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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : scénario pour une tutelle assouplie

Il n’y a qu’un seul postulant déclaré, mais les présélectionneurs officieux sont légion. Chacun y va en effet de son avis sur les qualités dont devrait jouir le futur chef de l’Etat et sur les défauts qu’il ne devrait pas avoir. A considérer l’ensemble de ces critères un vétéran relève avec ironie que «c’est tout simplement la perfection que ces messieurs-dames exigent. Cet oiseau rare, ce superman qu’ils décrivent, si jamais on devait le trouver, les décideurs en voudraient-ils… Et surtout, à quoi cela sert de définir la configuration d’un président privé de pouvoirs. C’est comme si on réclamait pour un rôle muet de figurant dans un drame non chantant de Shakespeare un ténor à la voix de stentor. Supposons que comme cadeau de bienvenue le nouveau président obtienne un rééquilibrage des pouvoirs à son profit, quel changement pourrait-il initier, que pourrait-il faire à l’ombre d’une situation, d’une mentalité aussi pourries…» Partant de ce constat désabusé, cette personnalité note que «l’important n’est pas de s’entendre sur des critères de personnalité, qui d’ailleurs se ressemblent fatalement, mais sur un programme global, élément qui déterminerait mieux que tout le choix présidentiel à faire. Or apparemment aucun effort n’est déployé dans ce sens. Et l’on a la triste impression que la classe politique attend passivement, docilement, le mot d’ordre des décideurs. En attendant les candidats, les forces politiques, les partis et les blocs parlementaires ne se risquent pas à se déclarer». Et de se demander si «les tuteurs ne vont pas eux-mêmes ordonner la proclamation des candidatures et des prises de position des forces politiques pour que le jeu apparaisse pour un temps comme réellement libanais et démocratique, avant que le verdict final ne tombe, comme cela se produisait dans le passé…» On sait que sur ce point précis, le patriarche Sfeir n’est pas de cet avis. Il souligne en effet qu’historiquement ce ne sont pas les étrangers qui faisaient la décision et il en relativise donc les interventions. Le prélat rappelle que même avant l’indépendance il y avait en lice des partis, des courants, des tendances, des leaderships proprement libanais qui se livraient bataille, le peuple connaissant à fond toutes les données du jeu ce qui était normal car il était le premier concerné. Pour la hiérarchie ecclésiastique maronite, c’est une inadmissible anomalie, un torpillage total de l’ordre démocratique que les Libanais ne sachent pas ce qu’il en est et doivent attendre le parachutage inattendu de celui qui aura à gérer leur destin. Il reste que suivant le principe juridique, le doute doit bénéficier à l’accusé: M. Nabih Berry va entamer comme on sait un large tour de consultations préparatoires, à partir du 10 septembre. Il en fera ensuite la synthèse, c’est-à-dire qu’en principe il en dégagera une série de candidatures, qu’il soumettra ensuite au grand électeur syrien. Et ainsi le choix de ce dernier, s’il prend en compte cette liste, refléterait finalement une volonté libanaise. Un compromis en quelque sorte entre une élection véritable et un parachutage brutal. Si cette formule, ce scénario sont effectivement adoptés, on aurait marqué du progrès par rapport à l’expérience des législatives forcées de 1992 et à la reconduction imposée de M. Hraoui en 1995. Les parties locales n’attendraient plus le mot d’ordre final et pourraient au moins exprimer leurs vues propres. Mais on resterait bien évidemment dans les limites d’un système de tutelle. Assouplie mais si certaine, si ancrée dans les mœurs politiques locales que nombre de blocs parlementaires ne voudront probablement pas bénéficier de la liberté de s’exprimer qu’on leur offrira. Et préféreront attendre pour fixer leur position que M. Berry revienne de Damas avec le mot de passe désignant le nouveau chef de l’Etat. Ou avec son équivalent: l’ordre d’amender l’article 49 de la Constitution pour permettre la prorogation du mandat de M. Hraoui ou l’avènement d’un haut fonctionnaire.
Il n’y a qu’un seul postulant déclaré, mais les présélectionneurs officieux sont légion. Chacun y va en effet de son avis sur les qualités dont devrait jouir le futur chef de l’Etat et sur les défauts qu’il ne devrait pas avoir. A considérer l’ensemble de ces critères un vétéran relève avec ironie que «c’est tout simplement la perfection que ces messieurs-dames...