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Actualités - ANALYSE

La République en vacances pendant que les nuages s'amoncellent

Tout récemment, Valéry Giscard d’Estaing a fait la une des journaux en France: l’ancien chef de l’Etat s’indignait que le président de la République et le premier ministre fussent partis tous deux en vacances au loin sous les tropiques, la règle établie par de Gaulle étant selon lui que l’un d’eux au moins devait assurer la permanence sur le territoire métropolitain… Ici, les permanents, les inamovibles, ont procédé à un chassé-croisé. Dimanche, après les commémorations de l’imam Moussa Sadr, le président Nabih Berry est parti en famille et en Italie pour deux semaines de détente. Au même moment exactement, le président Rafic Hariri s’en revenait de Sardaigne, île enchanteresse. Au même moment aussi, ce Sud qui leur est si cher à tous deux, puisqu’ils en viennent et qu’ils en sont les leaders, connaissait l’un de ses tests de tension les plus redoutables. Les Israéliens multipliaient les raids aériens, simulés ou non, et les bombardements, dans une paradoxale préparation d’artillerie pour leur retrait. L’opposition grogne On aura, à titre de comparaison facile, noté qu’au même moment également Netanyahu interrompait pour sa part ses galipettes nautiques en famille dans le lac de Tibériade pour regagner d’urgence son bureau, afin de suivre de près les développements au Sud. Et afin d’exploiter au plus vite la diversion idéale que constituent pour ses visées propres les attentats de Nairobi et de Dar es Salam comme les frappes U.S. en Afghanistan et au Soudan. Dès lors, l’opposition locale grogne à Beyrouth que le moment de prendre des vacances était pour nos dirigeants mal choisi, leur présence étant nécessaire sinon pour prendre des décisions (en général ils sont déchargés de ce souci par les tuteurs) du moins pour faire bonne figure aux yeux des Libanais, des Sudistes surtout, et leur apporter quelque réconfort moral. Un radical, peu soucieux de tact, va jusqu’à soutenir que «tout comme M. Berry s’était abstenu de recevoir les congratulations pour les fêtes à cause du Sud, il aurait dû renoncer à ses vacances et annoncer qu’il resterait aux côtés des gens de sa région, quotidiennement attaquée. Et la semaine que M. Hariri a passée en Sardaigne à bord d’un yacht lui aurait rapporté beaucoup de sympathie populaire s’il l’avait consacrée aux Sudistes. Cela aurait été d’autant plus avisé que les dirigeants ne cessent de clamer que les menaces israéliennes sont sérieuses et que les agressions israéliennes sont intolérables. Multiplier les démarches auprès des Etats-Unis et de la France pour des pressions sur Israël ne peut se faire qu’à partir du territoire national, sinon cela paraîtrait pour le moins inconvenant…». Cet opposant, allant plus loin, soutient qu’«une seule institution, l’armée, agit en tant que telle et comme un vrai corps d’Etat. Et les Libanais s’en rendent bien compte. Ainsi, on n’aura pas manqué de relever que le commandant en chef est constamment en tournée au Sud, visite les villages et inspecte les positions matraquées par l’ennemi. Cette présence est un clair signal de soutien et de protection à l’adresse de la population. Mais une main seule ne peut pas applaudir, dit l’adage. Et du reste l’armée ne se mêle pas de politique et ne peut pas pallier les défaillances des autres. Or, il faut que le Liban devienne un Etat des institutions. Et, à cette fin, les autorités civiles doivent changer de mentalité. Et prendre exemple, répétons-le, sur l’armée où il n’y a ni pistons ni clientélisme ni partage de gâteau ni confessionnalisme, la loi étant appliquée également à tous. Si les politiciens n’entament pas sans tarder une réforme en profondeur de leur comportement global, il serait à craindre qu’un jour les Libanais ne s’en lassent au point d’exiger la remise du pouvoir aux militaires pour qu’ils fassent le ménage. Une expérience que personne ne souhaite, surtout pas un commandement résolument attaché aux principes de la démocratie…».
Tout récemment, Valéry Giscard d’Estaing a fait la une des journaux en France: l’ancien chef de l’Etat s’indignait que le président de la République et le premier ministre fussent partis tous deux en vacances au loin sous les tropiques, la règle établie par de Gaulle étant selon lui que l’un d’eux au moins devait assurer la permanence sur le territoire...