Réunion au Caire des chefs de l'opposition soudanaise

Les chefs de l’opposition nordiste et de la guérilla sudiste soudanaises ont entamé pour la première fois une réunion au Caire, à un moment où ils se disent près de renverser le régime militaro-islamiste de Khartoum. Les dirigeants de l’Alliance nationale démocratique (AND, organisation de l’opposition nordiste et de la guérilla sudiste) se réunissent habituellement à Asmara, où ils avaient décidé en juin 1995 de lutter par «tous les moyens» contre le régime. «Cette réunion se déroule alors que l’AND s’approche de son principal objectif: un soulèvement populaire protégé par nos fusils et la restauration de la démocratie et du multipartisme au Soudan» bannis depuis le coup d’Etat de 1989, a déclaré le porte-parole de l’AND, M. Farouk Abou Issa. «Durant la réunion du Caire, la direction de l’AND devrait prendre des décisions pour progresser sur la voie du renversement du régime au pouvoir», a-t-il ajouté, sans vouloir donner plus de précisions. «L’option militaire est maintenue comme moyen de réaliser le soulèvement», selon lui. «Aujourd’hui au Soudan, les diverses catégories du peuple sont encouragées par les victoires militaires des forces de l’AND depuis janvier 1997 et n’hésitent pas à manifester publiquement leur mécontentement vis-à-vis du régime», a jugé M. Abou Issa. Il a évoqué les récentes manifestations d’étudiants à l’université de Khartoum pour protester contre les frais élevés de la cité universitaire et la mort d’un de leurs condisciples «sous la torture». L’AND «procédera à une évaluation des divers aspects de la question soudanaise, sous l’aspect militaire, diplomatique, régional et international», a-t-il poursuivi. «Les résultats des récents pourparlers de paix d’Addis-Abeba entre le régime et l’Armée de libération des peuples du Soudan (SPLA, guérilla sudiste menée par John Garang) vont également être évoqués», selon M. Abou Issa. «La situation humanitaire désastreuse dans le sud du pays et les efforts que pourrait déployer l’AND pour résoudre le conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée sont également à l’ordre du jour». La réunion s’achèvera «par la publication d’une déclaration du Caire», a précisé M. Abou Issa, notant que la rencontre suivante se tiendra «à Asmara, sur invitation du gouvernement érythréen, à une date pas encore fixée». La réunion, à laquelle les journalistes et photographes n’ont pas eu accès, se tient dans un bâtiment gouvernemental du ministère de l’Agriculture entouré d’un important dispositif policier. Elle rassemble notamment le colonel Garang, l’ancien premier ministre Sadek el-Mahdi (parti Oumma) renversé en 1989 et M. Mohammed Osmane Mirghani (Parti unioniste démocratique, PUD). Le PUD et l’Oumma constituent les principales formations de l’opposition nordiste. L’AND est née en 1990 et l’alliance inédite de l’opposition nordiste avec la guérilla sudiste a été scellée en 1994 à Asmara. Khartoum a vivement critiqué l’Egypte pour avoir accueillir cette rencontre, estimant que la présence de John Garang équivalait à un soutien à la guérilla. Le président égyptien Hosni Moubarak avait appelé à un cessez-le-feu global au Soudan lors d’une rencontre à Alexandrie avec MM. Garang, Mahdi et Mirghani. Un haut responsable originaire du sud, M. Riek Machar, a accusé l’Egypte de chercher à renverser le gouvernement de Khartoum par la force. (AFP)