Un émissaire koweitien arrivé hier soir sera suivi de Sahhaf ce matin Journée irakienne aujourd'hui à Beyrouth

La crise irakienne sera aujourd’hui au centre des activités diplomatiques à Beyrouth, où le ministre irakien des Affaires étrangères Mohammad Saïd al-Sahhaf est attendu ce matin, alors qu’un émissaire de l’émir du Koweit cheikh Jaber al-Ahmad al-Sabah se trouve au Liban depuis hier soir. La visite de M. Sahhaf est la première d’un responsable irakien de ce rang depuis la guerre du Golfe, en 1991. Le Liban avait à l’époque soutenu les alliés qui ont bouté les forces irakiennes hors du Koweit. Mais les relations entre Beyrouth et Bagdad n’ont été rompues que deux ans plus tard, à la suite de l’assassinat à Beyrouth d’un opposant irakien, acte imputé par les autorités libanaises à des diplomates de l’ambassade d’Irak. L’été dernier, lors des Jeux panarabes qui se sont déroulés à Beyrouth, le gouvernement avait, sous la pression des monarchies du Golfe, obstinément refusé de laisser des athlètes irakiens, rassemblés à la frontière libano-syrienne, entrer au Liban pour participer aux jeux. Cette mesure a suscité des commentaires amers à Bagdad, qui a accusé les dirigeants libanais d’être «à la solde» des monarchies pétrolières. Aujourd’hui, à l’instar de la majorité des pays arabes, Le Liban se dit opposé à une solution militaire de la crise irakienne, tout en continuant à réclamer de Bagdad l’application des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU. Au palais Bustros, on souligne que, nonobstant les relations diplomatiques rompues avec Bagdad, il n’y a aucun problème à recevoir M. Sahhaf et à entendre son point de vue, d’autant que le chef de la diplomatie Farès Boueiz et le ministre irakien se rencontrent régulièrement dans le cadre des réunions de la Ligue arabe au Caire. Attendu vers 9h00 en provenance d’Amman, M. Sahhaf doit aussitôt après s’entretenir avec M. Boueiz, avant d’être reçu à Baabda par le président de la République, Elias Hraoui, à qui il doit remettre un message du président irakien Saddam Hussein. Il rencontrera par la suite le premier ministre Rafic Hariri et le président de la Chambre Nabih Berry avant de quitter Beyrouth. L’émissaire koweitien La visite de M. Sahhaf coïncidera avec la présence au Liban d’un émissaire koweitien, le ministre du Plan Fahd al-Zoumih. Ce dernier a déclaré à son arrivée hier soir à l’AIB, en provenance de Téhéran, qu’il devait remettre aujourd’hui au chef de l’Etat un message de l’émir du Koweit. M. Zoumih a indiqué à la presse que ce message entrait dans le cadre des «contacts permanents entre le Liban et le Koweit» et qu’il portait sur «les derniers développements dans le Golfe et sur le conflit entre l’Irak et l’ONU». Le responsable koweitien a réaffirmé la position de son pays au sujet de cette crise, soulignant que «les solutions diplomatiques doivent être la règle». Samedi, l’ambassadeur du Koweit à Beyrouth Abdel Razzak al-Kandari avait indiqué, à l’issue d’un entretien au palais Bustros avec le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Zafer el-Hassan, avoir demandé à la diplomatie libanaise de faire parvenir aux Irakiens, à l’occasion de la visite de M. Sahhaf, «un message clair» au sujet de ce que devrait faire Bagdad, «message sur lequel le monde entier est d’accord», à savoir la nécessité de l’application des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le diplomate koweitien a souligné que la décision de recourir à la solution militaire contre l’Irak n’était «pas entre les mains du Koweit ou du Conseil de coopération du Golfe (CCG)», qui regroupe les six monarchies pétrolières de la région. «Nous espérons qu’il n’y aura pas de raisons pour qu’une décision de recours à l’alternative militaire soit prise afin de contraindre l’Irak à appliquer les résolutions de l’ONU. Voilà pourquoi, nous estimons que la balle est aujourd’hui dans le camp de l’Irak», a-t-il dit.