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Actualités - CHRONOLOGIE

Des frasques désormais admises en France

Une «affaire Lewinsky» n’aura probablement jamais lieu en France dont l’Histoire, grande et petite, ancienne et contemporaine, a souvent mêlé sexe et politique, sous l’œil amusé et indulgent de la population. Les aveux télévisés du président Bill Clinton reconnaissant avoir eu une «relation non convenable» à la Maison-Blanche avec une jeune stagiaire, Monica Lewinsky, n’avaient suscité hier aucune réaction particulière de la classe politique française bruissant depuis toujours de rumeurs sur des relations extraconjugales de quelques-uns de ses représentants, parmi lesquels des présidents de la République. Ainsi, le président François Mitterrand, sur le tard de sa vie, a-t-il admis avoir une fille adultérine, Mazarine, qui a assisté aux obsèques de son père en janvier 1996 aux côtés de la famille officielle du président. Un aveu présidentiel et une attitude qui n’ont ni surpris ni scandalisé outre mesure, les Français ayant plusieurs fois eu à connaître dans l’Histoire des frasques de leurs dirigeants. La royauté française, plus particulièrement à l’époque de Louis XIV et Louis XV, regorge d’histoires de boudoirs et de lits quittés à l’aube, dans l’indifférence — ou l’ignorance — des Français malgré la réprobation parfois bruyante de certains défenseurs de la morale. Une indifférence qui traverse les siècles, comme en témoignent notamment des rues de plusieurs villes de France, dont la capitale, portant le nom d’hommes politiques aussi connus pour leur action que pour leurs infidélités conjugales. Ainsi en est-il du président de la Chambre (assemblée nationale) Léon Gambetta, restaurateur de la République en 1870 après la chute du Second Empire et plusieurs fois ministre, mort en 1882 des suites de coups de feu tirés par une maîtresse jalouse. Un président mort en état d’extase La mémoire du président Félix Faure est également honorée de la même façon. A Paris, une avenue porte son nom, sans doute pour se souvenir de son rôle dans le rapprochement entre la France et la Russie plutôt qu’un rappel des circonstances de sa mort, en 1899, au palais de l’Elysée, dans les bras de sa maîtresse et, ajoute la rumeur, en état d’extase. La petite histoire de France retient également les noms de deux présidents du Conseil d’avant guerre, Edouard Daladier et Paul Raynaud, très influencés par leurs égéries. Plusieurs successeurs du général de Gaulle — lui-même totalement à l’abri de toute rumeur de cet ordre — ont donné prise à cette vision singulière de l’Histoire. L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, auteur d’un livre sulfureux en 1994, intitulé «Le Passage», a volontairement ou non, continué d’alimenter les rumeurs sur une vie privée agitée. Rumeurs qui, aujourd’hui, n’épargnent pas davantage l’actuel président Jacques Chirac. Ce dernier, interrogé en janvier dernier sur l’affaire Lewinsky, avait estimé que «le président Clinton (exerçait) toutes ses attributions qui sont naturellement éminentes». Une solidarité toute naturelle entre deux présidents, mais peut-être également, entre deux hommes qui refusent les carcans d’une morale trop rigide. «Même les présidents ont une vie privée», a déclaré le président Clinton dans ses aveux télévisés. Une affirmation sous forme d’évidence pour l’opinion publique française, confirmée hier matin encore par un rapide sondage effectué par la radio privée Europe Un. Aujourd’hui, en France, un premier ministre divorcé ne choque plus, comme l’a été Michel Rocard, et à présent Lionel Jospin. Pas plus qu’un maire, André Labarrère, ancien ministre, ayant publiquement fait état de son homosexualité. (AFP)
Une «affaire Lewinsky» n’aura probablement jamais lieu en France dont l’Histoire, grande et petite, ancienne et contemporaine, a souvent mêlé sexe et politique, sous l’œil amusé et indulgent de la population. Les aveux télévisés du président Bill Clinton reconnaissant avoir eu une «relation non convenable» à la Maison-Blanche avec une jeune stagiaire, Monica...