exemple des chevaliers libanais de l’Ordre de Malte. En plus de ses dix centres médico-sociaux établis au Liban, l’Ordre dispense plusieurs services d’aide à l’éducation et à la formation. Il sensibilise également les donateurs étrangers aux problèmes majeurs du Liban. Voici les divers centres de l’Ordre souverain de Malte, dont l’activité couvre toutes les régions libanaises. l Le centre médico-social Saint-Jean Baptiste à Aïn el-Remmaneh Chiah. l Le centre médico-social de Kefraya (Békaa-Ouest). l Le centre médico-social de Khaldieh (inauguré en 1997 au Liban-Nord). l Le centre médico-social de Kobayat ( Akkar). l Le centre médico-social de Roum (Jezzine). l Le centre médico-social de Siddikine (Liban-Sud). l Le centre médico-social de Yaroun (Liban-Sud). l Le centre médico-social de Zouk Mikayel. l L’unité médicale mobile de l’Ordre de Malte. C’est un véhicule équipé qui dessert les villages de retour de déplacés où le service sanitaire et médical n’est pas encore au point. l Le centre de traitement thérapeutique Robert de Lobkowicz pour enfants infirmes moteurs cérébraux à Bhannes. C’est le premier du genre au Liban. Il a été inauguré en 1991 et agrandi en 1994.