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Actualités - ANALYSE

Premiers effets pratiques de la présidentielle Hariri se résout à cloisonner ses activités ..

Après un mea culpa nuancé, qui se présente comme une dénonciation du système et s’accompagne d’une violente diatribe contre «la mentalité milicienne héritée de la guerre» de son bon ami Berry, le président Rafic Hariri entreprend de préparer le changement par des mesures pratiques. Et se décide enfin à établir une cloison entre ses petites affaires privées et la chose publique… Il ne veut pas en effet avoir le désagrément de se voir exiger ce nécessaire réajustement logistique par le prochain régime qui, du moins à ses débuts, pourrait ne pas se montrer aussi indifférent que l’actuel à l’amalgame. M. Hariri a donc prié tous ses conseillers, y compris dans le domaine informationnel, de se trouver des bureaux ailleurs que dans les bâtiments publics qu’ils squattaient allègrement jusque-là. C’est une décision qui équivaut par certains côtés à un vrai sacrifice. Tout particulièrement en ce qui concerne ce «bureau d’information» qui épaule le premier ministre dans toutes ses petites guerres, prend et rend les coups à sa place. La proximité des cadres formant cette cellule, souvent consultés sur les différents sujets d’actualité, était à tous points utile à M. Hariri et il se résigne donc à se passer de cette commodité, au risque de s’en trouver un peu fragilisé sur le plan argumentaire. Car, on ne doit pas l’oublier, M. Hariri n’est ni un politique ni un communicant de métier, et livré à lui-même, il lui arrive parfois de tenir des propos qu’il lui faut ensuite justifier ou même retirer. Comme lorsqu’il a cru bon d’annoncer, au printemps dernier, que l’ère Hraoui, c’était fini et bien fini… Mais, c’est évident, si M. Hariri adopte une telle mesure, c’est pour pouvoir exiger la réciproque des différents pôles du pouvoir. Les deux autres président bien sûr, mais surtout les ministres qui emploient chacun toute une cargaison de conseillers, aux frais de la princesse roturière, entendre de la République. Et du contribuable. Mais comment M. Hariri, en se coupant de ce bras droit qu’est son «bureau d’information», va-t-il s’arranger? «C’est simple, répond un haririen, désormais cela va être Sabeh qui, en tant que ministre de l’Information, va répondre à toutes les questions ayant trait aux actes de gouvernement, aux affaires publiques. La cellule propre à M. Hariri ne traitera plus que des questions qui le concernent de façon particulière ou lorsqu’il est personnellement pris à partie par des détracteurs». Il y a loin de la coupe aux lèvres, et ce n’est pas en établissant une portière, qui du reste peut être coulissante, entre son portefeuille de pochette et ses portefeuilles ministériels, que M. Hariri aura épuré la République. «C’est vrai, enchaîne le lieutenant cité, aussi, à l’avènement du nouveau régime et en s’inspirant un peu de l’exemple américain, le président du Conseil va demander sa démission à tout fonctionnaire de première catégorie connu pour relever de lui. Pour qu’on cesse de parler de clientélisme en ce qui le concerne. Si les intéressés sont reconnus par les différentes instances concernées comme compétents et intègres, ils seront alors reconfirmés dans leurs fonctions de manière à ce qu’on ne puisse plus dire qu’ils doivent leur charge à qui que ce soit. Et, sinon, leur démission sera acceptée et ils devront retourner dans le privé». Cette source affirme ensuite que «M. Hariri est résolu à ne pas répéter les mêmes erreurs. Il veut, sous le prochain régime, engager une vraie réforme de l’Administration, éradiquer la corruption, renforcer les organismes de contrôle, sanctionner les coupables, récompenser les valeureux, installer «The right man in the right place» loin de toute considération confessionnelle ou partisane…». L’enfer est dit-on pavé de bonnes intentions. Autre dicton: une main ne peut pas applaudir toute seule. Il faudra donc attendre pour voir si le nouveau régime va pouvoir s’engager sur la voie de la réforme étatique. Et il y a fort à parier qu’il rencontrera là de très fortes résistances. Qui prendront sans doute corps lors du premier test décisif de l’année 99: le pourvoi aux nombreux postes-clés vacants dans l’Administration. On verra alors si la sacrosainte règle taëfiste du partage sera enfin abandonnée. Et si là aussi M. Hariri voudra faire des sacrifices…
Après un mea culpa nuancé, qui se présente comme une dénonciation du système et s’accompagne d’une violente diatribe contre «la mentalité milicienne héritée de la guerre» de son bon ami Berry, le président Rafic Hariri entreprend de préparer le changement par des mesures pratiques. Et se décide enfin à établir une cloison entre ses petites affaires privées et la...