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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Hraoui suggère un référendum sur le mariage civil Quatre milliards de dollars transférés chaque année par la main-d'oeuvre étrangère, dénonce le chef de l'Etat

Le chef de l’Etat Elias Hraoui est, semble-t-il, déterminé à se battre jusqu’au bout à propos du mariage civil. Lors d’un entretien hier avec le président de l’Ordre des journalistes Melhem Karam, il a été jusqu’à suggérer la tenue d’un référendum sur cette question, estimant que 80 % de la population y étaient favorables. Pour lui, l’institution du mariage civil est «inéluctable», parce que le progrès le commande. Autre sujet de préoccupation de M. Hraoui, la main d’œuvre étrangère au Liban. Lançant une véritable bombe sur la scène politique, il a affirmé que les transferts de cette main-d’œuvre à l’étranger atteignent annuellement 4 milliards de dollars, soit l’équivalent du budget de l’Etat, et a préconisé des «mesures immédiates» pour y remédier. «Je ne suis pas sûr que le Conseil des ministres approuvera ma proposition sur le mariage civil», a constaté le président de la République, cité par M. Karam à l’issue de l’entretien. «Si elle est rejetée, je sais qu’il y a des députés qui ont préparé une proposition dans ce sens. Si cette dernière est également rejetée, il y a des propositions de réforme constitutionnelle permettant au président de la République d’appeler à la tenue d’un référendum populaire», a-t-il dit. «Je dis cela parce que je sais que près de 80% des Libanais approuvent cette revendication, c’est-à-dire les jeunes, les étudiants, les universitaires. Tous sont avec moi dans cette affaire», a-t-il assuré. Selon lui, «cette proposition est bonne, parce qu’elle nous évite une guerre qui pourrait éclater dans 20 ans». Rappelant qu’il avait déjà proposé l’institution du mariage civil au début des années soixante-dix, il a précisé: «A l’époque, le patriarche Méouchi et l’imam Moussa Sadr étaient d’accord avec moi. Quant au mufti Hassan Khaled, il était difficile de le convaincre. Aujourd’hui, je suis toujours du même avis et je continuerai à soutenir cette idée», a-t-il lancé. «Certains affirment qu’il y a des arrière-pensées politiques à l’origine de cette proposition. A Dieu ne plaise, cela n’est nullement le cas en ce qui me concerne», a-t-il ajouté, soulignant que le mariage civil constituerait «un passage vers l’application de l’article 95» de la Constitution, c’est-à-dire l’abolition du confessionnalisme politique. «Cette proposition finira par devenir une loi, tôt ou tard. Cela est inéluctable parce que nous ne pouvons pas nager à contre-courant et que nous devons monter dans le train du progrès», a-t-il encore déclaré, soulignant qu’en tout état de cause, il avait «beaucoup de respect pour les hommes de religion» et qu’il appréciait «leurs efforts au service du Liban, de ses citoyens et des causes humaines». Au-delà du mariage civil, M. Hraoui s’est dit par ailleurs toujours «attaché» à ses propositions de réforme de la Constitution et qu’il continuera à œuvrer dans ce sens. Sur la main d’œuvre immigrée, il a déclaré: «Les Libanais sont passés de la guerre à l’après-guerre sans se serrer la ceinture. Il y a chez eux beaucoup de gaspillage. Il y avait auparavant 280.000 véhicules. il y en a aujourd’hui 1 million et demi. Les Libanais n’aiment pas travailler. Il y a quelques jours, nous avons effectué une enquête statistique et il est apparu que les travailleurs étrangers transfèrent annuellement quelque 4 milliards de dollars, ce qui est énorme et nécessite des mesures immédiates pour y remédier». Selon des statistiques de l’Organisation arabe du travail, relevant de la Ligue arabe, le Liban compte 1,250 million de travailleurs étrangers, en majorité des journaliers employés dans le bâtiment et le secteur agricole. Les ouvriers syriens en constituent la