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Actualités - CHRONOLOGIE

Les dernières idées examinées par Hariri L'étage Murr et les biens-fonds maritimes pour financer le retour des déplacés

Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a poursuivi hier ses concertations destinées à trouver les moyens susceptibles de financer essentiellement l’échelle des salaires dans le secteur public (qui coûterait à l’Etat quelque 600 milliards de livres par an) ainsi que le retour des déplacés et de permettre à l’Etat de faire face à une série d’échéances financières inévitables. Jusqu’à présent, rien de concret n’a été décidé. Avec les ministres qu’il a reçus hier, M. Hariri continue de débattre d’idées de nature, selon ses proches, à renflouer le Trésor sans pour autant accabler la population. Pour le moment, le débat tourne autour de trois principaux projets: la régularisation des constructions illégales sur le littoral, dans la mesure où un tel projet peut drainer des milliards de livres au Trésor, le rétablissement de l’étage «Murr», à savoir l’augmentation du coefficient d’exploitation immobilier, la révision du contrat avec les compagnies de téléphonie mobile et la taxe de 1% sur les ventes. M. Hariri en a discuté hier avec le vice-président du Conseil, M. Michel Murr, ainsi qu’avec les ministres de la Santé, des Émigrés et de l’Habitat et des Coopératives, MM. Sleiman Frangié, Talal Arslan et Mahmoud Abou Hamdane. A sa sortie du Sérail, M. Murr a indiqué qu’il a proposé au chef du gouvernement de financer le retour des déplacés grâce aux recettes du processus de régularisation des atteintes au littoral et de l’augmentation du coefficient d’exploitation, sur base d’un programme étalé sur cinq ans. Selon le ministre, il faut cinq ans à l’Etat pour clore le dossier des déplacés. M. Murr a indiqué que le président du Conseil pourrait le charger de représenter le gouvernement à la réunion conjointe que les commissions parlementaires doivent tenir dans un proche avenir pour examiner le texte de loi relatif à la régularisation des atteintes aux biens-fonds maritimes. Après avoir souligné la volonté de M. Hariri de ne pas accabler la population par de nouvelles taxes, le vice-président du Conseil a assuré que le prix de l’essence ne sera pas relevé. En revanche, il a confirmé la volonté de l’Etat de ne pas suivre la courbe descendante des prix des carburants sur les marchés internationaux, pour pouvoir profiter de la différence et assurer de la sorte des rentrées au Trésor. Cette différence, a ajouté M. Murr, servira à financer une partie du plan des 150 milliards de livres destinés à des projets de développement à Baalbeck-Hermel et au Akkar. Si le rétablissement de «l’étage Murr» et la taxe de 1% sur les ventes ne posent pas beaucoup de problèmes, il n’est pas possible d’en dire autant pour la régularisation des atteintes au littoral et la révision du contrat relatif au réseau GSM. L’adoption du projet de régularisation des infractions à la loi sur l’exploitation des biens-fonds côtiers bute, rappelle-t-on de sources proches du chef du gouvernement, sur des obstacles posés par de nombreux hommes politiques, propriétaires d’installations construites illégalement au bord de la mer. Deux milliards de dollars des compagnies de téléphonie En ce qui concerne la révision du contrat avec les compagnies de téléphonie, elle bute sur l’intransigeance des responsables de ces sociétés qui s’opposent à la formule proposée par le gouvernement pour renégocier le contrat, selon les mêmes sources. C’est ainsi qu’on a appris que le chef du gouvernement a tenu, lundi soir, une réunion avec les responsables des deux compagnies de téléphonie mobile, pour leur suggérer de prolonger de vingt années supplémentaires le contrat d’exploitation du système GSM moyennant le paiement, à l’avance, d’une somme forfaitaire à l’Etat. De mêmes sources, on a indiqué que M. Hariri a réclamé la somme de 2 milliards de dollars — l’équivalent de l’emprunt