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Actualités - REPORTAGE

L'opération de dimanche dernier donne une nouvelle dimension aux actions anti-israéliennes Le PCL a commencé à reconstituer depuis un an ses unités résistantes Cette décision ne fait cependant pas l'unanimité au sein de la direction du parti (photo)

Marginalisé politiquement, soumis à de fortes pressions de la part de la base, notamment au Liban-Sud, secoué par une crise interne provoquée par un vide idéologique né de la chute de l’Union soviétique, le Parti communiste libanais (PCL) a décidé de s’engager à nouveau dans la résistance anti-israélienne, dont il a été le fondateur, en septembre 1982, et le fer de lance, dans la deuxième moitié des années 80. Il y a un an, le parti a commencé à regrouper les vétérans de la résistance en plusieurs unités clandestines, qui ont suivi des stages de recyclage militaire dans la plus grande discrétion au Liban-Sud et dans d’autres régions du pays, selon des sources proches du PCL. Cependant, l’annonce officielle de la reprise des attaques anti-israéliennes est sans cesse reportée, en raison des divergences au sein de la direction du parti sur l’opportunité d’une telle décision. Malgré cela, l’opération menée dimanche dernier par une de ces unités dans le secteur de Mimès dans la Békaa-Ouest n’est pas la première depuis 1993, comme l’ont affirmé certains articles de presse. Ces derniers mois, les militants du PCL ont multiplié les missions de reconnaissance sur un terrain qu’ils connaissaient comme leur poche, mais qu’ils n’avaient plus foulé depuis des années. Avant la suspension des opérations militaires en 1990, l’ossature de la résistance était composée de 250 militants à plein temps, dont une trentaine de spécialistes de l’utilisation des roquettes antichars téléguidées Sagger, et des missiles sol-air Sam-7 (Strella). C’est avec cette arme que le PCL avait abattu, en septembre 1985, un hélicoptère israélien de type Cobra près de la localité de Zibquine, dans le secteur occidental de la zone occupée. Ces professionnels de l’art de la guerre étaient entourés de volontaires recrutés dans les rangs du parti dans les différentes régions du pays. Quelque trois mille personnes, dont de nombreux étudiants, ont ainsi participé à des attaques contre l’armée d’occupation entre 1982 et 1990, selon les mêmes sources. L’appareil de la résistance (Jihaz el-Moukawama) comportait aussi une section scientifique et technologique, chargée de développer les armes et les engins explosifs pour les rendre plus efficaces, des groupes de reconnaissance pour surveiller le mouvement des troupes israéliennes, des réseaux d’informations, dont la mission était de collecter des informations et d’infiltrer les rangs ennemis (c’est grâce à l’un de ces réseaux que Souha Béchara réussit à se faire engager comme institutrice chez le général Antoine Lahd, chef de l’ALS, qu’elle tentera d’assassiner quelques semaines plus tard ), des unités de soutien d’artillerie et des sections de communication. Le siège de celles-ci, à Rmeilé au nord de Saïda, a d’ailleurs été détruit lors d’un raid israélien en 1989 (11 morts). Initiative de Georges Haoui Il y a un an, le PCL a donc décidé de reconstituer les unités formées de professionnels. Les volontaires ne sont pas encore admis. Des efforts importants sont également entrepris pour tenter de réorganiser les réseaux de collecte d’informations. De nombreux militants résidant dans la zone occupée ont été contactés à cet effet. Ce processus s’est accompagné d’une initiative lancée par l’ancien secrétaire général et figure emblématique du parti, Georges Haoui, qui a proposé au président de la Chambre, M. Nabih Berry, au chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah et au ministre Assaad Hardane (en tant que représentant du Parti syrien national syrien), la formation d’un Conseil supérieur de la résistance nationale et islamique. Un organe qui chapeauterait politiquement la résistance de manière à permettre à toutes les formations de participer à la lutte contre l’occupant. Evidemment, chaque parti préservera l’indépendance de ses structures militaires. Toutefois, cette initiative se heurte non seulement aux réticences de certaines formations, mais aussi au refus de responsables du PCL du principe d’une reprise des actions de résistance. Le chef de file de cette opposition n’est autre que...l’ancien chef de la résistance au sein du parti, M. Elias Atallah. Cadre influent du PCL, M. Atallah est en mauvais terme avec la direction actuelle, dominée par ses anciens camarades de combat, venus des rangs militaires. Son opposition à un réengagement repose sur trois points: le manque de moyens, la nécessité de bien définir les relations avec le Hezbollah et le mouvement Amal et l’attitude de la Syrie. L’argumentation de M. Atallah se base sur les expériences douloureuses du passé, lorsque, selon lui, les militants de retour d’une opération anti-israélienne étaient agressés par des miliciens du Hezbollah ou d’Amal. Il rappelle aussi que le PCL, qui a cessé, depuis des années, de verser des indemnités et des subventions aux familles des martyrs et des détenus, n’a plus les moyens de financer des actions militaires d’envergure. Enfin, il souligne que le PCL, qui n’a même pas un seul député au Parlement, a été écarté de l’équation politique de l’après-Taëf, en dépit des «sacrifices» qu’il a consenti. Le courant favorable à une reprise de la résistance estime pour sa part que la Syrie encourage dans la période actuelle une participation des partis laïcs aux actions anti-israéliennes, de crainte qu’un éventuel rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis ne se répercute par un désengagement du Hezbollah au Liban-Sud. Ces responsables sont par ailleurs convaincus que le problème financier peut être réglé à travers d’énergiques campagnes de collectes de dons dans le pays et à l’étranger, comme cela était le cas dans les années 80. De plus, disent-il, une reprise de la résistance ressoudera les rangs du parti et lui assurera un retour sur la scène politique. Ce débat est loin d’être clos. Au contraire, il s’amplifiera avec l’approche du 8e congrès du PCL qui doit se tenir en novembre prochain après deux reports en un an. Entre-temps, les unités reconstituées poursuivront leurs activités. D’autres opérations sont en préparation. Peut-être pas dans le secteur où a eu lieu l’opération de dimanche qui abrite une forte activité du «Shabak» (le service de renseignements militaires israéliens). C’est là en effet qu’un réseau de 77 collaborateurs a été récemment démantelé. Mais de toute façon, les brèches à travers lesquelles les résistants peuvent s’infiltrer ne manquent pas.
Marginalisé politiquement, soumis à de fortes pressions de la part de la base, notamment au Liban-Sud, secoué par une crise interne provoquée par un vide idéologique né de la chute de l’Union soviétique, le Parti communiste libanais (PCL) a décidé de s’engager à nouveau dans la résistance anti-israélienne, dont il a été le fondateur, en septembre 1982, et le fer de...