Monica Lewinsky a répondu à toutes les questions

Monica Lewinsky a parlé et le compte à rebours des dix jours qui risquent d’ébranler la Maison-Blanche a commencé avec cette déposition; il s’achèvera, en effet, le 17 août avec le témoignage de Bill Clinton. L’ex-stagiaire de la Maison-Blanche a reconnu avoir eu une liaison avec le président, relatant «avec force détails graphiques une relation sexuelle d’un certain type», a cru savoir la chaîne de télévision CNN (VOIR AUSSI PAGE 11). La relation entre Monica Lewinsky et Bill Clinton a commencé en novembre 1995 et s’est poursuivie pendant dix-huit mois. Au total, tous deux se sont livrés à «ces jeux sexuels d’un certain type» — une douzaine de fois, selon les dires de la jeune fille. Ces étreintes sexuelles auraient eu lieu au cœur même de la Maison-Blanche, dans un petit bureau privé attenant au Bureau ovale. La jeune Californienne, qui a contredit ainsi la déclaration faite sous serment par le président Clinton, a également confirmé que tous deux avaient parlé des moyens de garder secrète leur relation; elle a toutefois précisé que le chef de l’Exécutif américain ne lui avait pas demandé «directement» de mentir à la justice. Pendant neuf heures, Monica Lewinsky a déposé. Accompagnée de ses avocats, elle était arrivée au tribunal peu avant 8h30 heure locale. Empruntant un ascenseur réservé aux juges, elle s’est rendue au troisième étage du bâtiment, où siègent les 23 jurés populaires qui font office de chambre de mise en accusation. Elle devait reprendre le même chemin neuf heures plus tard. Le porte-parole de la jeune fille, Judy Smith, a refusé de préciser si le témoignage était terminé ou quand il reprendrait. De bonne source, on affirmait cependant vendredi qu’elle pourrait être appelée à témoigner de nouveau, peut-être mardi prochain. La déposition a apparemment constitué une épreuve douloureuse pour Monica Lewinsky. Gephardt «en a marre» Selon la presse, Mlle Lewinsky était prête à reconnaître avoir eu des relations sexuelles avec M. Clinton, de novembre 1995 à l’été 1997, contrairement à ce que tous deux ont affirmé sous serment à la justice. Mais le président aurait limité ces jeux sexuels à certaines pratiques, lui expliquant qu’il ne considérait pas dès lors qu’il s’agissait de relations sexuelles. Elle était également prête à dire qu’ils s’étaient mis d’accord pour cacher leur liaison, et que Bill Clinton lui avait fait des suggestions pour l’y aider. Elle a répondu à «toutes les questions», a précisé son porte-parole entrant probablement dans les détails intimes d’une relation dont le procureur indépendant Kenneth Starr a traqué tous les indices depuis janvier, sur la base de confidences enregistrées à l’insu de Monica Lewinsky par son amie Linda Tripp. La Maison-Blanche s’est refusée vendredi à commenter les aveux de Monica Lewinsky. Le porte-parole Barry Toiv s’est contenté de rappeler que le président s’exprimera «sincèrement et complètement» le 17 août, ajoutant que l’enquête du procureur indépendant s’était caractérisée par «quatre années de fuites, rumeurs et insinuations». M. Clinton témoignera sous serment, depuis la Maison-Blanche, lors d’une rencontre avec les procureurs qui sera retransmise en direct par circuit vidéo aux 23 jurés populaires. Pour l’instant, la présidence s’en tient à la ligne de conduite qui a été la sienne tout au long de ces dernières semaines: éviter de parler de l’affaire, rappeler à la moindre occasion — dans l’espoir de braquer l’opinion publique contre Kenneth Starr — que l’enquête a déjà coûté 40 millions de dollars (sous-entendu au contribuable) et jouer sur la lassitude des gens. Les observateurs n’ont pas manqué de relever que les attentats de vendredi contre les ambassades US à Nairobi et Dar-es-Salaam sont venus à point nommé pour détourner l’attention du scandale Lewinsky. Commentaire du chef de la minorité démocrate du Sénat Richard Gephardt: «J’en ai marre de cette histoire (...). La plupart des gens en ont marre. J’espère simplement qu’elle pourra se terminer vite».