Le secteur stratégique du gaz, nouvelle cible des islamistes algériens

Au terme d’un accalmie — très relative — de quelques jours, le cycle sanglant des massacres et des attentats a repris sur une grande échelle en Algérie. Les islamistes se sont même attaqués au complese gagier d’Arzew, stratégiquement important pour l’économie algérienne, endommageant gravement un gazoduc dans la région de Tiaret. Dix-huit personnes par ailleurs ont été tuées et vingt-cinq blessées hier par l’explosion d’une bombe contre un train reliant Alger à El-Affroun, a indiqué un communiqué des services algériens de sécurité. L’attentat s’est déroulé au lieu-dit Peka 34500, dans la commune de Boufarik (30 km au sud d’Alger), a précisé un communiqué. Cette attaque survient après deux autres attentats à la bombe contre des militaires qui ont fait près d’une cinquantaine de morts, selon des bilans de presse. D’autre part, douze bergers égorgés ont été découverts dimanche dans cette même région. Un attentat a, par ailleurs, été déjoué hier dans le centre d’Alger, près de la grande poste, la police faisant exploser une bombe qui était placée dans un véhicule, a déclaré un habitant contacté par téléphone. Huit des douze bergers retrouvés égorgés — dont deux jeunes âgés de 15 et 17 ans — ont été tués lors d’une attaque perpétrée contre un douar du secteur de Medroussa, à une vingtaine de km de la ville de Tiaret, dans la nuit de samedi à dimanche par des éléments des Groupes islamiques armés (GIA), rapporte «El Watan» journal. Les corps des quatre autres bergers, enlevés par le commando, ont été retrouvés non loin du village près d’une forêt. Un autre berger a été égorgé dimanche près de la ville de Chlef, située à 210 km à l’ouest d’Alger, ajoute «El Watan». Selon ce journal, deux explosions, survenues dans la nuit de samedi à dimanche, ont endommagé sur 80 mètres la canalisation reliant le gisement de Hassi R’Mel au complexe de raffinage d’Arzew, sur la côte. Les engins avaient été placés sur la portion du gazoduc d’Ouest Tolba, dans la région de Tiaret, à 220 km au sud-ouest d’Alger. Le gisement gazier d’Hassi R’Mel se trouve dans le désert du Sahara à environ 275 km au sud-est d’Arzew. Les explosions ont été entendues à une trentaine de km à la ronde, poursuit «EL Watan» qui précise que l’acheminement du gaz à la grande usine de transformation d’Arzew a été suspendu. Les attentats à la bombe ont provoqué la panique au sein de la population de Tiaret, qui s’est précipitée dans les rues, ajoute El Watan. Un immense nuage de fumée jaune s’est élevé au-dessus de la région. Un secteur essentiel Pour le journal, les répercussions de l’attentat risquent d’être importantes pour le complexe d’Arzew, où les autorités n’ont pas encore dit comment elles entendent réparer les dégâts. Le secteur des hydrocarbures, stratégique pour l’économie algérienne, fait l’objet d’une protection toute particulière de la part des autorités. Ces attaques ont été rendues publiques la veille de la commémoration par les autorités algériennes du 27e anniversaire de la nationalisation des richesses pétrolières et gazières algériennes. Le ministre de l’Energie Youssef Yousfi doit se rendre, à cette occasion, à Arzew. La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, qui gère un vaste réseau d’oléoducs et de gazoducs sur tout le territoire, avait annoncé en novembre qu’un incendie avait endommagé une partie du gazoduc acheminant le gaz vers l’Italie, interrompant les exportations pendant quatre jours. La Sonatrach n’avait pas donné plus de précisions sur cet incendie qui, selon certaines sources, aurait été provoqué par des militants islamistes. En 1993, les autorités algériennes avaient annoncé avoir démantelé un réseau terroriste qui projetait de s’en prendre aux conduites amenant le gaz vers l’Italie. Les exportations vers l’Italie, qui importe 20 milliards de mètres cubes de gaz chaque année, représentent environ un tiers du montant total des exportations algériennes de gaz. En décembre, la justice algérienne avait reconnu 17 personnes coupables d’avoir organisé un complot visant à incendier le champ pétrolifère de Hassi Messaoud, imposant des peines allant jusqu’à 15 ans de prison. «El Watan» rapporte, par ailleurs, lundi qu’un autre attentat à la bombe a eu lieu ce week-end contre une usine de traitement des eaux alimentant la ville de Tiaret. (Reuters - AFP)