La ronde des femmes américaines de l'espace

Héroïnes, pionnières, inconnues, les femmes ont écrit parmi les plus belles pages de la conquête spatiale américaine, marquant de leur empreinte des planètes ou gravant leur nom dans le martyrologe de cette grande aventure. La nomination jeudi de l’astronaute Eileen Collins comme première femme commandant une navette spatiale rappelle que 30 femmes, dont 27 Américaines, ont déjà volé dans l’espace à bord de ces vaisseaux. Bien d’autres ont occupé ou tiennent des postes de premier plan, comme Donna Shirley, maître d’œuvre au Jet Propulsion Laboratory de Pasadena (Californie) de la mission Mars Pathfinder, qui avait notamment permis l’été dernier de poser une sonde avec un robot mobile sur la «planète rouge». 20 ans après les Russes L’entrée des femmes dans l’espace a pourtant commencé pour les Etats-Unis avec beaucoup de retard par rapport aux Russes: la première astronaute américaine, Sally Ride, a volé en 1983, 20 ans après la première Soviétique. Valentina Terechkova. Pourtant, l’Américaine Geraldine Cobb avait passé avec succès dès 1960 les tests nécessaires pour aller dans l’espace. Mais il faudra attendre 1978 pour voir les premières femmes acceptées dans le prestigieux corps des astronautes de la NASA. Elles étaient alors six, et trois d’entre elles devaient entrer dans l’histoire spatiale, Sally Ride, Judith Restnik et Shannon Lucid. Après Sally Ride, les femmes ont participé régulièrement aux vols des navettes spatiales, effectuant les mêmes tâches que les hommes comme pilotes, telle Eileen Collins, ou spécialistes de missions. Seul l’accès au poste de commandant leur manquait encore. En 1984, Kathy Sullivan devenait ainsi la première Américaine à effectuer une sortie dans l’espace. Elle sera suivie par Kathy Thornton, qui en réalisera notamment deux en 1993 pour réparer le télescope spatial Hubble. En 1992, Mae Jamison était la première Noire à effecteur une mission, suivie un an plus tard par la première astronaute américaine d’origine hispanique, Ellen Ochoa. En 1992, une autre femme, Jan Davis, effectue une première jamais renouvelée par la NASA: une mission en couple, avec son mari Mark Lee, à bord de la navette Endeavour. Plus récemment encore, Shannon Lucid a fait la une de la presse en 1996 en battant deux records mondiaux féminins: celui du plus long vol en une seule mission (188 jours), comprenant un séjour à bord de la station orbitale russe Mir, et celui du plus grand nombre d’heures passées dans l’espace, soit 5.355 en 5 missions. Le drame de Challenger A côté de ces exploits, l’aventure spatiale des Américaines a également été marquée par un drame, avec l’explosion en 1986 de la navette Challenger. Sur les sept passagers, deux étaient des femmes, l’astronaute Judith Restnik et l’institutrice Christa McAuliffe. Leurs noms sont inscrits au panthéon de la conquête spatiale au Centre spatial Kennedy à Cap Canaveral (Floride). Une autre institutrice, Barbara Morgan, reprendra bientôt le relais de Christa McAuliffe: doublure de cette dernière pour la mission de Challenger, elle a été récemment choisie pour faire partie de la prochaine promotion d’astronautes. Beaucoup plus discrètes, au sol, d’autres femmes ont également participé activement à l’aventure spatiale. Dès 1965, Marjorie Townsend dirige le lancement d’un vaisseau spatial américain. En 1993, Frances Anne Cordova devient la première femme responsable des sciences à la NASA. En 1994, Carolyn Huntoon est la première directrice d’un centre spatial, celui de Johnson à Houston (Texas),d’où sont dirigés tous les vols habités. Les femmes restent toutefois largement minoritaires à la NASA, et Eileen Collins déclarait ressentir en devenant pilote le poids qui pesait sur ses épaules: «Je me rends compte que je ne peux pas me permettre de rater car je porterai un coup aux chances d’autres femmes de devenir pilote». (AFP)