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Actualités - OPINION

Tribune La peine capitale en question

De nombreux Libanais ne ratent aucune occasion pour se vanter de l’adhésion du Liban à la Déclaration Universelle des droits de l’homme, mettant l’accent, au passage, sur la ratification par le gouvernement libanais, en 1976, du Pacte international sur les droits civiques et politiques. En dépit des acquis enregistrés (théoriquement) sur ce plan, l’attitude des autorités libanaises à l’égard de ces deux chartes demeure toujours marquée par une inqualifiable irresponsabilité. La dernière en date des aberrations enregistrées par le pouvoir dans ce cadre fut la double exécution publique de Tabarja. Il n’est nullement dans notre intention de défendre des condamnés et de justifier leurs vols ou leurs meurtres. Il reste, cependant, que toutes les juridictions mises en pratique par les différentes civilisations humaines, tout au long de leur histoire, consacrent le droit à la vie. Tel est le cas, plus particulièrement, de la Déclaration Universelle des droits de l’homme (article 3). Le criminel ou le condamné, étant d’abord un être humain, jouit d’une dignité inhérente à son origine humaine. Quelle que soit la peine qu’il doit assumer, sa dignité «d’être humain» doit toujours prévaloir. Même si le pacte international relatif aux droits civils et politiques n’oblige pas les Etats signataires à supprimer la peine de mort, il les limite néanmoins aux crimes «les plus graves» en vue d’une abolition complète (article 6 paragraphe 6). Il est bien clair que les directives du pacte ne donnent aucunement le droit d’infliger la peine de mort, mais considèrent bien que cette phase n’est que transitoire. L’argument relevé d’habitude par les défenseurs de la peine de mort est bien entendu l’effet dissuasif ou plus simplement l’exemple donné aux autres. En prenant comme point de départ le concept général de toute peine, il est réfléchi dans un esprit réformateur, correctionnel et non dans l’esprit répressif de vengeance. Dans ce cadre, j’aimerai me référer à une étude effectuée aux Etats-Unis depuis quelques années et qui montre que dans un même pays, au sein d’une même société partageant la même échelle de valeurs, le taux de criminalité dans un Etat qui n’a pas aboli la peine de mort est légèrement plus haut que dans un autre qui a aboli la peine capitale. L’effet dissuasif avancé par certains est désormais fortement ébranlé. Nombreux sont les exemples qui montrent que la répression n’a jamais été l’instrument de la dissuasion, au contraire ils constituent une preuve supplémentaire d’un pouvoir coercitif qu’aucune législation démocratique ne peut légitimer. Dans l’affaire évoquée plus haut et dans beaucoup d’autres aussi, l’exemple social aurait été mieux donné par une attitude correctionnelle positive des autorités que par l’action répressive. Dans cette application de la peine capitale, si loin de notre humanité, l’Etat intériorise dans l’inconscient collectif une valeur selon laquelle tuer est accepté pour certains motifs «valables». Le mot «valable» peut par conséquent revêtir différentes interprétations dans le lexique particulier d’un citoyen ordinaire: alors, nourrir ses enfants devient un motif «valabe» pour tuer et ainsi de suite. Pour parler des conséquences fâcheuses que peut avoir sur la société une exécution publique il suffit de se rappeler les deux incidents survenus dans la Békaa, dans le village même dont étaient originaires les deux condamnés exécutés à Tabarja. Pour clore enfin cette page peu édifiante pour notre société, il nous reste à demander aux autorités libanaises de signer dès à présent, le deuxième protocole optionnel (du pacte international relatif aux droits civils et politiques) et de supprimer dans ce même élan la peine de mort. En attendant, la suspension des exécutions est fortement recommandée par pitié pour l’opinion publique.
De nombreux Libanais ne ratent aucune occasion pour se vanter de l’adhésion du Liban à la Déclaration Universelle des droits de l’homme, mettant l’accent, au passage, sur la ratification par le gouvernement libanais, en 1976, du Pacte international sur les droits civiques et politiques. En dépit des acquis enregistrés (théoriquement) sur ce plan, l’attitude des autorités...