Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Troïka : un vent de changement souffle sur la steppe ...

Prêchant visiblement le faux pour savoir le vrai, nombre de pôles se répandent aujourd’hui en oracles variés sur la présidentielle et sur la configuration ultérieure des différentes figures composant le pouvoir. Ils savent pourtant, car ils n’ont pas manqué de s’en assurer à Damas même, que la Syrie n’est pas encore prête pour discuter de l’élection ni, a fortiori, de ce qui devra en découler au niveau de l’ensemble des institutions constitutionnelles. Le président Hafez el-Assad va, comme on le sait, choisir en personne l’heureux «élu», mais en fonction probablement de la synthèse que lui exposera le président Nabih Berry après les consultations élargies qu’il va entreprendre localement. Ainsi que des travaux de défrichage auxquels auront, tout aussi probablement, procédé les cadres syriens. En tout cas, pour le moment, on reste loin du compte et du décompte. Aucune source de référence syrienne n’accepte de parler des noms, bien que tous les candidats potentiels soient archi-connus. Cependant, un pilier de l’Ouest rappelle, ce qu’on a tendance selon lui à un peu trop oublier localement, que “ pour tous les joueurs étrangers, le Liban est avant tout une pièce sur l’échiquier proche-oriental. Dès lors, même s’ils sont plus concernés que d’autres par nos problèmes internes, les Syriens traitent le dossier de la présidentielle essentiellement sous l’angle régional. Ils prendront fatalement en compte la situation qui régnera dans la région au moment où ils devront faire leur choix. Et c’est d’ailleurs pour cela, comme ils ne le cachent pas, qu’ils ont préféré attendre le plus de temps possible avant de se prononcer, en nous demandant à nous-mêmes de garder le gigot au frigo jusqu’au moment où il faudra passer à table. Pour tout dire, ajoute cette personnalité de gauche, la Syrie aurait besoin non pas d’un «homme pour toutes les saisons» comme on pourrait croire, mais d’un modèle personnalisé convenant exactement à la période à venir telle que les prochaines semaines en annonceront les couleurs. Autrement dit, si on va vers la paix, ce sera tel homme, si la guerre froide se perpétue, ou ce sera tel autre et ainsi de suite, en suivant les différentes variations du spectre politique régional. Cette approche, est-il besoin de le souligner, montre que les Syriens tiennent trop bien en main la carte libanaise pour ne pas exiger que le président en place leur soit utile comme ils l’entendent. Ils veilleront donc à installer quelqu’un qui peut les aider à améliorer leur image de marque en Occident, si leur intérêt le commande; ou au contraire quelqu’un qui marquerait leur volonté de tenir les Américains à distance, s’ils devaient être durablement en froid avec Washington. Pour le moment, les relations sont tièdes, Damas reprochant à Washington sa trop grande indulgence à l’égard de Netanyahu, mais ne désespérant pas encore de voir les U.S.A. rétablir les principes de Madrid et remettre le processus sur les rails». Audacieux pronostics Cette source, revenant aux dimensions locales, affirme ensuite que les «Syriens, qui n’ont pas voulu démanteler le système dit de la troïka, sont cependant fatigués de devoir toujours intervenir pour en régler les disputes. Ils sont de plus agacés de voir que les présidents, et à leur instar nombre d’autres pôles libanais, courent tout le temps chez eux pour prendre des forces et pour améliorer leurs positions propres. Ce qui à la longue altère leur crédibilité de tuteur soucieux d’impartialité et désireux de voir son pupille édifier un véritable Etat des institutions. Dès lors, on le sent aux propos qu’ils tiennent en privé, les Syriens souhaitent fortement que l’échéance présidentielle soit l’occasion de tourner la page une fois pour toutes. Ils prônent donc une réforme en profondeur du système. Et ce n’est visiblement pas du «marketing» de consommation ponctuelle, car ils n’ont nul besoin d’en faire. A partir de là, il est évident que le vent de changement qu’on va faire souffler va affecter toutes les positions et non une seule. C’est d’ailleurs assez logique: en 1995, quand on avait prorogé le mandat de M. Hraoui, on avait décidé que tout le monde profiterait du même avantage. Donc tout le monde est sur le même bateau, et si l’un descend, les autres doivent suivre. Il ne faudra pas s’étonner dès lors que la deuxième et la troisième présidence soient affectées par le mouvement. Il est évidemment peu probable que MM. Nabih Berry et Rafic Hariri soient évincés ( bien que jadis on disait la même chose pour MM. Hussein Husseini et Sélim Hoss). Mais leurs pouvoirs seraient modifiés, de manière que dans un premier temps il n’y ait plus de troïka. Et qu’ensuite on assure l’avènement de nouveaux dirigeants…». Cette façon de voir les choses n’est peut-être en elle-même qu’un ballon d’essai. Car au stade actuel, les responsables se comportent comme s’ils étaient absolument sûrs d’eux-mêmes. On note ainsi que M. Hariri pose des conditions pour garder les rênes gouvernementaux. Et que M. Hraoui, à en croire des sources informées, en veut un peu à M. Raymond Eddé parce que ce dernier n’envisage la prorogation qu’année après année, alors que le locataire de Baabda estime qu’elle devrait faire l’objet d’un seul coup d’un nouveau bail de six ans. Quant à M. Berry, il est théoriquement le plus tranquille: son mandat court jusqu’à l’expiration de la législature, en l’an 2.000. Mais une Chambre, cela peut se dissoudre…
Prêchant visiblement le faux pour savoir le vrai, nombre de pôles se répandent aujourd’hui en oracles variés sur la présidentielle et sur la configuration ultérieure des différentes figures composant le pouvoir. Ils savent pourtant, car ils n’ont pas manqué de s’en assurer à Damas même, que la Syrie n’est pas encore prête pour discuter de l’élection ni, a...