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Actualités - CHRONOLOGIE

Inquiètes de la vacance au sommet du pouvoir central Les autorités régionales décrètent l'état d'urgence économique

Les régions russes, inquiètes de la vacance du gouvernement central, ont pris en main la gestion de la crise et la protection des intérêts de la population, instaurant des mesures qui outrepassent parfois leur sphère de compétence. De l’ouest à l’est du pays, décrétant l’«état d’urgence économique», contrôlant les prix (officiellement libres dans l’économie de marché russe), ou subventionnant de petites productions régionales, les barons régionaux parent au vide gouvernemental et pilotent la vie des 148 millions de Russes. A Kaliningrad (enclave russe au bord de la Baltique), les autorités ont déclaré mardi une «situation d’urgence» économique, et se refusent désormais à verser leurs impôts au budget fédéral, a annoncé un porte-parole de l’administration. La «situation d’urgence» est décrétée en raison de l’aggravation de la crise socio-économique et de la chute du niveau de vie de la population. «Le gouvernement local assume l’entière responsabilité des décisions politiques et économiques prises», a déclaré le gouverneur Léonid Gorbenko. Dans la région, les prix ont grimpé de 200% la semaine dernière. Il s’agit donc, en assurant un gel des prix sur certains produits, d’éviter toute inflation et d’assurer des «réserves suffisantes pour les écoles, les hôpitaux et les centres pour l’enfance». Les impôts ne seront plus versés à Moscou, car les caisses régionales n’ont «reçu que 30% des sommes dues par le gouvernement fédéral alors que jusqu’à présent nous avons versé 100% de nos impôts», a précisé un porte-parole de l’administration. La Bouriatie (Sibérie), déja frappée cet été par d’importantes inondations, a de même décrété un «état d’urgence» économique. Ces décisions régionales ont fait réagir le Kremlin qui voit ses prérogatives rognées. «L’introduction d’une situation d’urgence dans des territoires de la Russie est de la prérogative unique du président» de la Fédération russe, a déclaré Igor Chabdourassoulov, chef de l’administration gouvernementale. Mais les barons des 89 régions russes n’entendent pas céder à un pouvoir inexistant, alors qu’ils doivent chaque jour faire face en direct, devant leurs électeurs, à la misère, l’inflation, la chute du rouble. «La situation se stabilisera seulement quand le pays aura un gouvernement légitime. Actuellement aucun de ceux qui se trouvent dans les bureaux du gouvernement ne veut assumer les responsabilités», a expliqué le chef du gouvernement régional d’Arkhangelsk, Nikolaï Malakov, cité par l’agence ITAR-TASS. A Arkhangelsk (grand Nord), les autorités ont préféré soutenir la production locale, plutôt que d’administrer les prix. Une pêcherie locale a été remise en marche, la région a aidé au lancement d’une usine de production de pâtes... «En régulant les prix, je frôle la violation de la loi, mais je considère ces actions justifiées», a assuré de son côté le général Alexandre Lebed, gouverneur de la vaste région de Krasnoïarsk (Sibérie). «La situation d’urgence force à prendre des mesures d’urgence. Je suis déterminé à éviter la famine dans la région. Les entrepreneurs, et les directeurs des industries de transformation et d’alimentation doivent comprendre que j’agis dans leur intérêt: il faut éviter que des foules de personnes affamées et en colère sortent dans les rues et pillent tout», commente fermement le général nationaliste, candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle. «J’éviterai par tous les moyens l’anarchie dans la région», ajoute-t-il. A Omsk (Sibérie), Belgorod (sud-ouest de Moscou), Iaroslav (nord-est de la capitale), en Tchouvachie (centre), des sanctions sont prévues contre ceux qui appliqueraient des hausses de prix «exagérées», les contrôles visent la viande, le lait, les pâtes la farine..., des restrictions sont imposées sur les «exportations» de produits régionaux. Calculé en dollars (principale monnaie refuge devant l’écroulement du rouble, dont la valeur a été divisée par trois en trois semaines), le niveau de vie des Russes s’est totalement effondré ces dernières semaines. En juin dernier, le salaire mensuel moyen s’élevait à 180,9 dollars (au cours du moment). Aujourd’hui, il est de 56 dollars par mois, un niveau inconnu depuis la mi-1993, relevait hier le quotidien «Troud». (AFP, Reuters).
Les régions russes, inquiètes de la vacance du gouvernement central, ont pris en main la gestion de la crise et la protection des intérêts de la population, instaurant des mesures qui outrepassent parfois leur sphère de compétence. De l’ouest à l’est du pays, décrétant l’«état d’urgence économique», contrôlant les prix (officiellement libres dans l’économie de...