Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que les consultations se poursuivent laborieusement au Conseil de Sécurité Double avertissement franco-US à l'Irak : gare à toute violation de l'accord

Paris et Washington ont multiplié hier les mises en garde à l’adresse du président Saddam Hussein, alors que le Conseil de Sécurité débattait encore sur un projet de résolution lançant un sévère avertissement à l’Irak contre toute violation de l’accord sur les inspections, mais qui écarte toute frappe américaine automatique. Dans le même temps, les experts de l’ONU ont poursuivi leurs fouilles des sites dits présidentiels, tandis que le secrétaire général de l’organisation internationale dénonçait les critiques de l’arrangement qu’il vient de conclure avec Bagdad «Il était prévu que ce que nous avons accompli en Irak provoquerait des critiques et des représentations erronées», a dit M. Kofi Annan dans un message au personnel de l’ONU. Il ne cite pas les auteurs de ces critiques, mais le leader de la majorité républicaine au Sénat Trent Lott a accusé M. Annan d’avoir porté un coup à la crédibilité des Nations Unies en acceptant un compromis avec l’Irak sur les inspections des sites susceptibles d’abriter des armes de destruction massive. M. Annan souligne, dans une allusion aux frappes militaires envisagées par Washington, que «l’alternative à l’accord aurait été la fin du travail de l’UNSCOM», la Commission spéciale chargée du désarmement irakien. «Le mémorandum d’accord l’a renforcé», a-t-il ajouté. «J’aimerais donc que vous traitiez nos critiques avec une compréhension compâtissante», a-t-il dit dans son message. «Nous attendons du Conseil de Sécurité qu’il prenne des mesures sur cet accord. C’est le Conseil, pas quelques critiques, qui auront le dernier mot», a ajouté M. Annan. Au Conseil de Sécurité précisément, la Grande-Bretagne a présenté un projet de résolution à ses quatre partenaires (Chine, Etats-Unis, France, Russie) qui menace l’Irak des «conséquences les plus graves» au cas où Bagdad ne respecterait pas l’accord conclu avec le secrétaire général de l’ONU. «Pas d’échappatoire» L’ambassadeur britannique à l’ONU John Weston a espéré une adoption «rapide» de ce texte qui a été négocié avec Washington, a-t-il dit. Le projet ne prévoit pas de riposte militaire américaine automatique en cas de violation par Bagdad de ses engagements, ont indiqué des diplomates. Le président français Jacques Chirac a réaffirmé avec force l’opposition de la France à une telle disposition. «L’automaticité n’est pas acceptable. Nous estimons qu’une frappe militaire est un geste très grave et qu’il justifie, parce qu’il est pris au nom de la communauté internationale, que le Conseil de Sécurité en débatte», a-t-il dit dans un entretien au journal «Le Monde». Mais les diplomates français, russe et chinois tentaient de modifier plusieurs dispositions du projet britannique pouvant être considérées comme donnant un feu vert implicite à des frappes américaines. Le texte mentionne en effet des résolutions antérieures du Conseil qui ont autorisé l’usage de la force contre l’Irak lors de la guerre du Golfe, ont indiqué des diplomates. Le vote, selon des sources concordantes, n’interviendrait pas avant le début de la semaine prochaine. Le président français a déclaré hier encore au prince héritier d’Arabie Séoudite Abdallah Ben Abdel Aziz que le président irakien «n’avait pas d’échappatoire possible» à l’application des résolutions de l’ONU. «Il (le président irakien) doit appliquer l’intégralité des résolutions (de l’ONU). C’est l’intérêt de l’Irak», a dit le chef de l’Etat français au prince héritier d’Arabie Séoudite au cours d’une conversation téléphonique d’une quinzaine de minutes qu’il a eue avec lui, a indiqué le porte-parole de M. Chirac, Mme Catherine Colonna. «La France a le souci d’adresser un message très clair à l’Irak pour qu’il continue de coopérer avec l’ONU», a dit le président français à son interlocuteur séoudien. De son côté, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a averti que l’Irak «s’exposerait aux plus graves conséquences s’il y avait une entrave à l’application de l’accord» sur l’inspection des sites dits sensibles conclu avec l’ONU. «Dans l’hypothèse d’une violation caractérisée de l’accord signé, la situation sera beaucoup plus grave et méritera une appréciation proportionnée», a déclaré M. Védrine au cours d’un déjeuner-débat avec l’association de la presse étrangère à Paris en présence de nombreux ambassadeurs en poste. Interrogé sur l’automaticité d’une riposte en cas de violation de l’accord par l’Irak. M. Védrine a dit: «Il faudra voir dans quelle situation on sera. Le Conseil de Sécurité (de l’ONU) devra réagir immédiatement». Estimant que la crise n’était pas «complètement terminée», le chef de la diplomatie française a expliqué qu’il fallait que «l’accord soit approuvé par le Conseil de Sécurité puis qu’il entre en application». «L’Irak doit jouer le jeu. On doit laisser les contrôles aller jusqu’au bout. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra envisager de lever l’embargo. C’est le cheminement pour la sortie du tunnel», a-t-il souligné. A la question de savoir si le dénouement, par les voies diplomatiques, de la crise constituait une victoire pour Saddam Hussein, M. Védrine a dit que le président irakien avait «dû reculer». «Il a accepté les modalités (d’inspection des sites présidentiels par la commission du désarmement de l’ONU, l’UNSCOM). La victoire, c’est celle du Conseil de Sécurité», a conclu M. Védrine. Pour sa part, le président Bill Clinton a téléphoné au roi Fahd d’Arabie Séoudite et à l’émir du Koweit, cheikh Jaber Ahmad Sabah, pour leur dire que les Etats-Unis réagiraient «fermement et avec vigueur» à toute «interférence» de l’Irak avec les inspections de l’ONU. Il a aussi assuré les deux souverains «que les Etats-Unis maintiendraient leur présence militaire dans la région» du Golfe, afin de «poursuivre notre effort diplomatique appuyé par la menace de la force», a affirmé un porte-parole de la Maison-Blanche, Joe Lockhart, à San Francisco (Californie), où M. Clinton se trouvait jeudi. En outre, un émissaire du département d’Etat a affirmé à Sanaa que la crise n’était pas encore terminée et que l’option militaire demeurait «ouverte». «C’est pourquoi les Etats-Unis ont décidé de maintenir leur dispositif militaire dans le Golfe», a déclaré M. David George Newton. S’adressant à des diplomates et des personnalités yéménites ayant d’être reçu par des responsables yéménites, M. Newton a indiqué que les forces américaines resteraient dans le Golfe pour «s’assurer de l’application de l’accord avec l’ONU» sur l’inspection des sites présidentiels irakiens. Sur le terrain, les experts en désarmement de l’ONU ont inspecté jeudi quatorze sites «sans entraves et avec la coopération» des autorités irakiennes.
Paris et Washington ont multiplié hier les mises en garde à l’adresse du président Saddam Hussein, alors que le Conseil de Sécurité débattait encore sur un projet de résolution lançant un sévère avertissement à l’Irak contre toute violation de l’accord sur les inspections, mais qui écarte toute frappe américaine automatique. Dans le même temps, les experts de...