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Actualités - CHRONOLOGIE

101 libanais détenus en Syrie remis aux autorités de Beyrouth Parmi eux, l'officier supérieur Keitel Hayeck et d'anciens membres du Baas pro-irakien et d'organisations intégristes (photos)

C’est finalement 101 prisonniers libanais en Syrie, et non pas 130 comme annoncé d’abord, qui ont regagné hier le Liban, après des années de détention dans différentes prisons syriennes. Attendus impatiemment par des centaines de parents, les détenus libérés, dont une quinzaine de chrétiens, sont arrivés à 14 heures à bord de quatre bus de l’armée syrienne, à Masnaa, à la frontière libano-syrienne. Toutefois, les détenus n’ont pas été autorisés à descendre des véhicules, et un cordon de sécurité a empêché leurs parents de les approcher. Après la halte à Masnaa, les autobus se sont dirigés vers Anjar, quartier général des services de renseignements syriens au Liban, suivis par un cortège de voitures privées. Deux des détenus ont été emmenés en ambulance. Mais à Anjar comme à Masnaa, la déception était au rendez-vous. Un cordon de l’armée a empêché la presse et les parents, affluant par centaines, d’approcher les lieux à moins d’un kilomètre. De Anjar, escortés, au milieu des yous-yous, par six jeeps de la police militaire, des autobus de l’armée libanaise ont pris le relais des véhicules syriens, se dirigeant vers «une destination inconnue», qui s’est avérée être la Villa Noura, à Horch Tabet, siège de la Police militaire, ainsi que la caserne de la police militaire à Kfarchima. C’est là que les détenus ont passé la nuit. A Horch Tabet et à Kfarchima, des centaines de personnes se sont attroupées, dans l’espoir d’une libération éventuelle de certains détenus. Selon toute probabilité, ces libérations commenceront aujourd’hui, après procès-verbal et vérification par les autorités judiciaires libanaises qu’aucun d’entre eux n’est poursuivi en justice au Liban-même. C’est, manifestement, le cas de l’officier supérieur Keitel Hayeck, qui se trouve parmi les détenus transférés, et dont le nom est cité dans l’affaire de l’assassinat du président Rachid Karamé. L’officier a été condamné en 1997 — par contumace —, à 20 ans de prison, pour tentative d’assassinat du brigadier Ghazi Kanaan, chef des S.R. syriens au Liban. Une majorité des détenus libérés étaient emprisonnés en raison de leurs affinités politiques pro-irakiennes ou encore islamistes, rapporte-t-on de source informée. On ignore si le chiffre de 101 détenus libérés correspond à la réalité, ou si ce nombre est plus élevé, et que l’on a voulu garder le secret sur la présence de certains détenus. Dans certains milieux, la libération d’hier a été vécue comme un drame, dans la mesure où l’absence des leurs a été comme une confirmation de leur décès, ou un prolongement de la situation d’incertitude quant à leur sort. Beaucoup de familles faisaient état de détentions remontant aux années 82-83. Les autorités syriennes ont annoncé, pour leur part, qu’il ne reste en Syrie que 25 détenus, contre lesquels pèsent des charges d’espionnage. Certaines sources avancent toutefois le nombre de 33 détenus. L’Association des droits de l’homme et du droit humanitaire de M. Waël Kheir, correspondant au Liban de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), a rappelé pour sa part que dans un discours prononcé le 21 novembre 1995 au soir, veille de la fête de l’Indépendance, le président Hraoui avait affirmé qu’il existait 220 prisonniers libanais en Syrie. La libération des détenus a été annoncée après un entretien téléphonique entre le président Elias Hraoui et son homologue syrien, M. Hafez el-Assad, a-t-on précisé de source officielle. Le correspondant de la FIDH au Liban a salué la décision prise par la Syrie de mettre fin à une situation contraire aux droits de l’homme et a reproché aux autorités libanaises leur négligence à demander la libération des détenus ou, pour le moins, leur traduction en jugement pour les crimes qui pouvaient leur être reprochés. L’association a réclamé une enquête sérieuse à ce sujet, et des détails sur la durée de l’emprisonnement de chaque détenu, ainsi que sur les circonstances de leur détention. Après avoir mis à la disposition des détenus ses moyens légaux et ses contacts internationaux, au cas où ces derniers chercheraient à être indemnisés, l’association a appelé à nouveau les autorités israéliennes à libérer les Libanais qu’elles détiennent arbitrairement dans des prisons au Liban-Sud. A Paris, le député socialiste Gerard Bapt, président du groupe d’amitié France-Liban, a estimé que la libération d’une centaine de prisonniers libanais détenus en Syrie constitue «un geste d’ouverture» de Damas en direction de la France et de l’Europe. M. Bapt, qui affirme avoir mené à cette fin une «intervention officieuse» auprès du président Hafez el-Assad, s’est dit «satisfait sur le plan humain pour les familles des Libanais libérés, ainsi que sur le plan politique». «C’est un geste d’ouverture vis-à-vis de la France et de l’Europe d’une part, mais aussi vis-à-vis de l’opposition libanaise. C’est un geste qu’il faut donc apprécier très positivement en tant que tel», a-t-il ajouté. «Je remercie le président Assad ainsi que l’émissaire officieux qui est un ami syrien et qui, depuis quelques semaines, a fait cet effort de médiation», a encore dit M. Bapt. M. Bapt avait accompagné le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine dans son voyage à Beyrouth et à Damas au mois de janvier. Il avait également rencontré il y a quelques semaines des familles de ces détenus. «J’exprime maintenant l’espoir qu’il en sera de même des détenus libanais en Israël», a affirmé le député français.
C’est finalement 101 prisonniers libanais en Syrie, et non pas 130 comme annoncé d’abord, qui ont regagné hier le Liban, après des années de détention dans différentes prisons syriennes. Attendus impatiemment par des centaines de parents, les détenus libérés, dont une quinzaine de chrétiens, sont arrivés à 14 heures à bord de quatre bus de l’armée syrienne, à...