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Actualités - CHRONOLOGIE

Carnage en Ulster Une voiture piégée explose à Omagh : 26 morts, plus de 100 blessés(photos)

L’Ulster a connu samedi l’attentat le plus sanglant de l’histoire de ses trente dernières années: une voiture piégée a explosé dans la petite ville d’Omagh, faisant 26 morts et plus de 100 blessés. Il n’y a eu aucune revendication de ce geste mais les soupçons se sont aussitôt portés sur l’«IRA véritable», tandis que tous les observateurs s’accordaient à reconnaître que la paix, signée il y a quatre mois à peine, était désormais menacée. L’«IRA véritable», la plus récente et la plus puissante des trois dissidences de l’IRA opposées à la formule de paix, est née à l’automne 1997; elle avait revendiqué un attentat similaire ayant fait 35 blessés légers voici quinze jours à Bandridge. Tous les groupes paramilitaires protestants respectent en revanche à ce jour le cessez-le-feu. Selon la police, la déflagration est survenue à 15h10 heure locale (17h10 heure de Beyrouth) alors que de nombreux habitants catholiques et protestants de cette ville «mixte» de 45.000 habitants, au centre de l’Ulster, effectuaient des achats. Selon l’enquête, un interlocuteur anonyme a appelé 40 minutes avant le drame, mais en situant le lieu où était censé se trouver la bombe à quelque 350 mètres de l’endroit où elle a effectivement explosé. De sorte que de nombreuses victimes ont été dirigées par la police vers l’engin de mort, en croyant se mettre à l’abri. Le chef de la police d’Ulster Ronnie Flannagon a soupçonné les terroristes d’avoir délibérément donné «une alerte totalement erronée» pour faire un maximum de victimes. Selon des témoins, les mourants et les blessés, parmi lesquels une jeune femme aux deux jambes arrachées et un enfant à la jambe sectionnée, ont été transportés dans une atmosphère de panique à bord de bus, de voitures, par hélicoptères, mais aussi des planches ou même des portes. L’hôpital d’Omagh a été submergée et des médecins et infurmières de toute la province ont été appelés à la rescousse. Une vidéo amateur tournée juste après la déflagration, et diffusée à la télévision, montre des centaines de personnes, dont beaucoup sont en sang, titubant dans la rue ravagée par l’explosion. «Des scènes de dévastation pure. Des corps déchiquetés. Ce que j’ai vu, je ne veux plus le revoir, jamais», a raconté un témoin. Comme d’autres, il s’est précipité sur les lieux du drame, essayant d’apporter de l’aide aux blessés, du réconfort en attendant les secours. «J’ai vu un enfant de deux ans, le corps totalement noirci, de la fumée s’échappait de lui. Un homme était allongé, la jambe arrachée», a-t-il témoigné. Blair à Belfast Il faut remonter à août 1979 pour trouver un attentat d’une ampleur comparable en Irlande du Nord. Dix-huit soldats avaient alors péri dans l’explosion d’une bombe déposée par l’Armée républicaine irlandaise (IRA). «L’IRA véritable» dénonce comme une trahison la stratégie de compromis suivie par l’IRA. Elle est en cela imitée par l’Armée de libération nationale irlandaise (INLA), apparue en 1975, et par le CIRA, (IRA de la continuité), qui s’est peu manifesté ces derniers mois. L’attentat porte un coup très sérieux au processus de paix conclu en avril dernier et entériné par plus de 70% des habitants. Mais les gouvernements de Londres et Dublin, coparrains du processus de paix, les deux Eglises, les politiciens locaux et la reine Elisabeth ont été unanimes pour dénoncer l’acte «barbare». En vacances en France, Tony Blair a immédiatement condamné cet acte «d’une épouvantable sauvagerie», en s’empressant d’ajouter à l’intention de responsables du carnage qu’il ne «les laisserait pas gagner». Les ennemis de la paix doivent être «neutralisés sans pitié», a surenchéri le premier ministre irlandais Bertie Ahern. M. Blair a interrompu ses vacances pour se rendre à Belfast. Aucun déplacement à Omagh n’est pour l’instant programmé, a dit un porte-parole, précisant que Tony Blair devrait passer la nuit en Irlande du Nord avant de regagner la France lundi. Après l’horreur de l’attentat, et alors que l’enquête n’en est qu’à ses balbutiements, c’est l’avenir du processus de paix lui-même qui semble menacé. Les dirigeants de la communauté protestante, qu’ils soient favorables ou opposés aux accords de Stormont — approuvés par plus de 71% des électeurs nord-irlandais lors du référendum de mai dernier —, ont aussitôt réaffirmé que l’absence d’une clause de désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), ainsi que la libération de prisonniers républicains, constituaient de véritable menaces. David Trimple, le premier ministre de l’Assemblée de l’Ulster, a ainsi estimé que l’attentat aurait pu être évité. «Il ne faut pas se méprendre, cette bombe n’aurait jamais été fabriquée, elle aurait encore moins explosé, si le Sinn Féin/IRA avait remis ses explosifs et ses armes», a-t-il dit. «Ce jour restera à jamais gravé dans nos mémoires comme le jour où la violence républicaine s’est enfoncée davantage dans la perversité», a-t-il ajouté. L’attentat a été vivement condamné par Gerry Adams, le chef du Sinn Féin. «Je suis totalement horrifié par cet acte et je le condamne sans équivoque aucune», a-t-il dit dans un communiqué d’une ligne. Jamais le dirigeant de l’aile politique de l’IRA n’avait employé de tels termes après une opération attribuée à un groupe catholique. Mais il est peu probable que cette déclaration aura beaucoup d’impact sur les groupes paramilitaires protestants, qui se sont pour la plupart ralliés à un cessez-le-feu observé depuis 1994.
L’Ulster a connu samedi l’attentat le plus sanglant de l’histoire de ses trente dernières années: une voiture piégée a explosé dans la petite ville d’Omagh, faisant 26 morts et plus de 100 blessés. Il n’y a eu aucune revendication de ce geste mais les soupçons se sont aussitôt portés sur l’«IRA véritable», tandis que tous les observateurs s’accordaient à...