grande majorité. Evoquant les difficultés économiques et financières du pays, le chef de l’Etat a d’autre part estimé que la tempête financière qui a emporté les places asiatiques a eu des répercussions négatives au Liban. Pas de «balkanisation»... Au sujet de l’entretien qu’il avait eu mardi avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth Richard Jones, M. Hraoui a démenti qu’il ait évoqué avec lui la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Selon des propos de presse qui ont été attribués au diplomate, ce dernier aurait affirmé à cette occasion qu’il y avait «plusieurs interprétations possibles de la résolution 425» et que «la meilleure approche pour régler le problème (de l’occupation israélienne au Liban -Sud) est la négociation». M. Hraoui, encore cité par M. Karam, a déclaré à cet égard: «Nous avons parlé de questions diverses. Il m’ a demandé si j’avais des craintes (au sujet de la situation dans le Golfe). J’ai répondu: bien sûr, et je lui ai dit que toutes les secousses qui ébranlent la région ne servaient finalement que les intérêts d’Israël et que j’avais peur par-dessus tout d’une balkanisation. L’ambassadeur m’a alors rassuré en m’affirmant qu’il ne saurait être question de cela». «En ce qui concerne la résolution 425, nous y demeurons attachés, ainsi d’ailleurs qu’à la 426, et nous ne voulons pas entrer dans des polémiques», a poursuivi le chef de l’Etat, ajoutant qu’il n’était pas question pour le Liban de «reculer» au sujet de l’application de ces résolutions et qu’il n’y avait «rien à discuter». Mardi, le chef du parlement Nabih Berry avait déjà déclaré pour sa part, en réponse aux propos attribués à M. Jones, qu’il n’y avait pour lui qu’«une seule interprétation» de la 425. Sur l’Irak, M. Hraoui a dit: «Saddam Hussein est une chose. Le peuple irakien en est une autre. Le président Clinton semble être indifférent à tout ce qui se dit et tente de convaincre les Américains du bien-fondé de sa politique». Le président de la République s’est montré quelque peu irrité par l’initiative mardi de la Chambre de voter une recommandation au sujet de l’Irak, mettant en garde contre le recours à la solution militaire et dénonçant la politique des «deux poids deux mesures» suivie par les Etats-Unis. «Moi, je n’interviens pas dans des questions qui ne concernent pas la présidence de la République. Nous vivons dans un système reposant sur la séparation des pouvoirs. On ne m’a pas consulté pour ce qui s’est passé au Parlement, bien que, sur le fond, j’approuve (le texte de la recommandation)». ... Ni de report des municipales Par ailleurs, M. Hraoui a réaffirmé qu’il était plus que jamais déterminé à organiser les élections municipales. «Tout ce qui a été dit sur un éventuel report du scrutin est inacceptable. Je sais que ceux qui ont envisagé cela l’ont fait, non pas pour en convaincre l’opinion, mais seulement pour préserver une marge très étroite de possibilité de report. Cependant, j’ai aujourd’hui la conviction que les municipales auront lieu aux dates prévues quels que soient les risques». Le chef de l’Etat a en outre encore une fois réitéré sa disposition à avancer la date de l’élection présidentielle, si cela convenait à «tout le monde». Enfin, il a déclaré que l’Etat «soutient aujourd’hui la résistance (contre Israël). Mais cette résistance devra cesser après le retrait israélien». l Selon des sources bien informées des démarches auraient été entamées en vue d’examiner la possibilité de la tenue d’un sommet spirituel consacré au projet de mariage civil.
Le chef de l’Etat Elias Hraoui est, semble-t-il, déterminé à se battre jusqu’au bout à propos du mariage civil. Lors d’un entretien hier avec le président de l’Ordre des journalistes Melhem Karam, il a été jusqu’à suggérer la tenue d’un référendum sur cette question, estimant que 80 % de la population y étaient favorables. Pour lui, l’institution du mariage...