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Actualités - ANALYSE

La présidentielle ou l'inutilité d'une candidature officielle

Pourquoi les candidats potentiels à la présidence dont on murmure le nom dans les milieux parlementaires ne suivent-ils pas l’exemple du député Boutros Harb en proclamant officiellement leur candidature et leur programme? Parce que l’important est que cette candidature jouisse d’un appui sérieux, répondent-ils. En d’autres termes, il incombe à un bloc parlementaire ou à un parti d’avancer le nom de la personne de son choix qui briguerait la présidence de la République. Dans ce cadre, l’annonce de Boutros Harb aurait été bien plus efficace si elle avait émané du «Groupe national parlementaire» à laquelle il appartient. Or ce bloc s’est abstenu de commenter la démarche de l’un de ses membres, soit parce qu’un autre pilier du groupe est susceptible de présenter sa candidature, en l’occurrence, le député Nassib Lahoud, soit parce qu’on attend de savoir dans quelle direction soufflera le vent régional et (accessoirement) international... Les précédents historiques Si l’on se réfère à l’histoire des candidatures à la première magistrature de l’Etat au Liban, on réalise en effet que celles-ci ont émané la plupart du temps de partis politiques ou de blocs parlementaires. Par exemple, c’est le Destour qui avait annoncé la candidature de Béchara el-Khoury, et le Bloc national, celle d’Emile Eddé. Le général Fouad Chéhab a obtenu l’appui d’un certain nombre de députés, le soutien des Etats-Unis et celui de l’Egypte. Béchir et Amine Gemayel étaient, quant à eux, les candidats du parti Kataëb tandis que René Moawad avait fait l’objet d’une entente entre un certain nombre de députés qui avaient participé à la rencontre de Taëf. Il en fut de même pour Elias Hraoui. Il n’y a donc aucune raison pour que les règles changent à ce niveau. Par ailleurs, selon la Constitution, nul n’a besoin de présenter sa candidature à la présidence de la République. Il y a seulement un certain nombre de conditions à remplir pour être éligible à la présidence de la République, différentes de celles prévues pour être élu député ou membre d’un conseil municipal. D’autre part, le fait que le chef de l’Etat ne soit pas directement élu par le peuple, comme aux Etats-Unis ou comme en France, ne nécessite nullement de rendre public un programme électoral ou de participer à des face-à-face télévisés destinés à permettre à l’électeur de faire son choix. En excluant de la Constitution le principe de la candidature à la première magistrature de l’Etat, le législateur avait sans doute l’intention d’éviter une dépréciation de la fonction présidentielle. D’où la nécessité de limiter les candidatures au nombre de deux ou trois seulement. Celles-ci n’ont commencé à se multiplier qu’à partir des années 80 et 90, lorsque le prestige de la présidence de la République s’est mis à décliner. Quant aux propos selon lesquels le postulant à la fonction susmentionnée est censé rendre public le programme qu’il compte appliquer tout au long de son mandat, ils ne sont valables que si le candidat est celui d’un parti politique, comme c’est le cas aux Etats-Unis, en France, en Allemagne ou en Italie. La situation au Liban est totalement différente dans la mesure où la crédibilité du candidat auprès des gens est bien plus importante que les plus belles promesses de réformes. Le Libanais est en effet plus soucieux de la capacité du futur président à agir que de ses promesses. De fait, une fois élu, rien ne garantit qu’il sera en mesure de les exécuter. Un régime parlementaire Le régime au Liban étant parlementaire, le députés élisent eux-mêmes le chef de l’Etat. Ils connaissent donc bien les candidats à la présidence de la République, leurs qualités et leurs capacités. Ce ne sont donc ni leur programme ni leur prises de position qui pourraient avoir une quelconque influence sur les parlementaires. En fin de compte, seul un régime présidentiel est susceptible de transformer le processus électoral dans la mesure où le candidat serait alors obligé de présenter un programme sur base duquel l’électeur fera son choix. Or un tel bouleversement dans le régime politique du pays requiert un amendement de la Constitution qui n’en est pas tout à fait une. Faut-il rappeler en effet que cette Constitution émane d’un accord réalisé à la va-vite à Taëf, dans le seul but d’arrêter la guerre au Liban? En temps de paix, une nouvelle Constitution s’impose.
Pourquoi les candidats potentiels à la présidence dont on murmure le nom dans les milieux parlementaires ne suivent-ils pas l’exemple du député Boutros Harb en proclamant officiellement leur candidature et leur programme? Parce que l’important est que cette candidature jouisse d’un appui sérieux, répondent-ils. En d’autres termes, il incombe à un bloc parlementaire ou à...