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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Débat à l'Alumni club sur le mariage civil

Le mariage civil, un sujet délicat mais qui défraie la chronique depuis la proposition faite à ce sujet par le président de la République, M. Elias Hraoui, a une fois de plus fait l’objet d’un débat passionné samedi dernier. Au cours d’un séminaire organisé par l’Association des «Droits des gens», à l’Alumni de l’AUB un nombre impressionnant de personnalités concernées par le problème se sont succédé pour en traiter les divers aspects: les lois civiles sur le statut personnel comme garantie de liberté personnelle et d’harmonie sociale, les divers projets sur le mariage civil qui ont été proposés depuis les années 50, et le point de vue des hommes de religion. Les arguments présentés lors des conférences et des interventions étaient généralement favorables au mariage civil, malgré quelques voix dissonantes. Les idées maîtresses exposées dans la plupart des discours ont été les suivantes: la relation étroite qui existe entre le mariage civil, ou plus exactement l’instauration de lois de statut personnel communes aux Libanais, et les concepts de liberté personnelle, d’égalité entre l’homme et la femme, et d’égalité des citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse, devant la loi. L’instauration du mariage civil comme première étape pour accéder à la laïcité et l’abolition du confessionnalisme politique. La nécessité de moderniser les lois puisque celles-ci doivent tenir compte des progrès de la société. Une liberté essentielle Au cours d’une intervention très remarquée, M. Chawki Fakhoury, ministre de l’Agriculture, à défendu le projet du président de la République, considérant que «le mariage civil est une liberté essentielle, plus importante que les autres libertés, puisque toutes en découlent». «Nous avons besoin de 20 voix au gouvernement pour que la loi sur le mariage civil soit approuvée», a-t-il expliqué. «Mais, dans tous les cas, nous allons dévoiler les positions des différents ministres au grand jour». Le combat pour imposer des lois de statut personnel civiles au Liban n’est pas né d’hier. C’est ce que les conférenciers ont expliqué clairement en détaillant les projets de lois qui ont été présentés (mais jamais approuvés) depuis les années 50. Mme Ogarit Younane a cité les auteurs des quatre principaux projets: «Le Parti démocratique, le Parti laïc démocratique, le Parti syrien national social et le dernier projet de M. Hraoui sont les principales propositions concernant le mariage civil. Seul le Parti démocratique a suggéré un mariage civil obligatoire». M. Auguste Bakhos, ancien député, et Mme Norma Melhem ont parlé de la proposition de loi de statut personnel obligatoire présenté par le Parti démocratique dans les années 70. M. Bakhos a déclaré qu’il «ne comprenait pas pourquoi le président de la République n’avait cité que le mariage civil, sans l’englober dans le cadre d’une loi complète de statut personnel». Mme Melhem a énuméré les principes à la base de la proposition de loi: «Egalité devant la loi, liberté de croyance, égalité entre l’homme et la femme, et présentation de la famille». M. Sami Chakifi a parlé du projet du Parti laïc démocratique, remarquant que «le divorce est rendu possible dans le cadre du mariage civil, mais pas nécessairement plus facile». Du projet du PSNS, M. Hanna Nachef a entretenu le public. Il a noté qu’«une loi de statut personnel civile ne ferait que rapprocher les différentes communautés, et créer un climat d’harmonie nationale». Enfin, la grève des avocats en 1951 et le projet de M. Raymond Eddé en 1960 ont été évoqués respectivement par M. Mounir Chehadé et M. Ibrahim Stéphan. Evoquant le dernier projet lancé par M. Hraoui, M. Ibrahim Traboulsi a précisé que «ce projet ne doit pas être conçu comme hostile aux hommes de religion, mais il vise à permettre aux laïcs d’adopter un système qui leur convient». Il a également soulevé un point important: «Pourquoi est-ce toujours le mauvais moment de parler de ce projet? L’Etat doit être en mesure de résoudre les problèmes de citoyens de façon équitable». L’avis des hommes de religion a été énormément sollicité dans cette affaire. Ils étaient également présents au séminaire avec des points de vue parfois surprenants. Mgr Georges Khodr a souligné que «le mariage civil n’entraîne pas nécessairement un reniement des valeurs, mais le problème au Liban réside dans le système confessionnaliste dont personne ne semble prêt à sortir». Mgr Khodr a soulevé le cas des athées, des personnes appartenant à une religion non reconnue par l’Etat, et le cas particulier de l’interdiction faite aux musulmanes d’épouser des chrétiens. Cheikh Mohammed Hassan Amine a ensuite pris la parole, considérant que «la suggestion récente sur le mariage civil vise à détourner les regards du manque de vie politique au Liban». Il a cependant trouvé que «la laïcité est le meilleur système pour gérer un pays de plusieurs religions». Le père Boulos Akl a, quant à lui, exposé les grandes lignes d’un nouveau projet de modification de la loi de statut personnel propre aux confessions catholiques. «Nous n’encourageons pas l’établissement du mariage civil, a dit le père Akl, mais, s’il est instauré, nous demanderons à nos fidèles de ne pas négliger le mariage religieux». Enfin, il faudrait citer une invitée de marque du séminaire, Mme Alia Charif, avocate tunisienne et militante pour les droits de la femme. Elle a exposé aux présents la condition de la femme dans son pays, qui s’est nettement améliorée, et elle a parlé des activités du «Groupe maghrébin 95 pour l’égalité» qui est actif en Tunisie et dans d’autres pays de la région.
Le mariage civil, un sujet délicat mais qui défraie la chronique depuis la proposition faite à ce sujet par le président de la République, M. Elias Hraoui, a une fois de plus fait l’objet d’un débat passionné samedi dernier. Au cours d’un séminaire organisé par l’Association des «Droits des gens», à l’Alumni de l’AUB un nombre impressionnant de personnalités...