Au musée Gebrane à Bécharré jusqu'au 30 août Une soixantaine d'artistes rendent hommage à l'écrivain , poète, philosophe, peintre (photos)

Le Comité Gébrane Khalil Gébrane organise une exposition en hommage au grand philosophe et poète libanais, au musée qui lui est consacré à Becharré. Ainsi, 60 artistes (49 peintres et 11 sculpteurs) ont planché sur le thème «Inspirations gébraniennes…». Résultat: des oeuvres très variées, inspirées tantôt des peintures du poète, tantôt de ses portraits et autoportraits… Peintures et sculptures occuperont les salles du premier étage à partir de demain et jusqu’à la fin du mois d’août. Visite guidée… Le monastère de Mar Sarkis, adossé aux falaises, à l’entrée du village de Becharré, a été transformé dès 1974 en musée. Abritant les tableaux, les manuscrits, la bibliothèque ainsi que quelques meubles new-yorkais ayant appartenu à Gébrane Khalil Gébrane, le musée a été restauré et rouvert au public il y a trois ans. Il avait été enrichi d’une salle consacrée aux portraits de famille et d’un étage pour les tableaux à l’huile. Des 440 oeuvres répertoriées de Gébrane Khalil Gébrane, 180 se trouvent ainsi exposées en permanence. Organiser une exposition d’artistes libanais rendant hommage à travers leur création au grand Gébrane Khalil Gébrane, «c’est une manière d’attirer l’attention du public sur un autre aspect de cet artiste de génie», explique Antoine Tok, vice-président du Comité Gébrane. «On connait généralement le poète et le philosophe, rarement l’artiste qui a signé de superbes huiles, aquarelles et fusains». Il était temps, d’autant plus que les manifestations qui se dérouleront en octobre à l’Institut du monde Arabe (IMA) à Paris, «consacrent tout un volet à Gébrane: une soixantaine de toiles y seront exposées, ainsi que des manuscrits et des livres empruntés à la bibliothèque personnelle du poète». Le Comité, en collaboration avec l’Association des artistes, peintres et sculpteurs, a proposé à quelque 80 artistes libanais de participer à cet hommage. Leur source d’inspiration devant être «le monde de Gébrane, l’écrivain, le poète, le philosophe et le peintre». Ils ont été une soixantaine, donc, à répondre à l’invitation. Morceaux choisis... Morceaux choisis… Côté sculpture, Sayed Abou Mahfez signe une reproduction, en marbre blanc, de l’autoportrait du poète, cheveux longs, paupières mi-closes, expression empreinte de sérénité… Pierre Karam pour sa part a façonné un portrait en bronze de Gebrane, en relief sur une planche de bois de cèdre. Le philosophe y apparaît tel qu’on le voit sur les portraits pris vers la fin de sa vie: front dégarni, moustache fournie, rides prononcées. Côté peinture, Wajih Nakhlé exécute un crucifié dont le haut du corps émerge d’un tourbillon jaune, comme s’il s’extirpait de la tourmente pour atteindre à un monde plus serein. Pour Halim Jurdak, c’est l’éternelle féminité qui est le centre d’une créativité foisonnante chez Gébrane. Quatre nus de femme, dans lesquels ne varie qu’un geste. Un bras qui se lève avec grâce; une main qui effleure le front… Bassam Kyrillos signe une composition où le visage du prophète, sculpture en terre cuite, traversée de joue en joue par une fissure, comme une fêlure, s’entoure d’une terre couleur sable… Rita Adaïmi peint un homme à la carrure imposante; accroupi dans le coin d’une pièce qui ressemble à une prison; la tête enfoncée entre les épaules, il semble ployer sous le poids du gris qui baigne le tableau. A la main, il tient ses chaînes… Maroun Rahmé dessine, dans un style impressionniste, l’environnement dans lequel a vécu Gébrane Khalil Gébrane: le village de Becharré, avec ses maisons au toit rouge, qui semblent s’imbriquées les unes dans les autres. Georges Zaaytin regroupe tous les thèmes qui constituent l’univers de Gébrane: la femme, l’écriture, la méditation… Wahib Bteddini, à l’instar de Lotti Adaïmi, emprunte au grand poète quelques-uns de ses plus fameux vers. «Vous avez votre Liban, j’ai le mien» semble résumer pour Bteddini toute la pensée politico-philosophique de Gébrane. Quant à Lotti Adaïmi, ses maisons aux couleurs flamboyantes constituent un fond bigarré, comme un écrin sur lequel reposent les imprécations du poète, «Malheur à la Nation qui…» Aref Rayess offre un bouquet de «fleurs de prophète», des sortes de feuilles d’artichauts dont la blancheur contraste avec les couleurs vives du tableau.