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Actualités - REPORTAGE

Dans une atmosphère faite d'inquiétude et d'expectative Terminus Beyrouth pour les libanais de l'ex-Zaïre

Fuyant la guerre que se livrent les forces rebelles et l’armée gouvernementale du président Kabila en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), les membres de la colonie libanaise arrivent progressivement à Beyrouth dans une atmosphère faite d’inquiétude et d’expectative. Plus de 70% des 3.000 Libanais vivant en RDC ont déjà quitté ce pays déchiré. A leur arrivée à Beyrouth, ils étaient nombreux à critiquer le manque de coopération de l’Etat avec la colonie, en situation de difficulté. Certes, ils font la part des choses, reconnaissent le manque de moyens de l’Etat et de leur ambassade au RDC et font part de leur appréciation pour l’accueil chaleureux qui leur a été réservé par le ministère des Emigrés. «Saison touristique»... Certaines des personnes interrogées ont manifesté leur étonnement pour l’attitude adoptée par la «Middle East Airlines». M. Jamal Nasser a ainsi souligné que la colonie avait été «surprise par la réponse de la MEA, quand le gouvernement lui a demandé d’assurer un vol à Kinshasa le week-end passé». «La compagnie aérienne nationale a alors répondu qu’elle ne pouvait se passer d’aucun de ses avions parce qu’elle est en pleine saison touristique», a-t-il dit. Une autre personne, désirant garder l’anonymat, a révélé cependant qu’«au moment du second vol (jeudi), la MEA s’était dite prête à envoyer un appareil, mais les Libanais avaient déjà conclu un accord avec la compagnie nigériane». Cette même source révèle que la colonie libanaise, qui allait en tout cas payer les frais du voyage, a dû louer à quelque 240.000 dollars l’avion nigérian, et que certains ressortissants nantis se sont occupés de la taxe à payer (20.000 dollars) pour permettre à l’avion de rester quelques heures à l’aéroport de Kinshasa. La solidarité qui a régné au sein de la colonie libanaise et le travail fourni par le président de la colonie et les membres de son comité ont par ailleurs fait l’objet de louanges de la part des personnes interrogées. Hussein Fahour a rendu hommage à l’action ininterrompue de ces personnes: «Ils ont consacré tout leur temps pour faciliter le transport des Libanais hors du Congo, notamment le président de la colonie, Abdessattar Achour et les membres du comité. Ce sont eux qui ont assuré l’avion et ils étaient même présents à l’aéroport lors du départ. Ils sont toujours là-bas d’ailleurs». Mais les Libanais du Congo sont loin d’être aussi unanimes envers leur ambassade. Hussein Obeidi a ainsi dit que «le chargé d’affaires n’était pas coopératif avec la colonie». Et d’ajouter: «Nous savons que l’ambassade n’a pas beaucoup de moyens, mais elle aurait pu nous aider en nous soutenant davantage ou en facilitant certaines de nos formalités avec l’Etat du Congo. Mais nous n’avons pas perçu cela». Ce point de vue, largement partagé par d’autres Libanais de RDC, a été nuancé par une personne qui a désiré garder l’anonymat: «C’est surtout l’Etat libanais qui est à blâmer et qui aurait dû s’occuper de l’affaire. L’ambassade au Congo a très peu de moyens et ne peut rien faire à elle seule». Par ailleurs, une source de l’ambassade a déclaré que «la chancellerie a quand même fait de son mieux et a fourni les laissez-passer à tous ceux qui le désiraient, mais il faut dire qu’elle manque cruellement de moyens». Concernant l’accueil à l’AIB, les expatriés étaient généralement satisfaits. Haytham Jomaa, directeur général du ministère des Emigrés et Ahmad Nasser, vice-président de l’Union libanaise culturelle dans le monde (ULCM), étaient présents, et des voitures ont été assurées à ceux qui n’en avaient pas. Peur au Congo Les Libanais revenus du Congo nous ont par ailleurs décrit l’atmosphère du pays quand il l’ont quitté. Jamal Nasser nous dit: «Quand nous avons quitté, il y avait une grande tension et beaucoup de peur, mais aucun incident majeur n’avait eu lieu. La vie devenait cependant insupportable à cause des coupures d’électricité et d’eau. Les rumeurs couraient bon train et l’avenir est incertain». A la question de savoir si les Libanais étaient visés en tant que tels, M. Nasser, ainsi que les autres personnes interrogées, ont déclaré: «Nous n’avons jamais été agressés en tant que Libanais, mais nous avions peur du chaos parce que nous avons des propriétés que nous devons protéger». Par ailleurs, toutes les personnes interrogées ont assuré que les Libanais n’avaient pas affiché une position politique quelconque, mais aspiraient au retour de la paix le plus vite possible. Autre problème soulevé par les Libanais de RDC: le fait que certaines personnes qui avaient retiré leur passeport de la Sûreté générale à Kinshasa (où il était retenu pour les formalités de carte de résidence) se sont vus refuser définitivement leur droit au permis de séjour. «Il faudrait que le ministère des Affaires étrangères s’occupe de cela car il est le seul à pouvoir effectuer des relations à haut niveau avec les responsables congolais», a dit M. Nasser. Enfin, certains ont souligné un point important: «Il y a tant d’émigrés d’origine libanaise dans le monde. Ne faut-il pas créer un réseau de communication plus efficace entre la mère- patrie et eux?».
Fuyant la guerre que se livrent les forces rebelles et l’armée gouvernementale du président Kabila en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), les membres de la colonie libanaise arrivent progressivement à Beyrouth dans une atmosphère faite d’inquiétude et d’expectative. Plus de 70% des 3.000 Libanais vivant en RDC ont déjà quitté ce pays déchiré. A leur...