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Actualités - DISCOURS

Au cours de la messe traditionnelle à l'intention de la France Matar rend hommage à l'action de Paris en faveur du droit et de la justice (photo)

Conformément à une tradition vieille de 150 ans, coïncidant avec la fête de l’Assomption, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré samedi une messe à l’intention de la France à l’église du siège d’été de l’archevêché, à Aïn Saadé. Assistaient à la messe le chargé d’affaires français au Liban François Sénemaud et son épouse, le conseiller de presse à la chancellerie François AbiSaab, ainsi que de nombreux membres de l’ambassade de France. Du côté libanais, étaient présents le ministre d’Etat Michel Eddé, les députés Nassib Lahoud, Pierre Daccache et Nabil Boustany, les anciens députés Albert Moukheiber, Riad Aboufadel et Fouad Saab, ainsi que d’autres personnalités politiques, religieuses et autres. Dans l’homélie qu’il a prononcée à cette occasion, Mgr Matar a noté que cette messe «pourrait revêtir, aux yeux de certains, l’apparence d’un anachronisme». Toutefois, a-t-il ajouté, «elle s’inspire pour nous d’une conviction profonde selon laquelle prier pour une cause et œuvrer en sa faveur ne peuvent que se rencontrer. Un penseur français n’est-il pas allé jusqu’à dire «que le monde aujourd’hui a plus besoin de gens qui prient que de gens qui combattent»? Selon Mgr Matar, le Liban est «porteur d’un message de convivialité islamo-chrétienne et de dialogue des cultures entre l’Orient et l’Occident». «Nous sommes invités aujourd’hui, nous Libanais, à renouveler notre foi en ce double message. Sinon ce message risque de tomber de nos mains et d’être abandonné de nos esprits et de nos cœurs. Le Liban pour ceux qui y croient n’est pas seulement un pays possible à construire, mais, bien plus, il est une patrie réelle en voie d’accomplissement», a-t-il souligné. «A son tour, la France est chargée d’une mission humaine et culturelle qui lui revient de par son histoire et le génie de son peuple. Elle a pris à cœur d’universaliser sa devise de liberté, d’égalité et de fraternité, de contribuer à la faire adopter par l’ensemble des peuples de la Terre. C’est grâce à elle, en grande partie, que les droits de l’homme et du citoyen sont aujourd’hui perçus comme droits des peuples à la justice et à la dignité, et pour les affirmer aux yeux du monde sa voix est forte et son langage clair», a-t-il dit. «Par ailleurs, le peuple de France, comme celui du Liban, ne cesse de donner à l’Eglise des saints et des maîtres de la vie spirituelle. Nous évoquons ici Frédéric Osanam, qui a été béatifié à Paris par le Saint Père l’an dernier, Thérèse de Lisieux qui a été proclamée docteur de l’Eglise à l’occasion du premier centenaire de sa naissance, et notre bienheureux moine Hardini», a-t-il ajouté. «A l’intention du Liban et de la France, faisons monter à Dieu nos prières, lui demandant de bénir nos deux pays et ceux de toute la Terre, afin que nous demeurions fidèles à nos missions, que nos peuples soient des artisans de paix, et que la Vierge Marie demeure pour nous l’étoile de nos vies, la Source de notre espérance, de notre courage et de notre confiance», a conclu le prélat. L’amitié franco-libanaise Au cours d’un déjeuner offert après la messe, Mgr Matar a prononcé une allocution dans laquelle il a déclaré: «Quand une tradition d’amitié remonte à un siècle et demi d’histoire, sans faille et sans interruption, comme celle qui lie cet archevêché aux consuls et aux ambassadeurs de France au Liban, elle ne peut ressembler qu’au vin qui, avec le temps, se bonifie et se dote d’une valeur inestimable». «L’archevêque Toubia Aoun, notre premier prédécesseur dans cette maison qu’il fit bâtir lui-même autour de l’année 1850, y a réservé une chambre aux consuls de France qui s’y rendaient de Beyrouth pour retrouver chez leur hôte un havre de paix et un climat favorable au dialogue visant à assurer l’intérêt de leurs deux pays. Mgr Debs, son successeur, fondateur du Collège de la Sagesse et bâtisseur de la cathédrale Saint-Georges contribua à introduire, avec l’aide de la France, la modernité dans notre culture d’entre les deux siècles. Il a aussi favorisé l’idée de l’unité nationale préparant ainsi le chemin à l’avènement du Grand Liban en 1920», a rappelé le prélat. «Boutros Chebli, qui lui a succédé, est mort en exil en 1915, payant de sa vie pour la liberté de son pays et son amour pour la France. Mgr Moubarak, archevêque de Beyrouth de 1919 à 1952, a marqué son époque par son courage et son intelligence à concilier entre l’amitié franco-libanaise et la souveraineté de son pays. Faut-il rappeler ici que les Libanais qui ont réclamé le mandat français pour leur pays ne l’ont fait que dans la perspective d’acheminer leur pays vers l’Indépendance. «Aujourd’hui, et à l’aube du 3e millénaire, nous sommes placés sur une carte géographique inconstante et toujours soumise à l’effet des passions et des intérêts contradictoires. Une constante demeure dans tous ces changements, celle de l’amitié que la France porte pour le Liban et qui a donné ses preuves de solidité à travers toutes les péripéties de l’Histoire, passée et présente. Ne s’agit-il pas, se demandent certains, d’une relation toute particulière et privilégiée entre la France et le Liban», a-t-il poursuivi. «Notre réponse à cette question est certes affirmative. Cependant, la relation particulière des maronites avec la France n’a jamais été à caractère exclusiviste, ni fermée sur elle-même. Les maronites ont toujours identifié, et doivent continuer à le faire, leurs