qu’il souhaite contracter auprès des marchés financiers internationaux — mais que les responsables de «Cellis» et de «Libancell» auraient rejeté cette formule. Toujours selon les mêmes sources, M. Hariri a proposé cette nouvelle formule de contrat à la demande du chef du Parlement, M. Nabih Berry, avec qui il s’était entretenu lundi dans la matinée. Le chef du gouvernement, approuvé en cela par le président de la Chambre, avait mis l’accent sur la nécessité de ramener le déficit budgétaire à 37%. Dans cet esprit, M. Berry s’est dit en faveur d’une dissociation du projet d’emprunt des 2 milliards de dollars du budget 98 et a proposé au chef du gouvernement de réviser le contrat signé avec les compagnies de téléphone cellulaire, de manière à le proroger de 20 ans moyennant le paiement à l’avance de 2 milliards de dollars. Toutes ces idées étaient supposées être discutées aujourd’hui en Conseil des ministres, en même temps que la grève et les revendications des enseignants. Mais la réunion hebdomadaire du gouvernement qui devait se tenir au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat a dû être reportée à la semaine prochaine parce que le président Elias Hraoui est souffrant. Ce report n’a pas manqué d’étonner de nombreux observateurs: étant donné la situation dans le pays et notamment la tension qui prévaut sur le front social, le gouvernement ne pouvait-il se réunir à Sanayeh pour régler le dossier des enseignants et s’entendre sur les grandes lignes de sa nouvelle politique financière qui lui permettra de financer des projets de développement ainsi que le processus des déplacés et de payer les arriérées dus aux hôpitaux et à certains entrepreneurs? Bronchite et non pas «indisposition politique» Dans les milieux proches du chef du gouvernement, on a précisé, en réponse aux questions posées sur la nature de la maladie du président Hraoui, qu’il s’agit d’une bronchite et non pas d’une «indisposition politique». Quoi qu’il en soit, de sources politiques informées, on laisse entendre que le chef de l’Etat, opposé à tout projet de surtaxe ou de nouvelles taxes, est irrité par l’initiative de M. Hariri d’entreprendre, «sans le consulter», des concertations avec les responsables libanais afin de dégager une formule consensuelle au sujet des nouvelles rentrées du Trésor. Comme s’il s’attendait à ce genre d’interprétation, le chef du gouvernement a annoncé à travers ses proches qu’il compte consulter le président Hraoui à ce sujet dès qu’il sera rétabli, soulignant qu’il avait eu avec lui un entretien téléphonique dans la soirée de lundi. De mêmes sources, on a indiqué que les concertations engagées par le président du Conseil dureront une dizaine de jours. On a aussi affirmé s’attendre à une campagne de dénigrement des résultats de ses concertations ainsi qu’à des rumeurs concernant d’éventuels conflits entre les membres de la «troïka» du Pouvoir. M. Hariri doit s’entretenir ce matin avec le président Sélim Hoss, qui exprimera au chef du gouvernement le point de vue du Groupe national parlementaire dont il fait partie. Le but des consultations entreprises n’est pas de changer la politique du gouvernement, a-t-on tenu à préciser de mêmes sources, ajoutant que M. Hariri souhaite obtenir une «unanimité sinon une majorité politique au sujet des moyens de financement qu’il proposera» pour les projets susmentionnés. De mêmes sources, on a démenti les rumeurs selon lesquelles le Liban a dû mal à obtenir des prêts sur les marchés financiers internationaux. On a aussi affirmé qu’un remaniement ministériel n’est pas envisageable à l’heure actuelle.
Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a poursuivi hier ses concertations destinées à trouver les moyens susceptibles de financer essentiellement l’échelle des salaires dans le secteur public (qui coûterait à l’Etat quelque 600 milliards de livres par an) ainsi que le retour des déplacés et de permettre à l’Etat de faire face à une série d’échéances financières...