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Actualités - CHRONOLOGIE

En obligeant les fonctionnaires anglais à déclarer leur appartenance à la confrérie Blair attaque de front le secret de la franc-maçonnerie

Le gouvernement britannique a décidé hier de s’attaquer de front à la tradition du secret des loges maçonniques, en obligeant les juges, les policiers et le personnel pénitentiaire à déclarer leur appartenance à la franc-maçonnerie. Jamais un gouvernement n’a osé prendre une mesure aussi radicale, de l’avis des spécialistes de la franc-maçonnerie, qui regroupe dans de nombreux pays des associations très secrètes fondées notamment sur l’entraide mutuelle. Les loges britanniques compteraient pas moins d’un million d’adeptes. Le ministre de l’Intérieur Jack Straw a décidé de demander à tous les nouveaux juges et autres magistrats, ainsi qu’aux policiers et au personnel pénitentiaire, de faire connaître à l’Etat leur éventuelle appartenance à la franc-maçonnerie. La déclaration est obligatoire pour toutes les nouvelles recrues et «volontaire» pour ceux qui sont déjà en place. Le gouvernement compte sur la collaboration de la Grande Loge Unifiée, présidée par le cousin de la reine, le duc de Kent, et qui regroupe la franc-maçonnerie britannique, pour obtenir satisfaction auprès des magistrats et policiers déjà en place. Mais il a prévenu qu’il n’hésiterait pas à recourir à un texte de loi dans l’hypothèse où sa décision, qui a pris effet immédiatement, ne serait pas appliquée. Non content d’obliger les francs-maçons à se déclarer, le gouvernement travailliste a décidé d’ouvrir les registres au public. «L’appartenance à des sociétés secrètes comme le franc-maçonnerie peut alimenter des doutes sur l’impartialité et l’objectivité» de leurs membres dans l’exercice de leurs fonctions. «C’est pourquoi il est important que le public soit informé des faits», a affirmé le ministre. Influences Jack Straw s’est appuyé sur un rapport de la Commission des Affaires intérieures de la Chambre des Communes, élaboré sous le précédent gouvernement conservateur. La commission avait enquêté pendant plusieurs mois sur l’influence présumée des francs-maçons au sein de la justice, à la suite de plaintes selon lesquelles des membres de loges auraient utilisé leurs liens afin de faire avancer leur carrière ou échapper à des poursuites judiciaires. La Grande Loge Unifiée d’Angleterre a décidé d’attendre jeudi avant de réagir à la décision du gouvernement. Mais elle avait dénoncé le rapport parlementaire il y a un an. Lord Justice Millet, éminent juge notoirement franc-maçon, a jugé hier «absolument ridicule» la décision de Jack Straw. «Cela n’a pas de sens et c’est une intrusion déplacée dans la vie privée», s’est-il indigné. «On ne nous demande pas de révéler le club de golf dont nous sommes membres. Eh bien, il n’y a pas de différence entre un club de golf et une loge maçonnique», a ajouté Lord Millet en assurant que son appartenance à la franc-maçonnerie n’interférait en rien sur son travail. «De toute façon, personne ne choisit le juge auquel il a affaire, alors à quoi cela rime-t-il?», a-t-il ironisé. Contestée par les francs-maçons, la décision de Jack Straw, l’un des hommes forts du gouvernement Blair, a causé des remous jusque dans l’équipe du premier ministre. Ainsi, selon les médias britanniques, le ministre de la Justice lui-même, Lord Irvine, aurait bataillé ferme, en vain, avec son collègue pour qu’il renonce à la présenter. (AFP)
Le gouvernement britannique a décidé hier de s’attaquer de front à la tradition du secret des loges maçonniques, en obligeant les juges, les policiers et le personnel pénitentiaire à déclarer leur appartenance à la franc-maçonnerie. Jamais un gouvernement n’a osé prendre une mesure aussi radicale, de l’avis des spécialistes de la franc-maçonnerie, qui regroupe dans...