intérêts à ceux du Liban tout entier. Je salue ici M. le ministre Michel Eddé qui a signalé dans un discours prononcé récemment devant les membres de la Ligue maronite que cette communauté, ou cette nation comme disait la France, n’a jamais agi dans ce pays en tant que minorité, qu’elle s’est toujours investie pour le Liban avec toutes ses composantes», a encore dit l’archevêque. «Ce que nous disons de l’amitié ouverte des maronites pour la France, nous le disons aussi de l’amitié de la France pour les maronites. La France n’a jamais considéré sa relation privilégiée avec les maronites comme un moyen politique mais comme une finalité. Ce fut au départ une amitié scellée par la communauté de foi. Mais à partir de valeurs communes ainsi partagées, une éclosion en a découlé de culture et d’harmonie universelle basée sur la liberté, l’égalité et la fraternité entre tous les peuples comme entre tous les citoyens. Dans ce sens, la France et le Liban se sont trouvés communier aux mêmes valeurs universelles de l’Esprit, et le cercle qui les réunit est de nature à être élargi, car ces valeurs sont à diffuser et à faire partager sans limites», selon lui. «Nous remercions la France de son amitié indéfectible pour le Liban. Nous la remercions de sa ténacité à vouloir faire triompher le droit dans le monde, et particulièrement dans la région du Moyen-Orient, et à favoriser chez nous une paix juste et digne pour tous. Nous sommes reconnaissants à M. Jacques Chirac, président de la République française, pour avoir effectué trois visites au Liban depuis qu’il a pris en main les destinées de la France, témoignant ainsi devant le monde entier du respect pour notre pays, des valeurs démocratiques et culturelles qu’il représente et de l’importance du rôle qu’il est appelé a jouer dans sa région et dans le monde», a-t-il conclu. La réponse du chargé d’affaires Pour sa part, le chargé d’affaires français a relevé dans sa réponse que la tradition d’amitié entre le Liban et la France, «qui puise ses racines dans un passé riche en histoire, est aussi bien ancrée dans le présent: jamais sans doute les relations franco-libanaises n’ont été aussi vivantes et aussi nourries». «J’en veux pour preuve la qualité et la fréquence des échanges que les hautes autorités civiles et religieuses de nos deux pays ont eues au cours de l’année écoulée. Je pense à la visite pastorale que Sa Béatitude le patriarche Sfeir a faite en France au mois de décembre dernier, et au cours de laquelle il a eu l’occasion de s’entretenir avec les plus hautes autorités françaises», a-t-il indiqué. «Je pense bien sûr à la visite que le président de la République, Jacques Chirac, a effectuée au Liban au mois de mai dernier, à l’occasion de la réouverture de la Résidence des Pins, visite qui a permis de faire le point de notre coopération dans tous les domaines», a ajouté M. Sénemaud. «La France croit en l’avenir du Liban et se tient à ses côtés dans le processus de reconstruction en cours. Nous avons confiance d’abord dans l’énergie, le talent et la détermination du peuple libanais. La réouverture de la Résidence des Pins, au cœur de Beyrouth, est le signe de cette confiance. Notre engagement se traduit par une participation active aux grands programmes de reconstruction du pays. Cet effort ne doit pas porter seulement sur les infrastructures, il doit aussi concerner la société libanaise elle-même dont tant de composantes ont souffert si profondément dans leur chair au cours de ces quinze années de guerre. Cette reconstruction n’est possible qu’avec l’active contribution de tous les acteurs de la société civile, si dynamique au Liban, votre communauté, Monseigneur, joue sur ce plan un rôle indispensable», a-t-il dit. «La reconstruction d’une société juste et solidaire va de pair avec celle d’un Etat doté d’institutions solides, stables et indépendantes consolidant l’Etat de droit et les libertés publiques. Elle va aussi de pair avec une participation de tous aux affaires publiques. A cet égard, les récentes élections municipales, qui ont connu un fort taux de participation dans toutes les régions du Liban, constituent bien sûr un motif de satisfaction pour le Liban tout entier», a noté le diplomate. «J’en viens maintenant au second point que je voulais évoquer, celui du processus de paix, qui concerne directement votre pays. Il va de soi que le Liban a droit à sa pleine indépendance, à sa sécurité et à sa souveraineté recouvrée sur l’ensemble de son territoire. Il a droit à la paix dans une région stabilisée», a-t-il estimé. «Monseigneur, comme vous le savez, la France ne cesse de plaider en faveur de cet objectif, pour le respect du droit, pour le respect des engagements et pour la justice. Nous avons la conviction qu’un règlement durable ne peut être atteint que dans le cadre d’une paix globale concernant l’ensemble de la région. Nous sommes prêts à contribuer à ce règlement, comme l’a rappelé le président de la République, et nous ne ménageons aucun effort pour faire vivre le processus de paix, pour refuser la résignation. Pour ce qui concerne le Liban-Sud, nous demandons, comme vous le savez, une application sans condition de la résolution 425, gage du retour à l’indépendance et à la souveraineté de votre pays», a-t-il encore dit.
Conformément à une tradition vieille de 150 ans, coïncidant avec la fête de l’Assomption, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré samedi une messe à l’intention de la France à l’église du siège d’été de l’archevêché, à Aïn Saadé. Assistaient à la messe le chargé d’affaires français au Liban François Sénemaud et son épouse,...