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Actualités - CHRONOLOGIE

Les USA confrontés en Afrique au spectre du terrorisme Deux attentats contre les ambassades des Etats-Unis à Nairobi et Dar Es Salaam font plus de 70 tués et un millier de blessés La Maison Blanche a certaines idées sur les auteurs des explosions, qui appartiendraient au Jihad égyptien (photos)

Coup sur coup, et à quelques minutes d’intervalle, à Nairobi d’abord, à Dar-es-Salam ensuite, deux attentats à la voiture piégée ont été commis contre des ambassades américaines, faisant prendre conscience aux Etats-Unis que leurs intérêts à l’étranger — cette fois sur le continent noir — demeurent des cibles privilégiées du terrorisme. Et que l’Afrique pourrait devenir, après les conflits liés à la guerre froide, un nouveau champ de bataille. Le bilan de cette terrible journée aura été de près de soixante-dix morts, dont au moins huit Américains, et d’un millier de blessés, le bilan n’étant pas encore définitif en raison des difficultés rencontrées par les équipes de secours. Déjà la Maison-Blanche a fait savoir qu’elle avait «certaines idées» sur les auteurs, probablement, croit-on savoir, des membres de l’organisation islamiste égyptienne du Jihad. La plus puissante des deux explosions s’est produite vers 10h30 heure locale dans le quartier d’affaires de Nairobi, la capitale du Kenya. Elle a fait 37 tués, dont huit Américains parmi lesquels un enfant. Six autres employés américains de l’ambassade sont toujours portés manquants et 15 autres demeurent hospitalisés, ainsi qu’un millier d’autres blessés. Parmi les blessés légers, figure l’ambassadrice des Etats-Unis, Mme Prudence Bushnell, qui rentrait d’une réunion dans un immeuble avoisinant. L’attentat, déclenché vraisemblablement par une voiture piégée garée dans un parking derrière l’ambassade, a endommagé trois immeubles de la grande avenue Haile-Selassié, dont l’un s’est complètement écroulé, bloquant de nombreuses personnes dans les décombres. Un suspect a été arrêté par la police kenyane peu après l’attentat, selon des témoins sur place. Plusieurs heures après l’explosion, les sauveteurs continuaient de dégager des survivants et de retirer les cadavres des tas de gravats. L’ambassadrice blessée L’explosion, survenue à une heure de grande affluence dans les rues industrieuses du centre de Nairobi, a fauché un autobus qui se trouvait à l’arrêt à un feu rouge. En outre, six voitures ont brûlé derrière l’ambassade, gardée par des Marines armés et dont la façade arrière a été gravement endommagée. Les hôpitaux de la ville ont été placés en état d’alerte pour accueillir tous les blessés et les autorités sanitaires ont lancé des appels pour que tous les médecins et infirmières disponibles viennent prêter main forte aux secours. Un petit immeuble situé entre l’ambassade américaine et l’immeuble de la Corporative Bank, le Gateway House, s’est effondré et des dizaines de sauveteurs bénévoles ou de la Croix-Rouge tentaient de sortir les personnes coincées sous les décombres. Toutes les fenêtres de l’immeuble de l’ambassade américaine ont volé en éclat et les supports métalliques qui les entourent ont également été détruits. Des employés sont restés bloqués dans les étages supérieurs de l’immeuble de la Corporative Bank, où se trouvait également le ministre du Commerce, Joseph Kamotho, qui a été blessé dans l’attentat. Toute la journée, un ballet d’hélicoptères survolait le centre-ville où retentissaient les sirènes des ambulances et des voitures de police. La plupart des magasins du centre-ville ont fermé leurs portes. Le président kenyan Daniel arap Moi s’est rendu sur les lieux dans l’après-midi. L’explosion a soufflé les vitres des immeubles à 300 mètres à la ronde, provoquant une énorme panique dans les rues. Des flaques de sang restaient visibles jusqu’à plusieurs centaines de mètres du lieu de l’explosion. Enquêteurs du FBI A Dar-es-Salaam, capitale de la Tanzanie, l’explosion — causée, semble-t-il, pas une voiture piégée — s’est produite pratiquement au même moment, faisant sept tués, dont cinq employés de l’ambassade, tous Tanzaniens. Il y a eu en outre 58 blessés. L’explosion a légèrement endommagé les ambassades de France et d’Allemagne voisines de la mission américaine, mais sans faire de victime. Dans un premier commentaire officiel, un porte-parole du Conseil national de sécurité, P.J. Crowley, a affirmé: «Je suis persuadé que nous avons déjà certaines idées sur qui pourrait être responsable» de ces deux attentats. Jeudi, une organisation islamiste égyptienne, le Jihad, avait annoncé «des représailles» contre les Etats-Unis, accusés d’avoir «planifié» l’extradition vers l’Egypte de sept de ses militants résidant en Albanie et dans un autre pays de l’Est. «Nous voulons informer les Américains que nous avons reçu leur message et que nous sommes en train de préparer la risposte. Prenez-en bien conscience», menaçait le Jihad. Le FBI (Sureté fédérale américaine) a annoncé qu’il avait envoyé des enquêteurs et des experts en explosifs à Nairobi et Dar es-Salaam. Dans le même temps, la sécurité des ambassades US et autres bâtiments officiels de par le monde a été renforcée et les ressortissants américains vont être requis de s’abstenir de se rendre au Kenya et en Tanzanie. La surveillance a également été renforcée vendredi autour et à l’intérieur des locaux du département d’Etat. Les drapeaux flottant sur les bâtiments publics à Washington ont été mis en berne en l’honneur des employés des deux ambassades tués dans ces attentats. Une cellule de crise d’une vingtaine de personnes a été immédiatement mise en place au département d’Etat. Sa tâche a été compliquée par le fait que les explosions ont endommagé les moyens de communications, dont les liaisons téléphoniques codées ou protégées, entre les deux ambassades et Washington. Alors que le département d’Etat s’efforçait de rassembler des informations, des interrogations ont commencé à poindre au sujet de l’incapacité des agences américaines de renseignements à prévenir ces violences. Les spéculations allaient bon train également sur les possibles motifs de cette attaque au regard de l’actualité. Les tentatives infructueuses de relance du processus de paix au Proche-Orient, une nouvelle crise sur les inspections d’armement en Irak et l’hostilité persistante avec la Libye et le Soudan étaient évoquées aux Etats-Unis. Des responsables américains affirmaient en privé vendredi qu’ils ne pensaient pas que les attaques des deux capitales africaines étaient le fait d’organisations locales. Ils soulignaient par ailleurs qu’aucun différend particulier ne troublait les relations entre Washington et ces deux pays.
Coup sur coup, et à quelques minutes d’intervalle, à Nairobi d’abord, à Dar-es-Salam ensuite, deux attentats à la voiture piégée ont été commis contre des ambassades américaines, faisant prendre conscience aux Etats-Unis que leurs intérêts à l’étranger — cette fois sur le continent noir — demeurent des cibles privilégiées du terrorisme. Et que l’Afrique...