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Actualités - ANALYSE

Concertation accrue avec Damas

Aussi peu lucides qu’ils soient en général, les milieux politiques locaux (sauf peut-être un premier ministre qui continue de gambader à droite et à gauche comme si de rien n’était) sont bien obligés de se rendre compte aujourd’hui que la région baigne dans un climat quasi apocalyptique avec la menace d’une intervention militaire américaine en Irak qui pourrait provoquer ailleurs toute une série de bouleversements dramatiques. Tout le monde ici suit de près le développement de l’affaire et reste à l’affût des nouvelles concernant les démarches effectuées par Cohen et Albright pour paver la voie à un bombardement massif des sites d’armes de Saddam Hussein. Les responsables libanais multiplient pour leur part les contacts directs ou téléphoniques avec la direction syrienne, dans le cadre de la coordination diplomatique entre les deux pays ainsi que pour préparer une prochaine réunion du Conseil supérieur mixte aux fins d’examiner les moyens de protection mutuelle à prendre en cas de forte dégradation régionale. Car bien entendu personne ne peut exclure qu’à la faveur de la frappe U.S., Israël ne veuille se lancer dans une quelconque aventure militaire de son côté, éventuellement contre la Syrie et le Liban, à partir notamment du Sud et de la Békaa-Ouest occupés… Il n’est cependant pas certain que les Syriens, tout à fait obnubilés par la crise irakienne ( d’autant que les Turcs mettent leur grain de sel du côté des Kurdes, ce qui préoccupe Damas au plus haut point ) trouvent le temps d’organiser chez eux — comme toujours — un pareil sommet élargi avec les Libanais. Les concertations par les voies ordinaires, et quotidiennes, peuvent leur sembler préférables, sans compter qu’un simple claquement de doigts suffit en général pour que Beyrouth s’aligne. Poker américain Localement, il faut bien le dire, on a peur. On a peur que le coup de poker américain ne vienne torpiller définitivement un processus de paix régional déjà fortement compromis par l’obstructionnisme de Netanyahu. Il est clair en effet que la frappe U.S. risque de dresser contre Washington le monde arabe tout entier, comme ses plus fidèles alliés arabes — comme Moubarak, Hussein et Fahd —, ne cessent d’en avertir Clinton. Fini à ce moment l’arbitrage, fini Madrid. Surtout si Israël, comme l’envie l’en démange visiblement, se mettait à son tour de la partie pour frapper «préventivement» Bagdad avec lequel la Ligue se solidarise cette fois. Un officiel libanais souligne à ce propos que, «du point de vue du Likoud, Israël a tout intérêt à voir les Américains saborder de leurs propres mains leur plan initial de paix. En effet, toujours de ce point de vue fondé sur la haine des Arabes, le nouveau processus que déclencheraient les Américains est fortement susceptible de faire voler en éclats la carte de la région, de semer l’anarchie et de présider à l’émergence d’une myriade de nouveaux petits Etats ethniques ou confessionnels parmi lesquels Israël serait de loin le plus fort et nagerait comme un requin dans un grand aquarium de poissons rouges. Israël pourrait alors, pense le Likoud, imposer facilement sa conception hégémonique de la paix à la région tout entière et notamment à la Syrie, ce noyau dur de la résistance à la domination sioniste. La Syrie aurait en effet à ses frontières un régime irakien mis en place par les Américains encore plus hostile à son égard que celui de Saddam; un nouvel Etat kurde, également vassal de Washington; une Turquie qui se ferait plus menaçante et toujours cet Israël qui deviendrait mille fois plus agressif, une fois levée la pression sous-jacente des principes et des engagements de Madrid. La Syrie serait nettement plus isolée qu’aujourd’hui et elle serait en droit alors de craindre que le tandem Washington-Tel-Aviv ne parvienne à lui ôter même des mains la carte libanaise en dissociant pour de bon le volet du Sud de celui du Golan. Il faut donc, conclut ce ministre, que nous tentions, aux côtés des Syriens et en nous appuyant sur la Russie comme sur la France ou la Chine, de contrer par une action diplomatique intensifiée les plans qui s’amorcent dans la région». Ph.A.-A.
Aussi peu lucides qu’ils soient en général, les milieux politiques locaux (sauf peut-être un premier ministre qui continue de gambader à droite et à gauche comme si de rien n’était) sont bien obligés de se rendre compte aujourd’hui que la région baigne dans un climat quasi apocalyptique avec la menace d’une intervention militaire américaine en Irak qui pourrait...