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Actualités - CHRONOLOGIE

Hariri décide une majoration des pensions et des traitements , Berry crie au chantage Nouvelle surenchère dans la partie de ping-pong sur les salaires

L’Exécutif a créé la surprise hier en augmentant le coût d’une échelle des salaires qu’il jugeait à la base onéreuse, suscitant ainsi une série d’interrogations sur le sens caché de cette initiative qui doit être approuvée en principe demain en Conseil des ministres et qui a été jugée assez suspecte par le chef du Législatif, M. Nabih Berry, pour justifier un entretien nocturne avec le président de la République, M. Elias Hraoui. Après avoir poussé de hauts cris en raison de la révision à la hausse, en commissions parlementaires, de certains barêmes figurant dans le projet de loi sur la nouvelle échelle des salaires, et mis en garde contre une dévaluation de la livre et une crise financière, le gouvernement s’apprête à relever les salaires des fonctionnaires à la retraite, des professeurs de l’Université libanaise et des contractuels du ministère de l’Information. En effet, la commission ministérielle présidée par M. Rafic Hariri est chargée d’étudier l’opportunité de la hausse de 30% décidée en commissions parlementaires des salaires de base des fonctionnaires qui ont pris leur retraite avant 1991 a trouvé plus «judicieux» d’uniformiser les salaires des fonctionnaires à la retraite (VOIR PAGE 3). Dans le même temps, le ministre d’Etat aux Finances, M. Fouad Siniora, acceptait le relèvement du traitement minimal des professeurs de l’Université libanaise d’un million 750 mille livres à un million 875 mille, et le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, s’entendait avec le chef du gouvernement pour la majoration des traitements des contractuels de son département. Le ministère de l’Information en compte 1.700. Ceux qui, parmi eux, ont des rétributions mensuelles équivalant aux traitements des fonctionnaires cadrés bénéficieront d’une augmentation similaire à celle que ces derniers obtiennent en vertu de la nouvelle échelle des salaires. Si cet accès de générosité étonne c’est parce que l’Exécutif a décidé en deux temps trois mouvements de prendre le contre-pied d’une politique qu’il affirmait suivre scrupuleusement et qui se fonde sur le principe selon lequel toute nouvelle dépense doit s’accompagner des recettes correspondantes. C’est aussi, parce qu’il a posé un nouvel obstacle au vote de la nouvelle échelle des salaires, en en augmentant le coût tout en s’abstenant de déterminer des sources de financement. Jusqu’à présent, le mystère demeure entier quant aux moyens auquel il compte recourir afin de réunir les fonds nécessaires pour payer à ses fonctionnaires les centaines de milliards de livres que représentent leurs traitements. De nouvelles recettes Dans la conférence de presse qu’il a lui-même tenue pour annoncer l’uniformisation des pensions de retraite, le chef du gouvernement a pris soin de ne pas aborder ce volet du problème, se contentant de mettre l’accent sur la nécessité de traiter sur un pied d’égalité les fonctionnaires de l’Etat, sachant bien que ce sont les sources de financement qui constituent un obstacle de taille devant l’approbation de l’échelle des salaires. Son explication a été mal accueillie dans les cercles parlementaires où l’on n’a pas hésité à situer ce revirement d’attitude de l’Exécutif, dans le cadre du bras de fer engagé entre les chefs du Parlement et du gouvernement, MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, avec pour toile de fond l’échéance présidentielle. Dans les milieux proches du chef du Législatif, on estime que M. Hariri cherche à atteindre deux objectifs: on n’hésite pas ainsi à parler d’un nouveau «chantage» pratiqué vis-à-vis de la Chambre dans le but de l’amener à collaborer avec l’Exécutif pour fixer les nouvelles taxes qui doivent être imposées afin de réunir les fonds nécessaires à la nouvelle échelle des salaires. Le gouvernement veut associer l’autorité législative au choix impopulaires qu’il compte prendre, au moment où le Parlement s’oppose fermement à une telle orientation et considère que c’est le Cabinet Hariri qui doit payer le prix d’une méthodologie qu’il s’est acharné à suivre en dépit des mises en garde répétées de la Chambre contre ce qu’elle appelle «la politique des priorités inversées». On suspecte aussi le gouvernement, et plus particulièrement son chef, d’avoir voulu adopter cette tactique pour enliser le Parlement dans un bourbier social aux fins d’affaiblir sa position à l’approche de l’échéance présidentielle. Apparemment déterminé à ne pas se laisser entraîner sur cette voie, M. Berry s’est rendu hier auprès du président Hraoui pour l’informer «solennellement» de son opposition à toute taxe qui accablerait la population. Le président de la Chambre a informé M. Hraoui que le gouvernement a pu réunir les fonds que commande la nouvelle échelle des salaires grâce à la surtaxe douanière de 2%, à la taxe de 5% imposée aux hôtels et restaurants, à la taxe de 10% sur les cigarettes, à la majoration des tarifs des communications téléphoniques et de la taxe mécanique et grâce aussi aux économies qu’il a pu faire en convertissant une partie de sa dette interne en dette externe par l’émission de Bons du Trésor en devises. M. Berry a contesté de la sorte les indications de M. Siniora qui avait estimé que toutes ces taxes couvrent seulement 40% de l’échelle des salaires. Selon le chef du Législatif le gouvernement peut réunir davantage d’argent pour peu qu’il révise son contrat avec les compagnies de téléphone cellulaire et qu’il se résigne à mettre en application le plan de redressement établi en novembre dernier. Il a exprimé une opposition farouche à tout projet de surtaxe du prix de l’essence dans la mesure où il entraînera une flambée générale des prix, ce qui équivaudra à prendre d’une main ce qu’on accorde d’une autre aux fonctionnaires. Il reste que, même si M. Berry a confirmé que l’échelle des salaires serait approuvée en commissions, le vote du texte en séance plénière à la Chambre parait compromis à la lumière de l’épreuve de force entre MM. Berry et Hariri qui pourrait se traduire par le refus du chef du gouvernement de signer le décret d’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire. M. Berry envisageait de convoquer le Parlement durant cette session pour voter les nouveaux traitements des fonctionnaires. Quoi qu’il en soit, une trêve est à prévoir du moment que MM. Berry et Hariri quitteront chacun le pays vers la fin de cette semaine pour quelques jours de vacances à l’étranger. Question de faire le plein d’énergie, en prévision d’un nouveau round dans ce combat de chefs.
L’Exécutif a créé la surprise hier en augmentant le coût d’une échelle des salaires qu’il jugeait à la base onéreuse, suscitant ainsi une série d’interrogations sur le sens caché de cette initiative qui doit être approuvée en principe demain en Conseil des ministres et qui a été jugée assez suspecte par le chef du Législatif, M. Nabih Berry, pour justifier un...