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Actualités - REPORTAGE

La grande prêtresse de la Soul à Baalbeck Nina Simone, un enthousiasme que rien ne semble entamer (photos)

Ils étaient venus nombreux à Baalbeck pour applaudir la prêtresse de la soul, Nina Simone. Charismatique, la chanteuse noire américaine n’a rien perdu de son enthousiasme et de sa vivacité. Grande professionnelle de la scène, elle y a déployé une présence faite de charme et d’humour, n’hésitant pas — nonobstant sa lourde silhouette — à se déhancher sur des rythmes africains… Et malgré sa voix qui avec l’âge a quelque peu perdu en élasticité, malgré l’acoustique qui par moments laissait à désirer, le public a ovationné la grande dame de la soul, lui sachant gré d’un moment de bonheur privilégié… Le firmament de Baalbeck scintille de mille étoiles, le souffle chaud d’une légère brise enveloppe les monumentales colonnes, les quatre musiciens qui accompagnent Nina Simone s’installent sur scène. Alvin Schackman à la guitare, Leopoldo Fleming aux percussions, Paul Robinson à la batterie et Tyrone Jones à la guitare basse. A peine le temps d’une introduction musicale et la grande chanteuse fait son entrée. La démarche hésitante, elle traverse lentement les planches sous une avalanche d’applaudissements, et s’installe au piano. «Every time I feel the spirit», «Sinner man», les premiers titres laissent le public plutôt… de marbre. Il faudra que la diva de la soul déploie tout son savoir-faire, invitant régulièrement les spectateurs à chanter avec elle. «I can’t hear you!» lance-t-elle sur un ton gouailleur. Elle lâche le clavier du piano, tape des mains pour marquer le tempo, et quand la salle suit, enfin, le mouvement, elle retourne à son piano. Lentement, l’on s’échauffe. Pour «When I see the blood», la voix éraillée de Nina Simone monte a capella, les percussions seules marquant la mesure. A la fin du morceau, elle se lève de son tabouret et applaudit le public qui l’a si bien accompagnée… «Here comes the sun» déploie un tempo endiablé; Nina Simone donne la cadence. Ensuite, elle quitte son piano, s’approche de ses musiciens, et, sur des rythmes africains, elle exécute quelques pas de danse, quelques déhanchements, au grand plaisir du public. «J’ai été voir Mandella» chante-t-elle. Elle clame partout l’admiration et la dévotion qu’elle témoigne au leader sud-africain. «I love you Porgy» se transforme en chant d’amour pour Baalbeck, «I want to stay here, in Baalbeck» entonne-t-elle. Le public le lui rend bien: les «we love you» fusent de toute part. Dans le silence qui précède un morceau, un «voulez-vous m’épouser?» fuse des gradins. La grande dame, la moue dubitative et le ton cocasse, lance, «une proposition de mariage?». Déclenchant l’hilarité des spectateurs… Toujours à l’écoute des réactions du public, elle ne rate pas une occasion de lui témoigner son intérêt, d’engager avec lui la conversation, de partager avec lui un moment unique… La scène, cela ne s’improvise pas, cela vient du fond du cœur… Avec «He’s got the whole world in his hands», elle donne la preuve, s’il en était besoin, de ses talents de pianiste… Elle interprète «Mississippi God Damn» avec la même émotion qui l’a conduite à la composer en 1963, suite à l’assassinat de quatre enfants noirs, dans une Amérique en proie aux guerres interraciales. Cet appel à la révolte semble devoir rester à jamais une plaie vive dans le cœur de cette chanteuse qui n’a jamais cessé de lutter pour l’égalité des droits civiques… «Vous avez entendu parler de Martin Luther King, lance-t-elle, de Mandella, de Duke Ellington, de Ella Fitzgerald? J’ai entendu dire qu’elle est passée à Baalbeck, il y a de nombreuses années». Et d’affirmer, parlant des Etats-Unis, «notre pays est plein de mensonges...». «Sealion woman», «My way» et pour terminer «My baby just cares for me». Bissée, elle offrira au public un «Ne me quitte pas» poignant…
Ils étaient venus nombreux à Baalbeck pour applaudir la prêtresse de la soul, Nina Simone. Charismatique, la chanteuse noire américaine n’a rien perdu de son enthousiasme et de sa vivacité. Grande professionnelle de la scène, elle y a déployé une présence faite de charme et d’humour, n’hésitant pas — nonobstant sa lourde silhouette — à se déhancher sur des...