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Actualités - CHRONOLOGIE

A l'heure où Washington entend maintenir la pression sur Bagdad Nouvelles divergences entre Butler et l'Irak sur les sites présidentiels

L’ambassadeur irakien à l’ONU Nizar Hamdoun et le chef des experts de l’ONU sur le désarmement Richard Butler ont exprimé hier des avis divergents sur la question de savoir qui sera le principal responsable de l’inspection des sites présidentiels. Sans aller encore jusqu’à constituer une nouvelle crise entre Bagdad et l’ONU, cette différence dans l’interprétation de l’accord, signé la semaine dernière, pourrait raviver la tension dans le Golfe, au moment où Washington entend maintenir la pression sur l’Irak M. Hamdoun a déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN qu’«en ce qui concerne les huit sites présidentiels, il y aura un groupe spécial dans lequel l’UNSCOM (Commission spéciale chargée du désarmement) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) seront représentées, mais le secrétaire général de l’ONU (Kofi Annan) sera responsable de diriger cette équipe». La chaîne CNN interrogeait M. Hamdoun pour savoir si l’Irak acceptait une interprétation de l’accord signé le 23 février à Bagdad avec M. Annan selon laquelle M. Butler restait «globalement» en charge des inspections, malgré la nomination d’un commissaire pour diriger le «groupe spécial» qui doit effectuer cette tâche, le diplomate sri-lankais Jayantha Dhanapala. «Je pense que le secrétaire général doit déployer davantage d’efforts dans le cas du groupe spécial que dans le cas du travail de l’UNSCOM en général», a affirmé M. Hamdoun. «Le groupe spécial doit se concentrer sur les huit sites présidentiels, l’UNSCOM restera responsable en ce que concerne les autres», a-t-il dit. M. Hamdoun a néanmoins assuré que l’Irak «tiendra parole» et offrira un accès «immédiat, sans condition et sans restriction au groupe spécial», et autorisera les inspections-surprises. M. Butler, interrogé sur cette question au cours de la même émission, «Late Edition», a répliqué aussitôt à M. Hamdoun. «Je suis légèrement troublé, car cela ne dépend pas de points de vue» différents, a-t-il dit. Les termes de l’accord «sont sans ambiguïté, ils sont parfaitement clairs, le noyau des inspections proviendra de mon organisation ou de l’AIEA, auxquels viendront s’ajouter des observateurs diplomatiques», a-t-il déclaré. «Je travaillerais main dans la main avec le nouveau commissaire (M. Dhanapala) qui supervisera la portion des observateurs diplomatiques mais, en fin de compte, les rapports sur ces inspections iront de moi au Conseil de Sécurité par le biais du secrétaire général», a déclaré M. Butler. Il a démenti que les nouveaux arrangements pour l’inspection de ces sites soient de nature à enlever le facteur surprise. «Ce n’est pas vrai, je suis confiant que nous serons en mesure d’entreprendre cela de manière à pouvoir effectuer des inspections sans notification». Le diplomate australien a indiqué, par ailleurs, que les inspections des sites présidentiels controversés auraient lieu «assez rapidement». Il a indiqué que la composition de nouvelles équipes d’inspecteurs n’était pas tout à fait terminée. «Cela prendra évidemment plus que quelques jours, mais je ne parle pas de mois. Je ne peux pas vous donner de délais précis, mais nous serons là-bas assez rapidement», a-t-il assuré. Nouvelles menaces US Ces nouvelles divergences interviennent à un moment où les Etats-Unis considèrent que le «temps de la diplomatie sera terminé» si Saddam Hussein tergiverse de nouveau face à la communauté internationale. Un refus éventuel de Bagdad d’autoriser les inspecteurs chargés du désarmement irakien d’«aller où ils veulent, quand ils le désirent, mènera à l’utilisation d’une force sérieuse», a mis en garde dimanche dans le Washington Post le conseiller du président Bill Clinton pour les questions de sécurité nationale, Sandy Berger. «Après deux crises provoquées par l’Irak en quatre mois, le temps de la diplomatie sera terminé», a-t-il ajouté dans un avertissement qui paraît s’adresser aussi bien à Bagdad même qu’aux partenaires et alliés des Etats-Unis dans l’affaire irakienne. Parallèlement, les Etats-Unis n’entendent nullement baisser leur garde et ont décidé de laisser sur place pour l’instant leurs effectifs militaires déployés dans le Golfe. «Si l’Irak manque à sa promesse, a averti Sandy Berger, nous répondrons de façon puissante et depuis une position de force maximum sur le plan international». Les tractations sont toutefois toujours en cours au Conseil de Sécurité autour d’un projet de résolution britannique menaçant l’Irak des «plus sévères conséquences» s’il violait les dispositions de l’accord de Bagdad. Les discussions ont été reportées à lundi et Kofi Annan a repoussé la visite qu’il devait effectuer à Washington en début de semaine. Selon des sources diplomatiques, dix des quinze membres du Conseil de Sécurité ont rejeté toute disposition pouvant donner un feu vert automatique à des frappes américaines. Les Etats-Unis, comme les autres membres du Conseil de Sécurité, attendent maintenant de voir comment Bagdad va mettre en application les prochaines semaines l’accord conclu avec Kofi Annan. Et les sceptiques sont nombreux. Saddam Hussein «sera la prochaine fois un peu plus fort et le défi sera un peu plus grand», a estimé hier sur NBC le sénateur John McCain, un membre influent de la commission des forces armées du Sénat. Richard Haass, de la Brookings Institution, un centre d’analyses de Washington, a exprimé ses doutes sur les résultats des inspections, Saddam Hussein ayant eu «quatre mois» pour cacher ce qu’il souhaitait dissimuler.
L’ambassadeur irakien à l’ONU Nizar Hamdoun et le chef des experts de l’ONU sur le désarmement Richard Butler ont exprimé hier des avis divergents sur la question de savoir qui sera le principal responsable de l’inspection des sites présidentiels. Sans aller encore jusqu’à constituer une nouvelle crise entre Bagdad et l’ONU, cette différence dans l’interprétation...