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Actualités - CHRONOLOGIE

Le président de la CE a quitté Beyrouth hier soir La visite de Santer donne un nouvel élan au partenariat euro-méditerranéen (photo)

L’Union européenne paraît déterminée à consolider son rôle et sa présence au Moyen-Orient, en stimulant notamment l’ambitieux partenariat euro-méditerranéen, indépendamment de l’évolution ou du blocage du processus de paix dans la région. Tel est en substance le message que le président de la Commission européenne, M. Jacques Santer, a tenu à transmettre aux dirigeants libanais qu’il a rencontrés au cours des dernières vingt-quatre heures, au terme d’un périple régional qui l’a conduit en Israël, dans les territoires autonomes palestiniens, en Jordanie et en Syrie. M. Santer a quitté Beyrouth en début de soirée après avoir conféré dans la journée avec le président Elias Hraoui, le chef du Législatif Nabih Berry et le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz . Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue au palais de Baabda à l’issue de son entretien — suivi d’un déjeuner — avec le président Hraoui, M. Santer a souligné, d’entrée de jeu, que ce fut pour lui «une bonne chose» d’avoir clôturé sa tournée régionale par l’escale libanaise «car le Liban est très proche de l’Union européenne, et c’est ici que l’on a pu sentir une sensibilité vis-à-vis de l’Union européenne». Simple formule diplomatique de courtoisie ou expression d’un sentiment réel reflétant bel et bien la réalité? Pour le Liban, en tout cas — ou du moins pour une large frange de la population libanaise —, le succès du projet de partenariat euro-méditerranéen signifie, effectivement, beaucoup. L’établissement d’une «association» politique, économique, culturelle, sécuritaire et sociale entre l’UE et le Liban (dans le cadre du projet plus vaste englobant les autres pays riverains du Sud de la Méditerranée) s’inscrit dans la logique de la vocation pluraliste et du «message» du Liban, qui puisent leur force dans les spécificités propres à la société libanaise. Rien d’étonnant de ce fait que M. Santer ait pu sentir à Beyrouth cette «sensibilité» particulière à l’égard de l’UE. Lors de sa conférence de presse, le président de la Commission européenne a relevé qu’il avait pu «percevoir» une telle sensibilité dans ses entretiens avec le président Hraoui et MM. Berry, Hariri et Boueiz «qui ont tous, sans exception, soutenu le rôle que devrait jouer l’UE dans la région». M. Santer a, certes, souligné que dans tous les pays qu’il a visités lors de sa tournée régionale, il a décelé un appui similaire au rôle de l’UE au Moyen-Orient. «Tous les responsables que j’ai rencontrés, a déclaré M. Santer, ont exprimé leur volonté de renforcer leurs relations avec l’Union européenne par le biais des accords d’association» bilatéraux (prévus dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen). Même la Syrie — qui était jusqu’à présent réticente à s’engager sur une telle voie — a demandé récemment à entamer les négociations avec l’UE, comme l’a indiqué hier M. Santer. «Nous avons débuté les discussions (avec les Syriens) au sujet de l’amorce des pourparlers pour la conclusion de l’accord de partenariat avec Damas», a précisé le président de la Commission européenne qui a souligné que «la Syrie désire renforcer ses relations avec l’Union européenne». Les négociations avec le Liban Pour certains pays, l’établissement de liens étroits avec les «Quinze» est, à l’évidence, un moyen facile d’éviter le tête-à-tête avec Washington et d’empêcher que la scène proche-orientale ne se transforme en une chasse gardée américaine. Dans le cas du Liban, ce ne sont certainement pas de telles considérations politiques et stratégiques qui sous-tendent les négociations engagées avec l’UE en vue de la conclusion de l’accord d’association. Au plan libanais, c’est plutôt le dossier complexe des rapports économiques et commerciaux qui dicte les pourparlers en cours. Cette question a été, précisément, au centre des entretiens de M. Santer avec les dirigeants libanais au cours des dernières vingt-quatre heures. Les négociations entre l’UE et le Liban butent, rappelle-t-on, sur le problème de la levée des barrières douanières qui devrait intervenir dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, ce dernier ayant pour aboutissement la mise en place d’une vaste zone de libre-échange