Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Un avenir prometteur pour le marché du frêt aérien Fadi Saab, PDG de la TMA : la compagnie s'est dotée d'un plan de travail pour lutter contre la concurrence des géants (photo)

Le marché du fret aérien est un marché porteur à l’échelle internationale. L’industrie du fret est estimée annuellement à près de 40 milliards de dollars dans le monde. Ce chiffre pourrait tripler d’ici l’an 2015. Nombreuses sont les compagnies de passagers qui ont créé leur propre département de fret dans le cadre de filiales ou de compagnies sœurs et sont gérées comme des «profit center». Au Liban, ce marché présente certains aléas. Il est conditionné par des paramètres liés au déséquilibre de la balance commerciale, le Liban étant un pays principalement importateur. M. Fadi Saab, PDG de la Trans Mediterranean Airways (TMA) depuis novembre 1996, affirme que le taux de croissance de 8% annuellement enregistré dans les années 70 à 90 constitue une proportion relativement élevée par rapport à l’industrie du transport des passagers qui enregistre une croissance moyenne de 3,4%. «Une certaine récession a été relevée pendant le premier semestre de l’année en cours. Mais cette récession ne devrait pas avoir de répercussion sur le taux de croissance prévu pour les trois années à venir concernant principalement le trafic de fret entre l’Extrême-Orient, l’Europe, le Moyen-Orient et les Etats-Unis». M. Saab fait valoir que le marché local est «irrégulier». «Le déficit de la balance commerciale a des répercussions directes sur l’activité du secteur du fret. Le Liban est un pays importateur et par conséquent la proportion des opérations de transport de marchandises à destination du Liban est nettement supérieure à celle au départ de Beyrouth. Ce qui oblige la compagnie libanaise de fret à se plier à certaines contraintes opérationnelles visant à éviter des vols à vide en intensifiant ses vols triangulaires» (Europe-Liban-Afrique- Europe). Aussi M. Saab devait-il souligner la concurrence féroce des géants du fret qui desservent le marché local à des prix on ne peut plus compétitifs. Ces géants ont l’avantage d’apporter du fret aller sans pour autant avoir à charger du fret retour, le Liban étant pour eux une escale dans le cadre d’un itinéraire dont la destination finale est un pays autre que le pays des Cèdres. Le PDG de la TMA fait valoir par ailleurs que la concurrence sera encore plus déloyale pour les compagnies locales de transport aérien avec la proclamation en l’an 2000 de l’espace aérien du Liban «ciel ouvert». A ce niveau, M. Saab s’en prend au gouvernement l’accusant d’avoir une vision incomplète de la stratégie à mettre en œuvre pour protéger le secteur du transport aérien à partir de l’an 2000. «Cette stratégie est d’autant plus incomplète qu’elle ne reflète que le point de vue de l’Etat», souligne-t-il. Il réclame que la TMA et la MEA, les deux compagnies aériennes libanaises de transport qui font actuellement partie du Conseil supérieur de l’aviation civile en tant qu’observateurs, deviennent des membres à part entière de cet organisme. Une telle mesure permettra aux professionnels du transport aérien d’être associés à l’élaboration de la stratégie d’avenir. Stratégie d’action de la TMA M. Saab affirme que la TMA, seule compagnie spécialisée dans le fret aérien au Moyen-Orient, s’est dotée d’un plan de travail visant à lutter contre la concurrence des géants du fret sur le marché local. Conformément à une étude de marché, la TMA a procédé à une réorganisation de son réseau international adoptant pour cela le système de «Hub and Spoke» pour mettre en œuvre une économie d’échelle. En Europe, elle a centralisé ses opérations à Paris et à Amsterdam. En Afrique, la compagnie opère à partir de Naïrobi et du Caire. Au Moyen-Orient, la centralisation de son activité est à Beyrouth et à Sharja. Le 8 août dernier, elle a inauguré un vol à destination de l’Extrême-Orient devenant la première compagnie arabe à desservir Shanghaï. La TMA dispose de droits de trafic très étendus et importants. Etant la seule compagnie libanaise de fret aérien, la TMA bénéficie par le fait même d’une procédure simplifiée pour accéder à tous les droits de trafic détenus par l’Etat et qui ont trait à son domaine d’activité. Elle dispose également des droits de trafic de la cinquième liberté qui ne sont pas actuellement utilisés mais qu’elle est en droit, à tout moment, de réactiver. (La cinquième liberté est un système qui permet à la compagnie de relier deux capitales sans passer par la base en l’occurrence Beyrouth). Pour assurer des vols réguliers et une meilleure couverture des jours de la semaine tout en réduisant ses frais opérationnels, elle a nommé des agents