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Actualités - REPORTAGE

Vive émotion au sérail à l'arrivée de Soha Béchara Hariri souligne le rôle décisif joué par Chirac (photos)

A sa descente de l’ambulance du CICR qui vient de la conduire jusqu’au Grand Sérail au terme d’un long parcours qui passe par le tronçon Jezzine-Bater, Soha Béchara arbore un sourire radieux et fait le signe de la victoire à l’adresse des journalistes et de la famille qui l’attendent. Près de dix ans d’emprisonnement ont certainement amaigri cette jeune femme de 31 ans, mais ils n’ont apparemment rien entamé à sa détermination. Ses premiers mots à son arrivée: «Espérons que viendra le jour de la libération totale». C’est à 12h50 que Soha Béchara arrive dans la cour intérieure du Sérail où journalistes, parents et amis l’attendent dans une atmosphère de grande agitation. A l’extérieur du palais gouvernemental, des dizaines de manifestants brandissant le drapeau communiste attendent celle qu’ils considèrent comme un symbole du Parti et de la Résistance. Des voitures arborant des drapeaux aux couleurs libanaises et communistes sillonnent les rues près du sérail. C’est le matin même que la famille de la détenue a appris sa libération et les sentiments de ses parents sont partagés entre la vive émotion et l’incrédulité. Emu mais serein, son père, Fawaz Hanna Béchara, nous déclare que «ce jour représente pour nous un grand bonheur, mais notre joie ne sera complète que quand tous les détenus seront relâchés et que notre terre sera entièrement libérée». Sa cousine, Ghada Béchara, nous a révélé que «nous savions que les Français œuvraient pour la libération de Soha, mais nous ne nous attendions pas à ce qu’elle survienne cette année». Et de poursuivre: «Nous avons su la nouvelle ce matin par les médias. Nous avons essayé de contacter sa mère mais elle avait déjà quitté la maison». Les larmes aux yeux, elle avoue «ne pas savoir dans quel état je vais la trouver, après toutes ces années d’absence, mais je sais qu’elle est en bonne santé». Quand Soha Béchara met pied à terre, son père accourt pour l’enlacer avec chaleur. Il brandit aussitôt un drapeau communiste. Mais les forces de l’ordre s’empressent de lui demander de le ranger. Après avoir embrassé son père, Soha fait une nouvelle fois le signe de la victoire sous les applaudissements et les «Bravo Soha!» qui lui sont lancés. Son sourire ne la quitte pas. Arrivée au niveau de certaines de ses amies, elle les reconnaît et les appelle par leur nom. Entourée de gardes, elle traverse tant bien que mal la cour envahie par les journalistes pour monter à l’étage où l’attend sa famille en présence du premier ministre, Rafic Hariri. C’est sa première rencontre avec sa mère et d’autres membres de sa famille depuis sa libération-surprise quelques heures plus tôt, due en grande partie à une médiation française discrète. Des rumeurs circulent entre-temps sur le voyage probable de Soha en France. Certains insistent sur le fait que ce voyage ferait partie des conditions de libération de la détenue la plus célèbre de Khiam. Mais Soha niera vigoureusement, disant que «personne ne peut m’imposer de rester dans mon pays ou de le quitter». Dans le salon d’attente se trouvent également une délégation du parti communiste avec le secrétaire général du parti, Farouk Dahrouge, le ministre du Travail, Assaad Hardane, le député Bahia Hariri, les présidents des ordres de la presse et des rédacteurs, Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, et une délégation de la Croix-Rouge. Soha les salue un à un après avoir tendrement enlacé sa mère. A 13h10, Soha se rend à la salle des conférences de presse où l’attendent les journalistes. Toujours souriante, elle apparaît entourée de M. Dahrouge et de l’ancien secrétaire général du parti, Georges Haoui. Les deux hommes lui tiennent les mains et les lèvent en signe de victoire. Alors que le désordre règne parmi les photographes qui se bousculent puis sont refoulés sans ménagement par les forces de l’ordre vers le fond de la salle, Soha