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Actualités - ANALYSE

Mission Annan : Beyrouth court après Damas pour une concertation urgente...

On s’en serait douté: ce sont les dirigeants libanais, et non les dirigeants syriens, qui réclament un sommet libano-syrien élargi pour savoir quelle position arrêter par rapport à la mission Annan et aux idées que le secrétaire général de l’ONU pourrait véhiculer en ce qui concerne le Sud. Beyrouth, dont les constantes diplomatiques sont aussi simples que connues, tient en effet à vérifier que Damas continue à les partager et qu’il n’y a pas de soudain changement au programme. En ricanant un petit peu, un ancien ambassadeur note que «nos cadres ont peur de se faire taper sur les doigts, comme cela s’est produit plus d’une fois notamment en juillet 93, s’ils devaient par esprit national, suprême maladresse, réagir aux éventuelles propositions d’Annan d’une manière qui déplairait à leurs tuteurs. Ils préfèrent donc prendre leurs précautions, comme on dit dans les cours de récréation cinq minutes avant que ne sonne la cloche, et se faire remettre un guide de l’utilisateur qui leur permette de savoir quoi répondre au secrétaire général sans risquer de fâcher Damas». Sage prudence en effet: on se rappelle ce qu’il était advenu lors de l’accord dit du 17 mai imposé par George Shultz. «Durant les pourparlers, soutient la même personnalité, le président Amine Gemayel se sentait plutôt rassuré: il tenait les Syriens informés de chaque étape, par le truchement de son ministre des Affaires étrangères Elie Salem et n’en entendait aucune objection. Puis, à la signature, brusque levée de boucliers des prosyriens comme de la rue qu’ils contrôlaient contre l’accord. Le premier ministre de l’époque, M. Chafic Wazzan, avait lui-même dénoncé le traité dont un codicille exigé par Israël liait le retrait des troupes de cet Etat à celui des forces syriennes présentes au Liban. Et puis il y a eu les événements de la montagne d’où Israël, lui-même désireux de court-circuiter un accord un peu trop américain, s’était brusquement retiré…» Cette personnalité évoque ensuite de nouveau «la gaffe involontaire de 93. En ce temps-là, le pouvoir libanais avait cru bien faire en réservant un accueil favorable aux recommandations de l’ONU et de Washington, avec l’approbation d’Israël, de déployer son armée au Sud dans la zone FINUL. Damas avait vu rouge et avait envoyé M. Farouk el-Chareh à Baabda mettre les choses au point: une telle initiative servirait les desseins d’Israël. Et serait dangereuse car elle créerait une possibilité de confrontation entre l’armée et la résistance libanaises… Bien entendu, après une telle admonestation rendue publique, Beyrouth, «honteux et confus» comme le corbeau de la fable, fit aussitôt machine arrière et amende honorable. Il ne voudrait pas aujourd’hui prendre le risque d’une telle volée de bois vert qui lui ferait encore une fois perdre la face». «Un risque qui est effectif, affirme cet ancien diplomate. Car la position du Liban est aussi complexe que délicate. Il prétend en effet concilier tout à la fois son attachement à la 425, donc à un retrait israélien inconditionnel du Sud et au jumelage de ce dossier avec celui du Golan, régi par la 242 qui est pour sa part sinon conditionnelle du moins tout à fait négociatoire. Or, selon toute probabilité, M. Annan, s’il a des propositions à faire aux Libanais, ne va pas comme eux jouer sur deux tableaux mais se pencher uniquement sur leur cas d’espèce. Ils doivent donc voir avec les Syriens comment amener le secrétariat général de l’ONU à inclure dans son traitement du dossier libanais la notion de jumelage des deux volets. Objectivement, ce n’est pas trop difficile dans la mesure où, comme on le sait, Israël lui-même dira à M. Annan que, dans le cas libanais, on ne peut se passer de la Syrie, seul garant potentiel véritable d’arrangements de sécurité au Sud et de mise au pas du Hezbollah. Mais il faut préciser les détails des réponses à faire, surtout que le secrétaire général pourrait bien, sous l’influence des Américains, défendre des idées qui cacheraient de sourdes manœuvres diplomatiques U.S. tendant à faire pression sur Damas d’une manière ou d’une autre. A priori, la position libanaise devrait rester la même: application de la 425 et, quant aux mesures prévues dans la 426, elles ne peuvent concerner que les mécanismes du retrait israélien et être traitées techniquement par la FINUL qui est là pour cela. Mais il peut y avoir des variantes ou même un assouplissement considérable sur inspiration syrienne et c’est pourquoi il est important d’en référer…»
On s’en serait douté: ce sont les dirigeants libanais, et non les dirigeants syriens, qui réclament un sommet libano-syrien élargi pour savoir quelle position arrêter par rapport à la mission Annan et aux idées que le secrétaire général de l’ONU pourrait véhiculer en ce qui concerne le Sud. Beyrouth, dont les constantes diplomatiques sont aussi simples que connues, tient...