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Actualités - CHRONOLOGIE

La Douma veut déboulonner Eltsine (photo)

La Douma — dominée largement par l’opposition — s’en est donnée à cœur joie vendredi, accusant le gouvernement d’incompétence totale et demandant la tête de Boris Eltsine, désigné responsable en chef de la débâcle financière. Venu s’expliquer devant les députés, le premier ministre Sergueï Kirienko, en selle depuis cinq mois, a prévenu que la crise ne faisait «que commencer» et qu’il faudrait «prendre d’autres mesures difficiles». La Douma (chambre basse) a adopté au cours de cette séance exceptionnelle une résolution demandant à Boris Eltsine de «démissionner volontairement» de son mandat présidentiel. Cette résolution, qui n’a aucune chance d’être suivie d’effet, n’en témoigne pas moins d’une dégradation inquiétante du climat politique, à un moment où les investisseurs étrangers craignent une banqueroute du pays et souhaiteraient davantage de cohésion. Or les critiques ont fusé de tous bords. L’échec du gouvernement — concrétisé lundi par la dévaluation de facto du rouble et le gel des remboursements de la dette pour 90 jours — a poussé les députés à crier d’un même accord: «Démission», «Incompétence», «Irresponsabilité»... «Le pays est au bord du gouffre, pour Guennadi Ziouganov, leader du Parti communiste, première force de la Douma. C’est la défaite totale de la politique menée depuis sept ans». Outre la résolution contre Boris Eltsine, les communistes ont entamé la procédure pour une motion de censure du gouvernement, affirmant avoir recueilli 90 signatures de députés (sur 450 inscrits). Même le parti de l’ex-premier ministre Viktor Tchernomyrdine, Notre Maison la Russie, a jeté l’opprobre au gouvernement, demandant les démissions de M. Kirienko et du président de la Banque centrale Sergueï Doubinine. Pourtant, de nombreux députés l’ont fait remarquer, M. Tchernomyrdine est à l’origine même de la crise financière, pour avoir «mis en place la pyramide des GKO» (les bons du Trésor émis de façon exponentielle par le gouvernement pour faire face à ses dépenses). Retour à la case de départ «Le prochain gouvernement devra repartir de tout en bas», a expliqué le leader de l’opposition réformatrice Grigori Iavlinski. L’économie doit redémarrer «sur des bases réelles», celles d’un pays totalement appauvri qui reconnaît que ses échanges se font «essentiellement par troc et que le chômage doit éclater en plein jour». Les voix favorables au pouvoir ont été plus que rares: une seule, celle d’un député indépendant, Galina Starovoïtova, s’est élevée «au nom de quelques indépendants» pour saluer les efforts du «premier gouvernement réellement réformateur», qui a «hérité d’une situation ingérable». Boris Eltsine, prévenu qu’un vote contre lui se préparait, a réagi avec le plus grand calme. «Il ne faut pas oublier qu’il y a encore un président». L’opposition de la Douma n’est qu’une «procédure routinière». Mais M. Eltsine avait préféré éviter l’arène. Non seulement il a quitté sa résidence dans la banlieue de Moscou, mais il s’est même encore éloigné pour assister à des manœuvres militaires dans le Grand Nord. Depuis le début de la semaine, le président n’a pas dit un mot pour expliquer à la population le pourquoi des mesures brutales et impopulaires annoncées lundi. En revanche, les responsables de l’économie russe, venus s’expliquer devant la Douma, se sont jetés au feu. Sergueï Kirienko n’a pas tenté de minimiser l’ampleur de la crise. «Nous ne pourrons pas être un gouvernement populaire», a-t-il dit. «Ces prochains 18 mois, la Russie ne pourra compter que sur ses propres forces», a renchéri le ministre des Finances Mikhaïl Zadornov, dans une allusion à la méfiance des milieux financiers. Sergueï Doubinine n’en a pas moins assumé le maintien d’une ligne économique rigoureuse: «Nos priorités sont toujours les mêmes: défendre les citoyens russes, défendre le rouble et le système bancaire». «Si nous renonçons à cette politique, nous renouerons avec l’émission monétaire incontrôlée et l’hyper-inflation, comme en 92-93», a-t-il expliqué. Les déclarations politiques n’ont pas rassuré les marchés: la Bourse clôturait en baisse de 5,5% à l’issue d’une semaine noire, tandis que le rouble a cassé la barre des 7 roubles pour un dollar. (AFP)
La Douma — dominée largement par l’opposition — s’en est donnée à cœur joie vendredi, accusant le gouvernement d’incompétence totale et demandant la tête de Boris Eltsine, désigné responsable en chef de la débâcle financière. Venu s’expliquer devant les députés, le premier ministre Sergueï Kirienko, en selle depuis cinq mois, a prévenu que la crise ne faisait...