Journée mondiale de la femme Une tradition répétitive ... comme une complainte

Ce lundi tous les spots sont braqués sur la femme à l’occasion de sa journée mondiale. Elle se trouve certes en vedette pour un jour mais aussi dans le colimateur sous le focus du microscope d’innombrables enthomologistes acharnés à décortiquer cette espèce qui n’a pourtant rien de rare. Voici Eve célébrée à l’instar de la lutte contre le sida, contre le tabac, la pollution et d’autres fléaux qui ravagent l’univers de l’homme. Il est vrai que c’est par elle que le scandale arrive... Au fait c’est quoi une femme? En quelques clichés: histoire de corps; objet de désir; grâce, douceur, mystère... Elle est aussi méchante, grossière, jalouse... C’est accablant direz-vous mais, mais... La femme c’est aussi une lolita, une étudiante, une soeur, une cousine, une tante, une célibataire éternellement rebelle, programmée pour devenir épouse et mère... Oscillant entre plusieurs cultures, elle est aussi la conjonction de toutes les pressions: celle d’un père qui veut affirmer la tradition qu’il sent ménacée; celle d’une religion en voie de radicalisation; celle d’un patron misogyne; celle d’un frère dans son rôle de macho vraiment du dernier kitsch... Elle résiste, biaise, slalome, négocie. Elle en déploie des ruses pour réussir sa liberté! Qu’est-ce qu’elle n’a pas ramé avant d’y arriver. La femme c’est aussi un métier: le foyer d’abord, sécrétaire, commerçante, industrielle, banquière, journaliste, député, sociologue, psychiatre, enseignante, directeur... Essoufflés déjà? Ce n’est pas fini. La femme est avocat, juge, médecin, pharmacienne, photographe, artiste, mannequin, vamp, oisive comme une odalisque, fatma... En bref, elle s’adapte à tous les modes d’emploi; elle veut s’épanouir dans tous les domaines, s’approprier les institutions, militer dans la politique, l’environnement, les droits... de l’homme. Et parce que le pays avance par ruptures et non par réformes la voilà qui ambitionne la première magistrature, les ministères et voudrait bien tâter de la banque centrale... On la voit à la télé réclamer une société plus égalitaire, défendre la citoyenneté. Elle se veut l’avenir de l’homme comme dit Aragon. Elles est en trajectoire sociale ascendante. Même l’amour s’en ressent. Il a sa place bien sûr mais en compartiments séparés. On lui interdit d’être envahissant. On n’est jamais trop femmes... d’affaires. Horreur, direz-vous. Mais dans ce monde peuplé de cannibales, pas de quartier. Surtout en cas de disette. Et la disette on y est. Il n’y a pas à manger pour tout le monde; l’époque est sans pitié. La concurrence fait rage. Les hommes ont par définition des dents de loups. Les dents des femmes sont arrondies... C’est le dentiste qui le confirme. Alors patiemment, en silence, elles cinglent vers la ressemblance. Cela viendra un jour. L’important c’est de dessiner le but à atteindre. De résister au rouleau compresseur des misos. Le reste en découlera. Oh, il y a bien les coups de pompe, la déprime latente, le regard dans le miroir qui vous dit: «Tu te tues à la tâche; cette vie de dingue est absurde; mieux se la faire couler le long d’un fleuve tranquille; flâner, draguer, s’habiller; en un mot avoir le temps... de perdre son temps». Mais, Eve adore être pressée et stressée. Pourquoi faire reposant quand on peut faire fatigant? La femme a fait son choix. Alors, pourquoi cette «journée mondiale», cette mobilisation sentimentaliste, ce côté écorché vif qui devient lassant? Parce qu’elle est battue, violée? Parce qu’on ignore ses mérites? Qu’elle n’a pas accès à l’instruction? A l’égalité des salaires? Mais c’est tout le pays, homme, femme, enfant, qui est soumis à la violence, à la misère, aux abus et à l’exploitation physique, économique et sexuelle. C’est tout le pays qui est jeté aux fauves. «Luttez contre les loups».