englobant les pays européens et les riverains du sud de la Méditerranée. L’UE a prévu dans ce cadre une période transitoire de douze ans pour atteindre cet objectif. A court terme, la levée des barrières douanières pose un sérieux problème au Liban dans la mesure où les recettes provenant de la douane représentent, au stade actuel, près de 60 pour cent des revenus du Trésor. Le gouvernement libanais se doit, ainsi, de prendre son temps pour trouver un substitut aux recettes douanières. D’où le fait que les négociateurs européens aient suggéré que la levée des barrières douanières n’intervienne, dans le cas précis du Liban, qu’à la fin de la période transitoire de douze ans. Autre problème soulevé par les autorités libanaises: le sort de la production agricole locale qui risquerait de subir un grave coup du fait du déferlement des produits agricoles européens, après la mise en place de la zone de libre-échange. Cette question pourrait cependant être quelque peu éludée lors des négociations sur l’accord d’association, comme ce fut le cas avec la Tunisie. L’accord conclu (et déjà signé) entre l’UE et Tunis a exclu en effet (temporairement) la production agricole du cadre général de l’association convenue entre les deux parties. Un tel schéma pourrait être adopté avec le Liban. Reste le dossier de l’aide financière: dans le but de compenser quelque peu, dans une certaine mesure, les retombées de la levée des barrières douanières sur l’économie nationale, le Liban réclame un accroissement substantiel de l’aide financière que l’UE lui accorde. Le gouvernement libanais arguë du fait que cette aide financière est actuellement sans commune mesure avec le volume des exportations européennes vers le Liban. Dans la pratique ce sont ces deux points en rapport avec l’aide financière et la levée des barrières douanières qui retardent la conclusion de l’accord d’association entre l’UE et le Liban. Et ce sont ces deux points qui ont été évoqués par M. Santer lors de ses entretiens à Beyrouth. Interrogé au cours de sa conférence de presse au palais de Baabda sur le fait de savoir si de nouvelles idées ou suggestions avaient été avancées à ce propos lors des discussions des dernières vingt-quatre heures, M. Santer a déclaré que de telles questions étaient du ressort des experts. Soulignant que les pourparlers bilatéraux étaient axés sur les deux volets susmentionnés, le président de la Commission européenne a indiqué que les autres aspects de l’accord d’association (la coopération politique, culturelle, sociale, etc.) ne posaient aucun problème. M. Santer a tenu à relever dans ce cadre qu’il ne devrait pas être difficile de surmonter les obstacles qui entravent la conclusion de l’accord d’association avec le Liban dans la mesure où il n’existe pas de différend quant au fond entre les deux parties. Il a situé les divergences à un niveau purement «technique» et non pas de principe. «Comme je l’ai déjà indiqué, et comme l’a souligné monsieur le ministre (M. Boueiz), il n’existe pas entre nous de divergences concernant le principe de la coopération économique bilatérale, a-t-il précisé. L’économie du Liban est libre. Les divergences ne portent pas sur des questions de principe. Nous pouvons donc trouver des solutions médianes pour résoudre les questions techniques». En tout état de cause, et bien au-delà de toutes ces considérations économiques et financières, la question que de nombreux observateurs se sont posée est de savoir si la visite de M. Santer à Beyrouth a revêtu un caractère politique spécifique (en dehors du cadre de la crise irakienne, du rôle de l’UE et de l’évolution des pourparlers de paix avec Israël). Des sources proches de la présidence de la Chambre affirment sur ce plan que M. Santer a soulevé, lors de son entretien avec M. Berry, la teneur de la proposition israélienne concernant le retrait du Liban-Sud et l’application de la résolution 425. Il n’est pas très difficile d’imaginer quelle a pu être la position officielle répétée par le chef du Législatif à cette occasion. Michel TOUMA
L’Union européenne paraît déterminée à consolider son rôle et sa présence au Moyen-Orient, en stimulant notamment l’ambitieux partenariat euro-méditerranéen, indépendamment de l’évolution ou du blocage du processus de paix dans la région. Tel est en substance le message que le président de la Commission européenne, M. Jacques Santer, a tenu à transmettre aux...