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Actualités - CHRONOLOGIE

Mobilisation médiatique de l'administration US (photo)

La véritable mobilisation médiatique inaugurée mardi par le président Bill Clinton pour convaincre l’opinion publique américaine du bien-fondé de la politique officielle à l’égard de l’Irak — et par la même occasion pour la préparer à une frappe militaire contre ce pays — s’est poursuivie hier, Madeleine Albright, William Cohen et Sandy Berger prenant le relais du chef de l’Exécutif. Le secrétaire d’Etat a été hué par des manifestants chantant «Nous ne voulons pas d’une guerre raciste», lors d’une rencontre organisée à l’université de Colombus, dans l’Ohio. Mme Albright, interrompue dans son discours, a appelé les protestataires à la laisser terminer sa déclaration. «Nous sommes venus pour écouter et nous le ferons, mais j’apprécierais de pouvoir faire ma déclaration», a-t-elle lancé aux manifestants. Mme Albright, ainsi que le secrétaire à la Défense, William Cohen, et le conseiller du président pour la sécurité nationale, Sandy Berger, participaient mercredi après-midi à un débat télévisé à Colombus pour expliquer à l’opinion publique américaine — et, par le relais de CNN, à l’opinion mondiale — les raisons d’une intervention possible contre le régime irakien de Saddam Hussein. «Une solution pacifique serait le meilleur moyen de sortir» de la crise, a déclaré le secrétaire d’Etat en souhaitant «bonne chance» à M. Kofi Annan. Mais Mme Albright a précisé en référence à la mission de M. Annan que les Etats-Unis «ne fixaient pas une date limite artificielle» pour obtenir une solution pacifique. Au retour de M. Annan, a-t-elle expliqué, Washington «verra ce qu’il a ramené, de quelle manière il a rempli le mandat que lui a confié l’ONU et si cela correspond aux intérêts nationaux» des Etats-Unis. Moins nuancé dans son jugement, le porte-parole de la Maison-Blanche Michael McCurry lui avait déjà jugé que M. Annan allait échouer (VOIR PAR AILLEURS) Mme Albright a réaffirmé que les Etats-Unis étaient «prêts à utiliser la force» si nécessaire, c’est-à-dire si le régime irakien refuse de laisser les inspecteurs de l’ONU avoir accès à ses sites les plus secrets pour vérifier s’ils n’abritent pas des armes chimiques ou bactériologiques. «Une frappe, si elle doit se produire, sera importante» et le président irakien «aura besoin d’autre chose que d’un simple pansement» pour s’en remettre, a-t-elle averti. Congrès tiède Mme Albright a fait remarquer «qu’il y a loin de l’Irak à l’Ohio», qu’elle a baptisé «le cœur de l’Amérique». Elle a précisé qu’elle voulait expliquer au public américain «le pourquoi et le comment de la politique» américaine envers l’Irak. M. Berger a répété qu’une éventuelle action militaire contre l’Irak aurait pour but de «diminuer nettement la menace des armes de destruction massive et la menace (que l’Irak) représente pour ses voisins». Il a aussi réaffirmé que Washington «était prêt à frapper à nouveau» si l’Irak reconstitue son arsenal après une première attaque. «Nous sommes confiants dans notre capacité» d’accomplir ses objectifs, a de son côté souligné William Cohen. M. Berger a rappelé que lors de la guerre du Golfe en 1991, 500.000 soldats américains avaient soumis l’Irak «au bombardement le plus intense de l’Histoire». Selon un sondage d’opinion, réalisé en fin de semaine dernière par l’institut Gallup, 41% des Américains sont favorables à une frappe, comparé à 50% début février et des pertes civiles irakiennes importantes ou des pertes américaines possibles pourraient provoquer un retour de bâton contre le gouvernement. Le Congrès, à majorité républicaine, après un premier élan belliciste, affiche aujourd’hui son inquiétude quant aux objectifs stratégiques d’une frappe. La majorité des législateurs est favorable à une action militaire mais craint qu’une simple frappe ne suffise à résoudre la crise. «Cela va être vraiment difficile de réunir à nouveau tout le monde si nous avons recours à la force. Et une première frappe doit donc être absolument décisive», estime le sénateur John Warner, un des principaux membres républicains de la commission des Forces armées. Il s’agit, selon lui, non seulement de limiter la capacité irakienne à fabriquer des armes de destruction massive mais «d’élargir» l’offensive pour briser l’infrastructure politico-militaire qui maintient en place Saddam Hussein. Le républicain John McCain, ancien combattant de la guerre du Vietnam et l’un des sénateurs les plus en vue sur le dossier irakien, a critiqué le discours de M. Clinton, affirmant qu’il n’avait pas clairement fait valoir la nécessité, selon lui, de frapper «à la source du pouvoir de Saddam Hussein». «Le président n’a pas non plus évoqué de stratégie à long terme pour affaiblir le régime irakien en apportant un soutien aux Irakiens qui souhaitent libérer l’Irak de sa tyrannie», a-t-il ajouté dans un communiqué. La direction républicaine du Congrès souhaite que les forces américaines s’attaquent directement à la Garde républicaine, le corps d’élite des forces irakiennes, aux quartiers généraux de la police secrète et aux centres de commandement du régime. «Si le recours à la force est nécessaire, comme il semble de plus en plus probable, l’affaiblissement et à terme la destruction de l’emprise de Saddam Hussein sur le pouvoir sont la seule façon certaine d’empêcher ce dictateur hors-la-loi de mettre au point et d’utiliser des armes de destruction massive», affirme le sénateur McCain. (AFP)
La véritable mobilisation médiatique inaugurée mardi par le président Bill Clinton pour convaincre l’opinion publique américaine du bien-fondé de la politique officielle à l’égard de l’Irak — et par la même occasion pour la préparer à une frappe militaire contre ce pays — s’est poursuivie hier, Madeleine Albright, William Cohen et Sandy Berger prenant le relais...