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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine limoge le gouvernement et charge Tchernomyrdine de l'intérim (photo)

Boris Eltsine a «ordonné» le limogeage de l’équipe ministérielle en place et «chargé de l’intérim du gouvernement Viktor Tchernomyrdine». M. Sergueï Kirienko, premier ministre sortant, fait ainsi les frais de la crise financière qui a plongé le pays dans la tourmente, la semaine dernière. Depuis, il se trouvait au pied de l’échafaud, alors que le fiasco poussait le président à «sacrifier des têtes». C’est chose faite. M. Kirienko, 36 ans, était devenu premier ministre en mars dernier. Les mesures prises il y a une semaine jour pour jour — dévaluation du rouble et suspension de la dette — avaient provoqué les foudres des députés de la Douma (chambre basse) qui veulent un changement de la politique économique. En limogeant son gouvernement, M. Eltsine reprend l’initiative et tente de faire taire les critiques des députés qui avaient demandé sa «démission volontaire» vendredi dernier. Il avait pris soin de s’écarter de la crise politique et n’avait prononcé aucune parole pour soutenir les décisions annoncées par son gouvernement. Le président Eltsine doit être de retour aujourd’hui lundi au Kremlin, après plus d’un mois de vacances. Outre les difficultés propres à la Russie, le premier ministre a dû affronter une conjoncture internationale particulièrement défavorable depuis sa nomination il y a cinq mois: une forte baisse des prix du pétrole, première source de devises pour le pays, et la crise en Asie qui a contaminé tous les marchés dits «émergents». Sur le plan intérieur, M. Kirienko a tenté de mettre en œuvre une politique de rigueur pour enrayer la spirale de l’endettement et à plus long terme permettre une relance de la croissance. Mais les efforts de ce jeune libéral sans grande expérience et sans soutien politique se sont heurtés dès sa nomination à un Parlement hostile, dominé par les communistes qui ont bloqué ses réformes, ainsi qu’au lobby industrialo-financier, en particulier celui de l’énergie, qui entendait bien continuer à gérer le pays au mieux de ses intérêts. Alors que la crise financière ne cessait de s’aggraver, Sergueï Kirienko n’a eu droit qu’à quelques jours de répit, fin juillet, lorsqu’un prêt exceptionnel de 22,6 milliards de dollars a été accordé à la Russie par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et le Japon. Les marchés ont alors connu une embellie de courte durée. Une crise de confiance aiguë, alimentée par de nouvelles turbulences sur les monnaies asiatiques, a alors gangrené totalement les marchés, obligeant notamment la Banque centrale à puiser chaque jour des dizaines de millions de dollars dans ses réserves pour défendre le rouble. Une politique qui ne pouvait durer éternellement. Lundi dernier, le gouvernement et la Banque centrale ont décidé de jeter l’éponge, annonçant une dévaluation de facto du rouble dont le cours-plancher tombait de 7,1 à 9,5 roubles pour un dollar, le gel de la dette intérieure et la suspension de certains paiements des banques russes à l’étranger. La Douma responsable Dans une interview accordée avant l’annonce de son limogeage et que doit publier aujourd’hui l’hebdomadaire «Itegui», M. Kirienko estime que la Douma a une large part de responsabilité dans l’éclatement de la crise financière. Tout en assumant pleinement et «personnellement» ses responsabilités face à la crise financière et aux mesures annoncées lundi dernier, M. Kirienko déclare que le refus de la Douma (dominée par les communistes) d’adopter les mesures du programme anti-crise a entraîné le pays dans sa chute. «En juillet, le paquet de décisions que nous avons proposé à l’examen de la Douma aurait encore pu être suffisant», relève-t-il dans cette interview. «Une partie de nos propositions ont été définitivement rejetées, et celles que nous avons réussi à adopter par des arrêtés gouvernementaux ou des décrets présidentiels sont contestées devant la Cour constitutionnelle», regrette-t-il, soulignant que dans ces conditions, «il devient très difficile de convaincre les investisseurs». M. Tchernomyrdine, 60 ans, était en charge du gouvernement avant M. Kirienko et avait été écarté par M. Eltsine en raison notamment des ambitions présidentielles qu’il affichait ouvertement. Il est très proche des barons de l’industrie. Viktor Tchernomyrdine, qui a été le fidèle premier ministre de Boris Eltsine pendant cinq ans, a un profil d’apparatchik sans éclat mais il a su au gouvernement à la fois ménager l’opposition communiste du Parlement et se concilier les experts du Fonds monétaire international (FMI). Le limogeage du gouvernement russe a été salué dimanche par le président de la Douma, Guennadi Seleznev, cité par Interfax.
Boris Eltsine a «ordonné» le limogeage de l’équipe ministérielle en place et «chargé de l’intérim du gouvernement Viktor Tchernomyrdine». M. Sergueï Kirienko, premier ministre sortant, fait ainsi les frais de la crise financière qui a plongé le pays dans la tourmente, la semaine dernière. Depuis, il se trouvait au pied de l’échafaud, alors que le fiasco poussait le...