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Actualités - CHRONOLOGIE

Divergences de vues avec Saddam Hussein, reconnaît Paris

«La position française et la position irakienne ne sont pas les mêmes aujourd’hui»: pour la première fois depuis le déclenchement de la crise, Paris a fait état de divergences avec Bagdad, concernant l’inspection des sites dits «présidentiels». Néanmoins, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a jugé possible un changement d’attitude en dernière minute du président Saddam Hussein. Les divergences de vues entre la France et l’Irak avaient été exprimées mardi, au cours des entretiens du ministre irakien des Affaires étrangères Mohamed Saïd Sahhaf avec le président français Jacques Chirac, en présence du chef de la diplomatie Hubert Védrine. «La France attend que les Irakiens démontrent leur volonté de trouver une issue politique et diplomatique à la crise et fassent les gestes nécessaires pour cela», a déclaré hier Anne Gazeau-Secret, porte-parole du Quai d’Orsay. «M. Kofi Annan a une marge de manœuvre et il peut s’entendre sur les modalités d’accès aux sites présidentiels», selon elle. «Il présentera les termes d’un accord éventuel au Conseil de Sécurité. L’Irak doit faire preuve de flexibilité dans la négociation et devra respecter les termes d’un éventuel accord», a ajouté Mme Gazeau-Secret. Le premier ministre français Lionel Jospin a pour sa part dit mercredi espérer une «issue positive» de la visite de Kofi Annan à Bagdad. «Il n’est pas absurde de penser encore maintenant que, in extremis, il (Saddam Hussein) peut être sensible à ce qui lui a été dit inlassablement, notamment par la France», a déclaré de son côté M. Védrine à la radio RTL. Il a souligné que M. Hussein avait déjà par le passé changé de position «au dernier moment», après avoir refusé des inspections de la commission chargée de contrôler le désarmement de l’Irak (UNSCOM). M. Annan «sait sur quelle base il peut aller à Bagdad», a précisé M. Védrine. Le débat porte sur les modalités de l’inspection de huit sites, a-t-il rappelé. Chevènement dénonce Le chef de la diplomatie française a rappelé que le secrétaire général de l’ONU sera à Paris demain vendredi, soulignant que Paris et M. Annan étaient «très en phase» sur la façon de trouver une issue diplomatique à cette crise. «Les modalités peuvent être discutées. Kofi Annan va faire des propositions», a-t-il souligné. «Il peut y avoir des combinaisons. Il peut y avoir l’UNSCOM et d’autres experts», a-t-il indiqué, en refusant d’entrer dans le détail, «car ça fait encore l’objet d’une discussion qui est sensible». «Même si les modalités peuvent être adaptées, il faut faire en sorte que les inspections de l’UNSCOM puissent avoir lieu dans tous les sites suspects, y compris les ensembles présidentiels», a affirmé M. Védrine, expliquant que «le débat porte sur huit sites présidentiels» alors que «plus d’une soixantaine de sites» ont été inspectés par les fonctionnaires de l’UNSCOM. Le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement a vivement dénoncé, hier, l’attitude des Etats-Unis en estimant qu’il ne fallait «pas cautionner la volonté de guerre de la diplomatie américaine». En 1991, M. Chevènement avait démissionné de son poste de ministre de la Défense pour protester contre la participation de la France dans la guerre du Golfe. Depuis quelques jours il multiplie les déclarations hostiles à une intervention militaire contre Bagdad. «Même en 1940, les Allemands ont défilé sur les Champs-Elysées, ils n’ont pas regardé ce qui se passait sous le tombeau de Napoléon», a dit le ministre à l’issue d’un Conseil des ministres. Un conseil restreint sur l’Irak, réunissant le président Jacques Chirac, le premier ministre et les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et des Affaires européennes, Hubert Védrine, Alain Richard et Pierre Moscovici, a suivi ce conseil. M. Chevènement n’y était pas convié. Il a estimé qu’il y avait «de quoi être inquiet» sur l’évolution de la situation après les dernières déclarations du président Bill Clinton. «Ce qui se prépare est inacceptable du point de vue des valeurs démocratiques et républicaines que la France incarne», a assuré M. Chevènement. «Une guerre signifierait une confrontation avec le monde arabo-musulman. Nous n’avons pas besoin de cela», a-t-il ajouté. M. Chevènement a souligné que l’embargo contre l’Irak avait fait «à peu près un million de morts, principalement des enfants, dont les chances de vie à la naissance sont faibles compte tenu de la malnutrition qui frappe d’abord les mères».
«La position française et la position irakienne ne sont pas les mêmes aujourd’hui»: pour la première fois depuis le déclenchement de la crise, Paris a fait état de divergences avec Bagdad, concernant l’inspection des sites dits «présidentiels». Néanmoins, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a jugé possible un changement d’attitude en dernière minute...