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Actualités - CHRONOLOGIE

Israël exige le désarmement du Hezbollah avant un retrait du Liban-sud

Avant même le début de sa campagne diplomatique visant à exposer aux pays européens sa «nouvelle proposition» concernant le retrait du Liban-Sud, Israël a posé hier une condition préalable à toute évacuation de son armée de la zone occupée: le désarmement du Hezbollah. La proposition israélienne n’a donc rien de nouveau, comme l’a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, puisque l’idée d’un retrait du Sud avant la conclusion d’un accord de paix et la normalisation des relations entre les deux pays a déjà été exposée il y a plusieurs mois par le gouvernement israélien. Elle avait même été envisagée à l’époque où les travaillistes étaient au pouvoir. Pendant ce temps, l’armée israélienne a poursuivi ses agressions contre le Liban-Sud où ses avions ont mené hier un raid qui n’a pas fait de victime. C’est le ministre israélien de la Défense, M. Yitzhak Mordehaï, qui a parlé hier d’un désarmement de la résistance avant tout retrait. Lors d’une interview accordée à la radio, le ministre a indiqué qu’un«retrait pourra intervenir lorsque le gouvernement et l’armée libanaise contrôleront le Liban-Sud et désarmeront les éléments hostiles». «Si cette condition est remplie nous pourrons appliquer la résolution 425 et entamer un processus politique», a ajouté M. Mordehaï. L’Etat hébreu s’était déclaré prêt dimanche à retirer ses troupes du Liban sans normalisation préalable des relations, mais avait réclamé en échange des «arrangements de sécurité» pour protéger sa frontière nord, sans toutefois donner des précisions sur la nature de ces arrangements (VOIR PAGE 2). Israël compte notamment demander à la France, étant donné ses bonnes relations avec le Liban, de l’aider à faire accepter son plan. Le premier ministre Benjamin Netanyahu et M. Mordehaï doivent se rendre séparément jeudi en Europe, notamment pour expliquer leurs propositions sur le dossier libanais. M. Netanyahu doit visiter successivement l’Espagne, l’Allemagne, la Norvège et la Grande-Bretagne. M. Mordehaï doit aller quant à lui en France, puis aux Pays-Bas. Deux émissaires de M. Netanyahu se sont déjà rendus à Paris dimanche pour une mission «secrète» qui, selon les médias israéliens, pourrait être liée au dossier libanais. Les dirigeants israéliens cherchent une voie de sortie, sous la pression de l’opinion publique inquiète des pertes élevées infligées à l’armée par la résistance (39 tués en 1997, 4 déjà en 1998). Le Hezbollah pour une application inconditionnelle de la 425 Au Liban, le bloc parlementaire du Hezbollah s’est déclaré opposé à tout retrait israélien qui serait assorti de la moindre condition. «Le bloc considère qu’Israël, en liant son retrait du Liban à des accords de sécurité et à d’autres garanties, ne vise en fait qu’à renvoyer la balle dans le camp libano-syrien, c’est une manœuvre sournoise qu’on refuse et l’occupant n’a pas à assortir son retrait de la moindre condition», ont dit les parlementaires du Hezbollah dans leur communiqué hier. Telle est aussi l’attitude du secrétaire général adjoint du parti cheikh Naïm Kassem pour qui «Israël, en clamant haut et fort sa volonté d’appliquer la 425, ne cherche en fait qu’à fait tomber le Liban dans ses pièges en liant son retrait à des acquis en matière de sécurité». «C’est sous les coups de boutoir de la résistance qu’Israël s’est vu contraint d’accepter l’idée d’un retrait sur base de la résolution 425. Mais en liant ce retrait à des accords de sécurité l’Etat hébreu dévoile sa vraie stratégie qui consiste à démobiliser les contestataires de l’intérieur qui demandent un retrait du Liban-Sud, à détourner l’attention de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers avec les Palestiniens et à essayer de mettre en difficulté l’entente syro-libanaise», a expliqué le numéro 2 du Hezbollah. Pendant ce temps, Israël a relativisé hier les critiques libanaises à sa proposition d’un retrait militaire conditionnel. «Je ne m’attendais guère à une autre position, compte tenu de l’influence que détient la Syrie au Liban», a déclaré le coordinateur des activités israéliennes au Liban, M. Uri Lubrani. M. Lubrani a estimé que la réaction libanaise n’était pas entièrement négative et que l’initiative israélienne porterait des fruits à long terme. «Il va de soi qu’on ne doit pas s’attendre à une acceptation du jour au lendemain», a souligné ce haut fonctionnaire au ministère de la Défense. «Nous ne lions plus un retrait de nos forces à un accord de paix avec le Liban ou la Syrie, mais seulement à des arrangements de sécurité», a-t-il indiqué. La Ligue arabe a de son côté rejeté l’offre israélienne, affirmant qu’il s’agissait d’une manœuvre pour masquer les pertes militaires de l’Etat hébreu. «L’offre israélienne de retrait conditionnel du Liban-Sud n’est qu’une nouvelle manœuvre pour dissimuler les pertes de l’armée israélienne, qui ne sont pas acceptées par l’opinion publique israélienne», a déclaré aux journalistes le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, M. Mohammed Zakariya Ismaïl. Les Israéliens «tentent de donner l’impression à l’opinion publique israélienne qu’ils veulent se retirer du Liban-Sud», a-t-il poursuivi. «La Ligue arabe est opposée à cette manœuvre flagrante», a-t-il ajouté. Le secrétaire général adjoint pour les Affaires arabes et le Liban-Sud, M. Ahmad Ben Helli, a également rejeté l’offre israélienne en la qualifiant de «ballon d’essai». «En lâchant de tels ballons d’essai, Israël tente de marginaliser le volet palestinien (du processus de paix) pour éviter d’appliquer ce qui a été agréé», a estimé M. Ben Helli devant la presse. Il a également souligné que l’offre israélienne contrevenait à la résolution 425 adoptée en 1978 par le Conseil de Sécurité de l’ONU et qui exige un retrait inconditionnel «sans délai» d’Israël hors du Liban-Sud. Entre-temps des chasseurs-bombardiers israéliens ont mené un raid hier matin au Liban-Sud contre des positions présumées du Hezbollah. Selon la police libanaise, les appareils ont largué quatre missiles air-sol en deux passages dans le massif montagneux de l’Iqlim el-Touffah, à l’est de Saïda. Ce raid, qui n’a pas fait de victimes, est intervenu à la suite d’une attaque perpétrée plus tôt par le Hezbollah contre une position militaire israélienne et de l’Armée du Liban-Sud dans la région de Sojoud, dans le secteur central de la zone occupée par l’Etat hébreu. Le Hezbollah a revendiqué cette attaque. Par ailleurs, une femme a été blessée hier dans la zone occupée par des tirs en provenance du nord de cette zone, a indiqué la radio de l’ALS. La femme a été blessée dans le village de Rihane à proximité duquel se trouve une position de l’ALS, a indiqué la même source.
Avant même le début de sa campagne diplomatique visant à exposer aux pays européens sa «nouvelle proposition» concernant le retrait du Liban-Sud, Israël a posé hier une condition préalable à toute évacuation de son armée de la zone occupée: le désarmement du Hezbollah. La proposition israélienne n’a donc rien de nouveau, comme l’a déclaré lundi le ministre des...