agréés dans différents pays où elle a fermé ses bureaux et a conclu des accords commerciaux avec d’autres compagnies aériennes et des partenaires stratégiques. Elle projette par ailleurs de développer «le service de porte à porte» notamment au Liban. Pas de fusion entre la TMA et la MEA Selon M. Saab, il n’est pas dans l’intérêt de la TMA de fusionner avec une compagnie de transport de passagers. La TMA est orientée vers la conclusion d’accords commerciaux stratégiques avec des compagnies internationales spécialisées dans le fret. Avec de telles compagnies, elle peut éventuellement envisager une intégration verticale ou horizontale, une complémentarité d’activités lui permettant de bénéficier d’une économie d’échelle et donc de raisonner en terme de synergie. La TMA et la MEA ont signé, rappelle-t-on, l’an dernier, un protocole de coopération dans cinq domaines. Il s’agit d’une coopération commerciale dans certains pays pour assurer le convoi du fret à partir et à destination de ces pays; d’une coopération technique notamment au niveau de la maintenance des avions, les deux compagnies nationales utilisant le même type d’appareils (des Boeing 707); de la création d’une centrale commune d’achats; d’une coopération au niveau du traitement et de l’entreposage du fret aérien des deux compagnies; et d’une coordination dans le domaine de l’encadrement et de la formation du personnel. Un sous-comité a été chargé de définir les modalités d’application de cette coopération. «Mais d’ores et déjà, les deux compagnies nationales de transport aérien sont dans une phase de coordination opérationnelle dans les domaines commercial et technique», souligne M.Saab. Le PDG de la compagnie nationale de fret aérien estime que la coopération entre la TMA et la MEA permet à chacune des deux compagnies d’apporter sa valeur ajoutée malgré les conclusions peu encourageantes d’une étude entreprise, au début des années 90, concernant une éventuelle fusion entre les deux compagnies. Depuis cette date, chacune des deux compagnies a entrepris d’élaborer ses propres plans de redressement et de restructuration. Négociations avec les Américains Pour ce qui est de l’interdiction par les Etats-Unis de l’atterrissage d’avions battant pavillon libanais, M. Saab révèle que depuis la Conférence des Amis du Liban tenue en décembre 1996 à Washington, la TMA est en pourparlers avec les responsables américains pour tenter de débloquer au moins le volet du fret aérien. «Comme les griefs retenus contre le Liban sont d’ordre sécuritaire, souligne M.Saab, nous avons bon espoir de voir les négociations aboutir en fin de compte. Pour aider à dissiper les réticences des Américains qui pourraient craindre pour leurs appareils et leurs équipages à l’AIB, la TMA propose la conclusion d’accords commerciaux avec des compagnies aériennes américaines en vertu desquels sa flotte se chargera de faire les navettes entre le Liban et les Etats-Unis. De toute façon, il est plus facile de contrôler le fret», dit-il. «Il peut être passé au détecteur et contrôlé plus d’une fois pendant les escales, la TMA ne pouvant faire des vols long courrier sans escale». Et M. Saab d’ajouter: «La partie libanaise a la tâche difficile du fait qu’elle négocie avec plus d’un organisme américain concerné par ce dossier en l’occurrence le State Departement, le State of Transport et le FAA….». M. Saab déclare : «L’AIB est désormais sûr». «Les mesures de sécurité qui sont prises dans son enceinte obéissent aux normes de sécurité internationales», affirme-t-il. Village de fret M. Saab ne manque pas de souligner par ailleurs que l’élargissement de l’AIB aura des répercussions positives sur l’activité du transport aérien dans son ensemble. Concernant l’activité de la TMA, il indique que la compagnie libanaise de fret participera à l’organisation du «village de fret» qui sera édifié à l’AIB. Elle est actuellement en pourparlers avec IDAL pour obtenir ce projet en BOT. Il ne fait pas de doute que l’aménagement de zones franches et l’accroissement de la capacité de réception de marchandises de l’AIB, qui passera de 50 000 à 200 000 tonnes, constitueront «un plus» pour le développement de l’industrie du fret au Liban. Le dossier du fret, qui devrait connaître, avec l’avènement du deuxième millénaire, des changements importants, représente incontestablement une affaire intéressante à suivre de près.
Le marché du fret aérien est un marché porteur à l’échelle internationale. L’industrie du fret est estimée annuellement à près de 40 milliards de dollars dans le monde. Ce chiffre pourrait tripler d’ici l’an 2015. Nombreuses sont les compagnies de passagers qui ont créé leur propre département de fret dans le cadre de filiales ou de compagnies sœurs et sont...