se hisse sur la chaise et fait de nouveau le «V» de la victoire, récoltant des applaudissements enthousiastes. Des cernes de fatigue D’une voix ferme, Soha s’adresse à l’audience, affirmant son attachement inaltéré à la Résistance et à la libération, et ne parlant pratiquement pas de son expérience personnelle. Son attachement à sa cause et sa détermination ne l’ont visiblement pas quittée malgré les cernes de fatigue qui entourent ses yeux. Parlant à la première personne du pluriel, Soha commence par saluer le peuple libanais «que nous avons quitté pendant dix ans et auquel nous sommes revenu». «Nous reviendrons à Khiam», assure-t-elle, «mais pour libérer les détenus dans le cadre d’une solution radicale qui est la libération de la terre». Soha déclare par ailleurs être prête à attenter de nouveau à la vie du chef de l’ALS. «Pourquoi pas? Pour moi, il ne s’agit pas d’un crime mais d’un acte de résistance car je considère que Lahd n’est pas un Libanais mais un juif (sioniste)», dit-elle. Interrogée sur son éventuel exil en France, Soha dit: «J’ai effectivement été invitée à me rendre en France. Mais mon départ ne m’est pas imposé et personne ne peut m’obliger à faire quelque chose que je ne veux pas, maintenant que je suis dans mon propre pays. Et je compte d’ailleurs y rester. Je me rends à mon domicile à Mar Elias tout de suite. Je serai également de retour au Liban-Sud». Elle poursuit: «Je suis revenue, mais je me sens toujours proche en pensée de tous les autres détenus. J’espère que les efforts de la Résistance seront bientôt récompensés et que notre but ultime sera atteint, politiquement et militairement. La Résistance est un flambeau qu’il faudra continuer à porter. Tout le monde devrait être convaincu et y contribuer, sinon en portant des armes du moins par la parole». Pas de problèmes de santé Assurant qu’elle n’a pas de problèmes de santé, Soha répond à une question sur la torture qu’elle a subie: «Il est sûr que j’ai souffert sous la torture. Mais cela n’est rien en comparaison avec les résistants qui meurent tous les jours et quand je pense à ce qu’ont subi les victimes du massacre à Cana». Quand une journaliste lui demande comment elle a planifié, dix ans plus tôt, l’opération contre le général Lahd, elle ne répond pas. Par ailleurs, à une question sur la conversation qu’elle a eue avec M. Hariri, elle dit que «je l’ai remercié et nous avons parlé de la libération». Pour sa part, le premier ministre déclare aux journalistes à son départ du Grand Sérail que «le président français Jacques Chirac et le gouvernement français ont joué un rôle très important dans la libération de Soha Béchara». M. Hariri nie cependant qu’un quelconque marché ait été conclu dans le processus de libération. «Aucun marché n’a été conclu, et Soha Béchara, comme tout citoyen libanais, peut vivre dans son pays, comme elle peut choisir de se rendre en France où le gouvernement lui a promis de lui donner un permis de séjour si elle le désire», dit-il. Sur les difficultés rencontrées pour libérer la détenue, M. Hariri fait remarquer que «toutes les opérations de ce genre rencontrent des obstacles». Il précise par ailleurs que «le gouvernement fait son possible pour libérer tous les détenus». Commentant les raisons qui auraient poussé Israël à libérer Soha Béchara, il ajoute: «Beaucoup de contacts ont été établis en vue de cette libération, et l’amitié entre les nations a joué un rôle important». La sortie de Soha Béchara du Grand Sérail se passe assez discrètement. Un convoi l’accompagnera chez elle, tandis qu’à l’extérieur, une foule de manifestants communistes l’accueille avec enthousiasme et célèbre son retour aux siens et à la liberté...
A sa descente de l’ambulance du CICR qui vient de la conduire jusqu’au Grand Sérail au terme d’un long parcours qui passe par le tronçon Jezzine-Bater, Soha Béchara arbore un sourire radieux et fait le signe de la victoire à l’adresse des journalistes et de la famille qui l’attendent. Près de dix ans d’emprisonnement ont certainement amaigri cette jeune femme de 31...