Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Crise asiatique : le pire est passé, mais les craintes demeurent

Le pire de la crise asiatique est passé, sauf en Indonésie, et la croissance européenne ne devrait pas trop en souffrir: les ministres des Finances des Quinze ont été rassurés lundi par Michel Camdessus. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) avait été convié par les «grands argentiers» de l’Union européenne à leur présenter son analyse de la situation et à tirer les leçons de la tourmente qui a balayé l’Asie. «La crise pourrait être contenue, mais il y a encore beaucoup d’incertitudes», a déclaré l’homme de Washington, dont l’action de pompier a été unanimement saluée par les Quinze. Les remèdes du FMI ont donné leurs premiers résultats en Corée et en Thaïlande, qui sont sur la bonne voie, tandis que la situation s’est stabilisée aux Philippines et en Malaisie. Le Japon et la Chine, qui ont démontré leur détermination à agir, notamment pour soutenir leur monnaie, ne suscitent pas de préoccupation particulière au Fonds monétaire international. Reste le cas d’une Indonésie agitée de soubresauts sociaux, qui ne laisse pas d’inquiéter la communauté internationale. Michel Camdessus a d’ailleurs menacé de suspendre le programme d’aide de 43 milliards de dollars destinés à ce pays si Djakarta met en œuvre son projet de parité fixe de la roupie par rapport au dollar, jugé prématuré et dangereux. «C’est une médecine très radicale, a-t-il déclaré. Nous craignons qu’il y ait des effets secondaires mortels». «Ce n’est pas la bonne solution», a renchéri le ministre français des Finances, Dominique Strauss-Kahn, tout en soulignant qu’il était «très important d’éviter que la situation indonésienne ne périclite» pour éviter «l’effet-domino». Mais le FMI et l’Union européenne pensent visiblement que le pire est passé et que l’Europe peut passer entre les gouttes. Si Michel Camdessus a estimé le coût pour l’économie mondiale à un point de croissance en 1998 — de 4,25% à 3,25%, «c’est énorme» —, il a précisé qu’à son sens l’Europe serait atteinte mais serait «un des continents les moins frappés». Un impact nul? L’effet sur la croissance européenne, estimée à 3,0% par la Commission européenne avant le début de la crise, sera selon lui situé entre 0,2 et 0,5% de croissance, mais «près de 0,2%». Pour Dominique Strauss-Kahn, l’effet en France pourrait s’élever à 0,5% — «une estimation raisonnable» —, ce qui ramènerait la croissance à 3,0% dans l’Hexagone en 1998, qui était avant la crise sur une pente de 3,5% annuels. Certains sont beaucoup plus optimistes encore. Si le commissaire aux Affaires monétaires, Yves-Thibault de Silguy, a estimé l’impact brut sur la croissance à 0,2 ou 0,3%, il a précisé que l’effet net pourrait en définitive être nul. Les capitaux placés en Asie refluent vers l’Europe du fait de la crise, ce qui fait baisser les taux d’intérêt sur le Vieux Continent, contribuant à y doper investissements et croissance. Malgré cette assurance, tous estiment qu’il faut désormais tirer les leçons de cette crise «systémique». Pour Dominique Strauss-Kahn, qui a présenté à son homologue britannique Gordon Brown des propositions avant la réunion des ministres des Finances du G-7 à Londres le week-end prochain, il faut créer des organismes de surveillance et renforcer le rôle des organisations financières internationales comme le FMI. Il a également suggéré qu’une assistance technique soit fournie à ces pays dans le secteur bancaire et des assurances, tandis que l’on mettrait en place un système d’alerte précoce. L’Europe, a-t-il ajouté, qui est la principale actionnaire du FMI, doit prendre ses responsabilités. Gordon Brown, dont le pays préside pour l’instant l’UE, se voulait quant à lui plus prudent, évoquant seulement la piste d’un code de conduite pour renforcer le FMI. Les conséquences sociales de la crise doivent être traitées pour éviter que les plus pauvres en encaissent l’essentiel de l’impact: c’est le rôle de la Banque mondiale, ont insisté les ministres, tandis que la Commission proposait de réorienter les fonds de la coopération euro-asiatique dans ce sens. Mais il n’est pas question pour Michel Camdessus de rendre la libéralisation des mouvements de capitaux responsable de la crise: «C’est le contraire, il n’y en avait pas assez». (Reuters)
Le pire de la crise asiatique est passé, sauf en Indonésie, et la croissance européenne ne devrait pas trop en souffrir: les ministres des Finances des Quinze ont été rassurés lundi par Michel Camdessus. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) avait été convié par les «grands argentiers» de l’Union européenne à leur présenter son analyse de la...