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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : avant tout un problème de mentalité ...

A bien y regarder, il est assez étrange que dans un système où l’on ne fait pas acte officiel de candidature, où donc les postulants virtuels n’ont pas de programme à défendre, on parle de «critères de sélection». En effet, à l’instar du président Rafic Hariri, aussi bien les prosyriens que le camp de l’Est publient un tableau des qualifications requises. Tout le monde se rejoint, plus ou moins sincèrement du reste, pour souhaiter un homme fort, économiquement averti, inspirant confiance à tous et assez représentatif de la rue chrétienne tout en entretenant de bons rapports avec Damas. Dépassant la singularité de chaque modèle, un ancien président du Conseil relève que «dans les pays de haute démocratie, le peuple ou ses représentants remettent le pouvoir à l’homme que la situation, les conditions et les circonstances du moment imposent. S’il y a un problème au niveau de la sécurité, on choisira un Monsieur Muscle capable de faire régner l’ordre et d’instaurer sur le terrain une solide stabilité. Si les difficultés sont d’ordre économique et financier, on élira un expert dans ce domaine. Si la corruption est trop étendue, on se fiera à un nettoyeur au-dessus de tout soupçon». «Du moment, poursuit l’ancien chef de gouvernement, qu’ici la crise socio-économique fait rage, que pour la traiter il faut d’abord assurer ses arrières sur le plan de l’ordre public et que l’une de ses causes les plus criantes reste la corruption, il nous faut un président polyvalent, qui sache faire front sur toutes ces brèches. Plus exactement, ce n’est pas seulement d’un président à la hauteur que nous avons besoin, mais de tout un personnel dirigeant car le pouvoir est partagé. La première condition pour y arriver c’est évidemment que l’on cesse de faire des choix en fonction des intérêts de telle ou telle partie déterminée, locale ou régionale, pour ne considérer que l’intérêt du pays et de l’Etat. Sur une telle base, les disputes entre les pôles d’influence locaux ou les divergences entre grands électeurs étrangers n’auraient plus lieu d’être. La configuration de l’équipe de travail nécessaire pour lutter contre la récession sur tous les plans se dessine d’elle-même». Souhaits Cet ancien dirigeant verse apparemment dans une douce utopie en appelant de ses vœux un changement englobant toutes les figures de proue du système. Il se penche cependant plus spécialement sur le cas de la présidence de la République qui pour le moment est seule en jeu côté mutation. A son avis, «quand on dit qu’il faut un président fort, cela signifie qu’il doit être capable de prendre des décisions cruciales, difficiles, sans tergiverser, sans fléchir devant les pressions, sans se laisser intimider par les puissants de tous horizons. Il devra rendre à la première magistrature, par la seule force de sa personnalité, son prestige et le respect, voire la vénération, qui lui sont dus. Il lui faudra prouver qu’il n’y a personne au-dessus de lui ou au même niveau, pour jouer constamment le rôle de recours ultime, d’arbitre souverain tranchant tous les dilemmes intérieurs». Un rôle que d’autres assument brillamment depuis Taëf. Cet ancien premier ministre, peut-être un peu trop habitué en son temps à voir dans la présidence une pleine autorité exécutive — ce qu’elle n’est plus depuis le même Taëf —, souligne ensuite que «la situation exige un homme intègre. Non pas dans un sens passif, mais dans un sens profondément actif. Sa propre morale devra en effet le conduire à nettoyer vraiment les écuries d’Augias, sans avoir peur de se salir les mains ou de se faire des ennemis. En effet, si l’on ne combat pas efficacement la corruption, le clientélisme et tout ce qui s’ensuit, on ne pourra jamais assainir les finances publiques. Et par voie de conséquence on ne pourra jamais redresser l’économie nationale. Car il ne faut pas oublier cette pesante réalité: dans ce pays où l’on chante tant l’initiative privée, la seule entreprise qui ait vraiment du poids sur le plan économique c’est l’Etat. Il est de loin le plus gros employeur, le plus gros entrepreneur, le plus gros débiteur aussi et partant de son équilibre budgétaire dépend totalement en définitive la santé économique du Liban. Or à l’échelle où elle est pratiquée, la corruption est un virus qui peut nous conduire à la faillite. Il est donc indispensable de l’éradiquer sans faiblesse, d’ouvrir tous les dossiers noirs, même si le système devait en trembler sur ses fondements politiques…» On peut toujours rêver. Mais une seule main n’applaudit pas, dit l’adage. Et on voit mal ce qu’un président vertueux pourrait faire seul contre tout un système, toute une mentalité…
A bien y regarder, il est assez étrange que dans un système où l’on ne fait pas acte officiel de candidature, où donc les postulants virtuels n’ont pas de programme à défendre, on parle de «critères de sélection». En effet, à l’instar du président Rafic Hariri, aussi bien les prosyriens que le camp de l’Est publient un tableau des qualifications requises. Tout le...