Rechercher
Rechercher

Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

La classe politique dénonce l'escalade provoquée par l'Etat hébreu Les chefs religieux chiites ne croient pas à une vaste offensive israélienne

Alors que l’escalade militaire se poursuivait hier au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest, plusieurs voix se sont élevées dans les milieux politiques et religieux pour dénoncer les atteintes commises par Israël aux accords d’avril 1996, qui enjoignent aux belligérants d’épargner les civils des deux côtés de la frontière. Des responsables ont indiqué ne pas être en mesure de prévoir la suite des événements, mais d’autres, notamment les chefs spirituels chiites, ont écarté la possibilité d’une opération israélienne de grande envergure. Le chef du Parlement Nabih Berry, duquel était proche le responsable militaire du mouvement Amal tué mardi par les Israéliens, a estimé, selon des députés qui l’ont visité hier, que «la nouvelle escalade provoquée par Israël montre que l’Etat hébreu cherche à enterrer les accords d’avril 1996». Selon les propos qui lui ont été attribués, M. Berry a souligné que la situation au Liban-Sud était «délicate» mais il s’est félicité du degré de «mobilisation du côté libanais pour faire face à cette escalade», car Israël «nous a habitués à frapper par traîtrise». Pour le président de la Chambre, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu «est allé trop loin dans son orgueil et se prend pour l’homme le plus puissant du monde». «Il croit avoir les mains libres pour frapper et cela pour plusieurs raisons: d’abord parce qu’il dispose d’une majorité probablement absolue qui le soutient au sein du Congrès américain, ensuite en raison de la dispersion des Arabes et enfin à cause de l’absence d’une forte opposition à son gouvernement à l’intérieur», a noté M. Berry, toujours selon les termes rapportés par les députés qui l’ont rencontré. Le chef du Parlement devait en outre avoir un entretien axé principalement sur les développements au Liban-Sud avec le ministre de l’Intérieur Michel Murr. Ce dernier s’est contenté d’indiquer par la suite dans une déclaration qu’il avait procédé avec M. Berry à «une évaluation de la situation à la lumière des données disponibles». M. Murr s’était entretenu auparavant de la question du Liban-Sud avec le chef du gouvernement Rafic Hariri. Il avait déclaré à l’issue de la rencontre qu’il n’était pas en mesure de «deviner ce que prépare l’ennemi israélien». «Voilà pourquoi nous examinons la situation et nous procédons à des évaluations de façon continue». L’ancien premier ministre Omar Karamé a pour sa part estimé dans une déclaration que «lorsqu’on choisit la voie de la résistance, il faut s’attendre à tout». «Je suis surpris de voir que nous craignons les menaces israéliennes», a-t-il poursuivi en faisant allusion aux propositions faites la semaine dernière par deux responsables israéliens, qui ont préconisé des frappes de l’armée israélienne contre des intérêts économiques au Liban et contre des positions des forces syriennes stationnées dans ce pays. «Ce n’est pas la première fois qu’Israël lance des menaces, ce n’est pas la première fois non plus qu’il attaque. Bien sûr, il a les moyens de nous bombarder et de provoquer des destructions, mais en fin de compte, je le répète: nous avons le choix entre capituler ou tout supporter», a ajouté M. Karamé. Il a estimé que le gouvernement de M. Netanyahu, «à court d’arguments face à une opinion israélienne en majorité hostile au maintien de l’occupation du Liban-Sud, pratique la fuite en avant». Chamseddine: pas de vaste offensive De son côté, le président du Conseil supérieur chiite (CSC), cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, a justifié dans une déclaration les tirs de roquettes Katioucha sur le nord d’Israël par les formations de résistance, tout en estimant improbable une vaste offensive de la part de l’Etat hébreu. «Israël et ceux qui le soutiennent devraient savoir que le niveau de la riposte de la résistance est toujours correspondant à celui de l’agression israélienne», a lancé cheikh Chamseddine, soulignant à nouveau que les Israéliens «doivent cesser leur agression et appliquer inconditionnellement la résolution 425» du Conseil de Sécurité de l’ONU. «Il n’y a pas de signes sérieux d’une offensive sur une grande échelle, mais nous estimons tout de même que la situation exige que nous prenions nos précautions et que nous restions vigilants», a-t-il assuré. Pour lui, «les intentions agressives d’Israël nécessitent que l’armée et la résistance demeurent continuellement en état d’alerte». Le dignitaire chiite en a profité pour rendre hommage au rôle de l’armée «aux côtés de la résistance». Le vice-président du CSC, cheikh Abdel Amir Kabalan, a lui aussi écarté la possibilité d’une invasion israélienne de grande envergure, affirmant sa conviction que l’Etat hébreu allait plutôt recourir davantage à des «poursuites» et des «assassinats» au Liban-Sud, à l’instar de l’opération de mardi, au cours de laquelle Houssam el-Amine a été tué au volant de sa voiture par une roquette tirée à partir d’un hélicoptère israélien qui le poursuivait. Quant à l’uléma Mohammad Hussein Fadlallah, il a souligné, lors d’une séance d’exégèse coranique, que les menaces israéliennes contre le Liban étaient «adressées à l’opinion israélienne et non à la résistance». Dans les milieux parlementaires, le député Michel Pharaon (Beyrouth) a dénoncé «la violation flagrante des accords d’avril 1996 par l’ennemi israélien» et estimé que les derniers développements entraient dans le cadre de «pressions exercées sur l’Etat libanais afin de le pousser à accepter des conditions qu’il ne saurait avaliser en ce qui concerne la résolution 425». De son côté, Hussein Yatim, également député de Beyrouth, a considéré qu’Israël a profité des «scandales de Monica» (Lewinsky) pour «faire tomber la feuille de vigne qui recouvrait les accords d’avril 1996». Un troisième député de la capitale, Jamil Chammas, a pour sa part appelé les Libanais à «renforcer la concorde afin de faire comprendre à Israël qu’il lui est impossible avec toutes les armes dont il dispose de rompre l’unité nationale» libanaise. Enfin, le comité de suivi des «partis et forces politiques libanais», qui regroupe un certain nombre de formations, essentiellement de gauche, s’est élevé contre «le silence international face aux agressions et aux menaces» israéliennes.
Alors que l’escalade militaire se poursuivait hier au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest, plusieurs voix se sont élevées dans les milieux politiques et religieux pour dénoncer les atteintes commises par Israël aux accords d’avril 1996, qui enjoignent aux belligérants d’épargner les civils des deux côtés de la frontière. Des responsables ont indiqué ne pas être en mesure...